Juste le temps d'une soirée

Chapitre 19

Lyana

L'adrénaline coule à flot en moi, je pourrais presque sentir de la vraie rage frémir au bout de mes doigts. Marchant la tête haute devant les regards scandalisés, je m'assoie tout sourire aux côtés d'Iris. Sa bouche est tellement ouverte que j'ai peur qu'elle se décroche.

— Meuf ! C'était épique.

Je glousse légèrement en la remerciant.

Nous entamons notre déjeuner et je ne jette plus un regard à Rafael, j'espère qu'il ne m'en voudra pas trop.

Le bruit de talons claquant fortement sur le sol nous tire de notre conversation. Iris et moi nous tournons pour découvrir une grande dame avec un chignon strict sur la tête. Son air "j'ai envie d'arracher une tête" n'est pas un bon signe.

— Mademoiselle, dit-elle fermement. Venez immédiatement dans mon bureau.

J'avale difficilement ma salive, je crois que j'aurai dû réfléchir plus longtemps aux conséquences de mon plan.

La femme tourne le dos, le bruit de ses chaussures résonnant à nouveau. Iris me lance un petit sourire d'encouragement et je m'élance vers la fosse aux lions.

Quand nous entrons dans un grand bureau, un homme en costume se tient droit avec le regard sévère. Je comprend qu'il s'agit du proviseur et la femme doit sûrment être la CPE. Ils me font signe de m'installer sur une des chaises face à l'office.

— Personne ne vous a jamais appris à ne pas jouer avec la nourriture ?

Oups.

— Je suis vraiment désolée et...

— Je ne veux pas de vos excuses, fait l'homme. Nous allons être obligés de vous sanctionner.

Aïe.

Mon corps se crispe sur la chaise et mon sang ne fait qu'un tour. J'attend patiemment la suite qui me sera fatale.

— C'est un comportement que nous ne pouvons pas laisser passer. Alors, vous devrez aider les agents d'entretien à nettoyer le réfectoire lundi et mardi prochains. De plus, vous serez collée jeudi soir.

Je me noie sous les paroles qui m'apporte le coup de grâce.

Une. Heure. De. Colle.

Dans quel univers parallèle ais-je atterris ?

Mon égo prend un énorme coup. Je n'ai jamais étais collée de ma vie, j'ai toujours étais une élève qui ne faisait pas d'histoire, qui était même un modèle. Attirer l'attention n'a jamais mon truc et depuis cette année je me sens beaucoup trop sous les projecteurs, la popularité de Raf rebondit sur moi alors que je n'ai absolument rien demandé.

J'acquiesce quand ils me demandent si j'ai bien compris et je sors du bureau toute retournée.

Je suis surprise de rencontrer le doux regard vert à ma sortie. Appuyer contre le mur, il me sourit doucement. Et dire que je voulais l'éviter pour le reste de la journée. Rafael s'approche de moi et s'arrête à une distance raisonnable, je remarque alors qu'il est allé se rincer les cheveux, ils sont humides et il n'y a plus aucune trace du repas de midi.

— Qu'est-ce que tu fais là ? je lance avec animosité.

— Je viens te féliciter. Ton idée a vraiment marché, je ne m'y attendais pas.

— Merci.

Il me tend son téléphone et une vidéo démarre. J'écarquille les yeux quand je me rends compte qu'il s'agit de moi jetant de l'eau et des lasagnes sur le brun.