Chapitre 53 : la terre brûler

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Le soleil aveugla Newt. Il grimaça de douleur, clignant frénétiquement des paupières. La lumière agressa sa rétine, la soudaine chaleur l'étouffa, s'abattit sur lui de tout son poids pour peser lourdement sur sa cage thoracique et son dos. Les deux militaires le traînaient malgré lui. Ses baskets glissaient dans du sable bouillant comme du métal en fusion. Une fois accommodé à la luminosité extrême, le blond vit apparaître devant lui une immense muraille de pierres, fendue à sa base par une minuscule porte.  Les murs du Labyrinthe. La prison qui fut la leur pendant trois ans. Newt sentit une vague de peur et de désespoir déferler en lui. Newt se sentait vide. Aux abois. Sa bien aimer était morte. Kimberly-Anne n'était plus là. Plus jamais il ne la verrait sourire. Plus jamais il n'entendrait sa voix. Plus jamais ils ne couraient côte à côte. Plus jamais il ne pourrait lui caresser les cheveux. Et lorsqu'il releva la tête, Newt vit, devant lui, Minho, Winston et les autres, qui couraient droits vers un hélicoptère. D'autres hommes en combinaison noire les y attendaient, leur criaient après en faisant de grands gestes. Minho, et les autres, se faisaient tirer par des soldats. Thomas livrait toujours bataille. Il cognait, hurlait, ruait comme un fou pour aller récupérer le corps de Kimberly-Anne. Mais rien n'y faisait. Ils ne le lâchaient pas. Quant au blond, il semblait plongé en léthargie. Il ne disait pas un mot, ses yeux étaient ternes, vides, ils étaient plantés dans le néant. Newt fut brusquement remis sur ses pieds. On le fit courir jusqu'à l'hélicoptère, où il monta sans vraiment réfléchir. Immédiatement, les pales se mirent à tourner, faisant tourbillonner le sable autour de l'hélicoptère. Le vrombissement de vent emplit soudain l'air, remplissait tout l'espace, faisait vibrer les blocards. L'hélicoptère commença à s'élever vers le ciel. Un homme en noir, assis en face de Thomas, retira son casque. Il avait l'air d'avoir la quarantaine. Cheveux longs, bruns, gras, pas rasés. Yeux bleus ternes. Banal mais impressionnant en même temps.

   - Vous n'êtes pas blessés ?

Demanda-t-il à haute voix, pour se faire entendre.

-N'ayez pas peur. Vous êtes hors de danger !
 - Et Kimberly-Anne  ?!

Hurla Newt. Tous les visages se tournèrent vers lui. Thomas s'était enfin calmé. Il avait le mal du pays. Les larmes de Newt coulaient à torrents sur ses joues, ses épaules tremblaient.

 - Votre amie est morte

Dit l'homme avec un air sincèrement désolé.

-C'est trop tard. On n'aurait de toute façon rien pu faire pour elle. ... Et on ne pouvait pas l'emmener.
-Vous auriez quand même pus la sortir de cet endroit.

Rétorqua Newt avec la voix un peu cassé. L'hélicoptère s'élevait de plus en plus. Au bout de quelques secondes, ils survolaient ce qui avait été tout à la fois leur maison, leur prison. Le Labyrinthe. Les blocards se penchèrent tous pour regarder. Des méandres de pierre. Des murs. Des intersections et des interstices. Une vaste prairie carrée au centre. Tout cela, tout ce qui avait constitué leur vie, était là, sous leurs yeux. Et ils en étaient sortis.

Courir ou mourir | Le Labyrinthe (Tome 1)Where stories live. Discover now