Je suis de retour à Eagle Mountain Academy. C'est toujours cette même école somptueuse, studieuse et dirigée d'une main de maître par les RES.
Pourtant, tout semble avoir changé.
Parce qu'Easton Cooper ne me regarde plus comme si j'étais son monde...
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C'est avec une légère boule au ventre que je descends les escaliers vers la porte d'entrée. Kaia, Jay et moi, nous ne nous sommes pas retrouvées que toutes les trois depuis notre dispute il y a deux semaines. J'ai été dure avec Kaia, je ne peux pas le nier, et même si je sais que c'était pour son bien, je suis aussi consciente que mes mots l'ont blessée.
Il est difficile de m'arracher un pardon. Il y a bien les « désolés » qu'on balance quand on bouscule quelqu'un dans la rue, mais est-ce que ça compte vraiment ? Je ne pense pas. On pourrait parler de fierté sans être entièrement dans le faux. Mais ce n'est pas que ça. Lorsque je suis sincèrement en tort, je ne suis pas contre présenter mes excuses. Cependant, c'est assez rare en règle générale. Ma mère ne m'a pas inculqué énormément de valeurs, ou alors, elles ne font pas partie de celles que je veux conserver. Cependant, il y en a une que je m'attèle à appliquer : ne jamais me mêler des affaires des autres. Il est vrai, j'aime les ragots, les « on-dit », bien que je ne les écoute qu'à demi-mot. Mais je ne serais jamais celle qui les colporte. Je peux m'impliquer dans les problèmes de mes amis, mais jamais je ne ferais du mal à qui que ce soit sans raison. Et mes raisons sont toujours bonnes.
Alors, partant de ce principe, je n'ai jamais eu à être désolée pour quoi que ce soit. D'ailleurs, je ne devrais même pas me sentir coupable de ce que j'ai dit à Kaia. Ce n'était que la vérité pure et, ma foi, dure. Elle avait merdé avec Ren. Je ne prétends pas qu'il est blanc comme neige, et bien sûr qu'avoir un doute de quelques secondes était logique. Après tout, c'est lui qui avait ouvert les hostilités avec elle, et s'il y a bien une personne qu'on pouvait accuser d'être à l'origine d'une vague de harcèlement à Eagle Mountain, c'est bien lui. Il mériterait que je lui explose les couilles pour ça, mais je crois que Kaia a été sa plus sévère leçon.
Donc, évidemment qu'il était logique pour le reste du globe de pointer du doigt Ren quand les photos de sa mère ont été divulguées. Je peux l'entendre et le comprendre, mais, putain, elle aurait réfléchi une seconde de plus et elle aurait compris que ça n'avait aucun sens.
Et puis, lui en vouloir de ne pas avoir pris sa défense face à Olivia, c'est tout aussi petit. Elle savait que Ren était terrifié par sa mère, les traumatismes qu'elle lui a infligés, ce n'est pas le genre de truc qui s'envole en une fraction de seconde. On n'est pas dans un film ou dans un livre, les héros ne le deviennent pas dès qu'on en a besoin. Il faut du temps, beaucoup de rage, assez pour dépasser la terreur.
Bien que je sache que j'ai eu parfaitement raison de prendre la défense de Ren sur ce coup, je reconnais quand même avoir été trop loin, et je ne sais absolument pas si elle m'en veut ou non.
Je prends une courte inspiration avant d'appuyer sur la poignée. J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte que Kaia me pousse pour entrer.
— Meuf, je sais que ta maison est immense, mais putain, donne-moi les doubles des clés si tu as l'intention de mettre aussi longtemps pour descendre à chaque fois. Je suis à un cheveu de la pneumonie.
