Chapitre 2 : Pilule amère

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Latifatou Christine Cissé, belle femme peulh au tein clair. Elle avait tout d'une bonne épouse. Mariée à Marc Dena à l'âge de 20 ans, la jeune femme a su tenir son foyer d'une main de fer. Elle s'occupait de sa fille alors que son mari oscillait entre mission dangereuse sur le terrain.

Son rêve n'a jamais été d'épousé un militaire. À cause de tous les contraintes qui y sont liées. Les déplacements répétitifs et long, les missions dangereuses, parfois elle pouvait rester 6 mois sans nouvelle de son mari. Il fallait toujours qu'elle appelle le service social des armées pour avoir plus de renseignements. Elle vivait constamment avec une peur bleue. Et dans ces moments là, son entourage lui ressortait toujours cette phrase " On t'avais dis de ne pas l'épouser mais tu es têtue. Le deuxième nom d'un militaire c'est la mort ".

À chaque fois qu'elle pensait à cette phrase, son sang se glaçait. Latifa voulait regretter ce mariage mais comment faire ? Marc est l'homme le plus incroyable qu'elle a rencontré de sa vie. Beaucoup d'hommes l'ont courtisé mais aucun avaient la patience, le respect et l'écoute que Marc avait envers elle. Il est rentré dans sa vie de la manière la plus inattendu et depuis, il n'est plus jamais parti.

Latifa l'a rencontré alors qu'il venait de sortir de l'Emia en tant que sous-officier. Il était de la même promotion que son meilleur ami Aliou. Ce dernier a été major de cette promotion avec une excellente moyenne. Il a toujours brillé parmi ses pairs. C'est pourquoi Aliou est devenu rapidement colonel alors que son mari, Marc, est resté capitaine.

Mais il est tellement bon que cela n'a jamais été un problème entre lui et Aliou. Il est un bon mari pour elle, un bon ami pour Aliou, un bon papa pour Maria, un bon gendre pour ses parents, un bon fils pour sa belle famille, un bon voisin pour le quartier, un bon coéquipier pour son unité.

C'est pourquoi nous étions tous terriblement choqué d'apprendre sa mort. J'étais inconsolable. C'est comme si on avait aspiré mon âme. Qu'on avait mis de la lave sur mon cœur. Mon esprit n'arrêtait pas de penser à lui. À notre dernière conversation, nos derniers rires, notre dernière rencontres, notre dernières promesses, à nos derniers je t'aime. Il était la personne la plus chers à mes yeux avec ma fille. Nous avions quand même partagé 15 ans de notre vie. On a eu une magnifique fille grâce à cet amour.

Maria. Notre fille chérie qui va devoir grandir sans son père. Rien que d'y penser j'ai l'impression de devenir folle.

La nouvelle du décès de son père m'a été annoncé le petit soir quand je venais du travail. Maria était dans sa chambre entrain d'étudier. Une délégation du Service social des armées est venue à moi pour m'informer qu'une attaque a eu lieu dans une de leur base militaire où était mon mari et ses compagnons d'armes. Mon cœur a fait un bon en pressentant la suite. Un seul survivant mais pas Marc. C'est tout ce que j'ai compris avant de fondre en larmes.

Mes cris et mes pleurs ont alerté nos voisins des appartements à proximité. Les gens avaient rempli notre appartement alors que les militaires essayaient de me faire lever du sol. Ma fille est venue en renforts pour savoir ce qui se passait. Quand j'ai vu ses grands yeux apeuré, ses yeux comme ceux de son père, j'ai suffoqué dans mes larmes.

Notre voisine la plus proche a rapidement compris la situation et a amené ma fille chez elle. Quand mes parents ont été informé, ils ont amené Maria chez eux. Je suis restée avec ma grande sœur, Kadi, mes amies, voisines, proches, dans mon salon, à prier dans les larmes pour le repos de son âme.

C'était la pilule amère que je ne pouvais pas avaler. Jamais rien ne m'avait blessé autant que cette mort. Quand une personne est tout pour toi et que tu la perde aussi brutalement, c'est comme si on avait arraché ta poitrine et ton âme.

Oui Mon Colonel !Where stories live. Discover now