Je suis de retour à Eagle Mountain Academy. C'est toujours cette même école somptueuse, studieuse et dirigée d'une main de maître par les RES.
Pourtant, tout semble avoir changé.
Parce qu'Easton Cooper ne me regarde plus comme si j'étais son monde...
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15 ANS
J'ai beau avoir dormi dans cette baraque des tonnes de fois, ce soir, la chambre me parait trop exiguë. Comme si les murs avaient rétrécis, que le plafond s'était rapproché, que le lit était passé de double à simple. Le soir de mes quinze ans, j'ai prononcé une promesse. Sur le moment, j'avais sincèrement envie de la tenir et au fond, c'est toujours le cas.
Chaque jour, je la croise et me tenir éloigné d'elle est un supplice que je ne parviens plus à supporter. Toutes les parcelles de ma peau l'appellent, elles réclament un contact, un frôlement, un baiser.
Lorsque la nuit tombe et que le sommeil me l'arrache, elle revient. Elle hante mes rêves, m'offrant des images bien plus audacieuses. Le genre de pensées qui me vaudraient une castration si Shawn en avait connaissance.
Parce qu'il est là le problème, n'est-ce pas ? Je suis fou de la sœur jumelle de mon meilleur ami. De mon frère. Celui à qui j'ai fais encore plus de promesses, dont celle de protéger Jennie contre vents et marées. Et me voilà à bander rien qu'en l'imaginant franchir la porte.
Les gens pensent que Shawn n'est pas particulièrement protecteur envers Jennie. Parce qu'ils sont jumeaux, qu'il n'y a pas cette différence d'âge qui pousse un grand-frère à assurer la sécurité de sa frangine. C'est un putain de mensonge. Un énorme mensonge. Il est certainement pire que ce qu'on peut voir dans les autres familles. Il ne le montre pas, c'est tout. Il le cache, le dissimule en nous utilisant, Ren et moi. Shawn n'est pas un nerveux, il n'est pas adepte des bagarres, encore moins des grandes menaces. Il est plus sournois, comme sa sœur. Ils ont été élevés pour dissimuler leurs actes qui pourraient déranger. Alors, ils nous demandent à nous de fracasser les mâchoires de ceux qui emmerdent Jennie. Ren est toujours le premier à réagir, parce qu'il a besoin de ça. De frapper. D'être craint. D'imposer le respect.
Moi, je suis la dernière étape. Le joker. Le plan de secours si un nez cassé ne suffit pas à ramener les connards qui s'approchent un peu trop d'elle à la raison. Je suis celui qui sort de l'ombre, que personne n'attend, n'entend, ne soupçonne. Celui qui murmure des menaces au creux d'une oreille. Des mots chargés de rage pure et dure. L'égo de Ren le pousse à croire qu'il est le plus craint de nous trois, c'est faux. Et je pense qu'au fond, il le sait.
Il y a des rumeurs qui courent au sujet de ma famille, de leurs fréquentations, de leurs liens avec des organisations criminelles. Vaste blague. Mes parents font partie des personnes les plus clean de la hautes bourgeoisies londoniennes. Mais puisqu'ils viennent des bas quartiers, on se persuadent qu'ils ont réussi avec l'aide de personnes louches. Ça se tiendrait en vérité, mais c'est faux. Cependant, je laisse courir cette rumeur parce que je sais que la nier ne ferait que leur donner plus de crédit. Qui plus est, cela me donne un avantage certain. Je n'ai pas besoin de parler pour faire frissonner. L'argent des Anderson fait peur, leur puissance aussi, mais en réalité, ce qui a toujours inquiété les riches, c'est ce qu'ils ne connaissent pas, ne maîtrisent pas. Et aucun d'eux n'a jamais mis un orteil dans les bas quartiers. Ils n'en savent que ce qu'ils entendent à la télévision. Des meurtres. Des trafics de drogue. De la prostitution. Des règlements de compte. Des agressions. Les rues ne sont pas sûres... hormis si c'est pour aller baiser une pute de ces quartiers, bien sûr.
