9. Etat de manque

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15 ANS

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15 ANS

— Putain, grondé-je en me redressant.

Je chasse l'épaisse couverture de mon corps transpirant. J'ai abandonné l'idée de porter un pyjama, mais je suis incapable de dormir sans couette sur moi. Pourtant, même si j'ai baissé au point de pratiquement éteindre le chauffage, je meurs de chaud.

Mes mains tremblantes s'approchent de mon visage moite et y dégage les mèches humides de mes cheveux qui collent à mon front. J'ai la sensation horrible que mon sang boue dans mes veines, que mes os sont faits de verres, que mon enveloppe est trop petite pour accueillir toute cette lave qui perfore mes artères.

Mes pensées tourbillonnent dans un état de confusion embrumée. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si mal. La douleur sourde qui martèle derrière mes yeux me semble insupportable. Chaque battement de mon cœur résonne comme un tambour assourdissant dans ma tête.

Je me lève, titubant vers la salle de bain attenante à ma chambre. La lumière crue du plafonnier m'agresse, mais je ne peux pas la supporter éteinte. Mes yeux cernés me fixent dans le miroir, la pâleur de ma peau est accentuée par la fatigue. Je peine à reconnaître la personne qui me regarde en retour. Une pensée fugace traverse mon esprit. Peut-être que ces maux sont dus à un manque de sommeil. Peut-être que je devrais essayer de me reposer. Mais l'idée de fermer les yeux m'effraie. Les ténèbres de la nuit semblent abriter des démons insaisissables.

Je m'accroche à l'évier, mes jambes vacillantes menaçant de me faire tomber à tout moment. La nausée s'insinue insidieusement, mais je l'ignore, préoccupée par cette sensation de vide, cette faim que je ne peux identifier.

Le carrelage froid sous mes pieds nus n'arrive pas à apaiser la chaleur interne qui me consume. Je me regarde dans le miroir, cherchant des réponses à cette détresse physique qui s'empare de moi. Mes pupilles dilatées me fixent intensément, mais je n'y trouve aucune compréhension. Je suis comme une étrangère dans mon propre corps.

Mes doigts, eux aussi tremblants, cherchent un appui sur le rebord de l'évier. Mes paumes moites glissent légèrement, mais je m'accroche désespérément. La douleur persistante derrière mes yeux me pousse à les fermer un instant, mais même dans l'obscurité momentanée, je ressens l'agonie qui pulse à l'intérieur de moi.

La nausée, insidieuse, s'installe davantage. Je me persuade que c'est juste un malaise passager, une conséquence de la fatigue. Pourtant, il y a quelque chose de plus profond, une absence que je ne peux pas identifier. Une faim rongeante qui ne peut être apaisée par la nourriture. D'ailleurs, la simple idée de manger me donne encore plus envie de vomir. Mes entrailles semblent vides, aspirées par un néant insatiable.

La salle de bain tourne autour de moi, les contours flous, comme si la réalité elle-même se dissolvait. Difficilement, m'aidant du mur, je quitte la pièce, puis ma chambre et me dirige vers les escaliers que je suis tentée de descendre sur les fesses tant j'ai peur de louper une marche. Cependant, je refuse mon esprit de me mettre dans un état aussi ridicule. Alors, je m'accroche à la barrière en bois comme si ma vie en dépendait et quelque part, je crois que c'est un peu le cas. Je descend les marches à l'aveugle, incapable de les distinguer avec clarté.

Eagle Mountain Academy Tome 2 : Under Your ChaosWhere stories live. Discover now