Chapitre 18 : Black Superman

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Latifa

Maria : tu es sûr que ça va maman ?

Je sors le dernier article de course que j'ai acheté et le plaque sur la table de la cuisine avec colère. Puis je me retourne vers ma fille.

Moi : dois-je te le dire combien de fois ? Oui je vais bien.

Maria : tu es énervée et je sais que ce n'est pas à cause de la voiture qui a planté.

Moi : arrêtes tes suppositions et va apprendre tes leçons.

Je me dirige vers le frigo pour chercher la viande que je dois utiliser pour le dîner de ce soir. J'avais vraiment les nerfs à bout. Après la visite de Kouyaté, j'ai essayé de faire semblant que cela ne m'a pas affecté. Puis après je suis allée chercher ma fille à son école et me connaissant bien, elle a remarqué la tension qui m'animait. Ce qui a redoublé l'intensité de mon état, c'est la voiture. Celle de Marc et qui commence à se faire vieux. Elle nous a lâché en pleine route. Heureusement y'avait des mécanos à côté. Et depuis cet épisode, elle n'arrête pas de me demander si ça allait. J'ai beau sourire et la rassurer, elle recommence encore.

Et comme toujours au lieu de m'obéir, elle en fait à sa grosse tête et continue son interrogatoire.

Maria : je ne pourrais pas me concentrer quand tu as l'air dans cet état.

Je dépose la viande sur la table, à côtés des légumes frais que j'ai acheté en venant, puis lui fait face.

Moi : tu t'inquiètes pour rien. Je vais bien.

Elle soupire, un air déçu.

Maria : avant tu me disais tout. Papa n'est plus là et on est que deux. Alors arrête de me cacher des choses.

Elle dit ça puis me tourne le dos pour aller dans sa chambre. Pourquoi a-t-elle besoin de me prendre la tête aujourd'hui en particulier et en plus me rappeler que Marc est mort ? J'entoure mes mains tremblante autour de mon corps et regarde la porte de la cuisine d'un air pensif. C'est la sonnette qui m'extirpe de ma léthargie. Sans chercher à savoir qui c'était, je pars et j'ouvre la porte. Ma surprise fût de taille.

Moi : je t'ai prévenu que je ne voulais plus jamais te revoir chez moi !

Le culot qu'elle a de se présenter ici après avoir passer du temps avec Aliou cet après-midi. En plus avec son air suffisant et ses habits de marque, je passe pour une clocharde avec mes vieux wax.

Leïla : bonsoir Latifa, je crois qu'on ne sait pas présenter la dernière fois. Moi, c'est Leïla Touré.

Et elle me tend la main comme une fleur. Qu'elle blague. Je fixe son visage pour lui signifier clairement qu'elle peut se foutre ses mains là où je le pense. Si elle croit que je vais lui serrer la même main qui tripotait Aliou y'a à peine quelques heures. Comprenant mon refus, elle soupire puis sort un truc de son sac. Un portefeuille d'homme. Je le reconnais, c'est celui d'Aliou.

Leïla : tant pis si tu ne veux pas de mon amitié mais je passais juste par là pour te remettre ceci. Tu l'as sûrement reconnu vu ton regard. Alors, tu le lui donneras de ma part et tu lui dira que j'ai passé un super bon moment cet après-midi.

La rage que j'ai ressenti il y a des heures, revient avec avalanche. J'avais envie de me jeter sur elle, lui arracher ses fausses mèches naturelles et la traîner dans tout le couloir et la jeter dehors. Mais je vais m'abstenir pour le bien de l'image de mon mariage. Et en plus, elle est procureur. Je ne veux pas finir en prison à 35 ans. Je lui prends juste la pochette des mains.

Oui Mon Colonel !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant