Chapitre 14 : C'est ma femme

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Latifa

Moi : Maria, les tampons que je t'avais acheté la dernière fois, c'est fini ?

Elle écarquille les yeux de honte et pousse un couinement. On dirait qu'elle a envie de s'enterrer vivant. Quoi ? On est dans un grand supermarché et alors ? Tout le monde sait que les femmes ont leur règles alors pourquoi en faire un secret d'Etat ou quelque chose dont on ne doit pas prononcer le nom ? Pour certaines femmes même c'est comme un blasphème, une honte qu'on doit pas dire en public.

Je roule des yeux puis en prend 8 sachets. J'en ai besoin aussi. Je vois du coin de l'œil, Aliou qui essaie de cacher son rire face au visage épouvanter de Maria. Cette dernière c'était même couverte la tête avec le foulard qu'elle avait autour du cou et s'est empressée de rejoindre le rayon sucrerie. Je pousse mon chariot et rejoind Aliou.

Aujourd'hui c'était un dimanche. Après que je sois revenu de la Messe avec ma fille, monsieur a voulu qu'on vienne ici pour faire les courses de la semaine. Il voulait aussi se préparer pour d'éventuelle mission imprévu. Quant à ma fille, elle a accepté de nous accompagner seulement car elle ne supportait plus de rester dans ce grand t'appartement vide. C'était ses mots. Chose que je peux comprendre.

Notre immeuble actuel est plein de riches et de blancs. En un mot des gens qui ne se mélangent pas aux autres et qui ne sort pas trop. Si je connais mieux Aliou, je crois que c'est son mode de vie par excellence. Lui il a l'air d'aimer ça. Mais moi je ne supporte pas. Dans notre ancien immeuble, on avait plein d'amis dans le voisinage. On fêtait nos fêtes respectives ensemble, chrétienne et musulmane. On se rendait visite, on organisait des tontines ou des rencontres entre femmes de la même résidence. Nos enfants étaient même amis et fréquentaient les mêmes écoles. Mais là, c'est juste beau mais vide et silencieux.

Aliou : c'est bon tu as tout ce que tu veux ?

Moi : oui, et toi ?

Je le vois du coin de l'œil faire oui de la tête. Je ne le regarde pas bien sûr. J'évite de le faire depuis cette fameuse nuit. On en a jamais parlé et bon Dieu que c'est temps mieux. Je ne veux pas devoir à expliquer comment j'ai pu confondre mon mari actuel avec mon ancien mari. Je passerai pour une dévergonder.

Aliou met ses articles et me prend le chariot des mains. Il est vraiment serviable ce monsieur.

Aliou : tu aurais pu crier moins fort.

Je le regarde pour lui signifier que j'ai pas compris son allusion.

Aliou : à Maria. Elle a faillit creuser la terre et s'y enterré.

Moi : ne me dis pas que tu fais partie de ceux qui disent que parler des règles en public est tabou !?

Il s'arrête et se tourne vers moi. Lorsque nos yeux se rencontres, je détourne vite les miens et les poses sur un nouveau rayon. Je fais semblant de m'intéresser aux différents parfums exposés.

Aliou : j'ai pas à dire que c'est tabou puisque ça ne me concerne pas. Je suis un homme, je ne dois pas avoir un avis dessus. Juste que la petite là était si rouge après tes mots.

Je sens de l'amusement dans sa dernière phrase. Chose qu'il confirme en éclatant de rire.

Moi : tu te moques d'elle ou tu prends sa défense ?

Aliou : les deux.

Moi : tu es si mauvais.

Cela ne fait qu'augmenter son hilarité. Son acte me fait sourire. Je me tourne vers lui pour demander si on pouvait partir. Je me stop vite dans mon élan, en voyant ma fille venir vers nous, arborant un sourire lumineux, les bras pleins de friandises. Mais le pire, c'était la personne qui l'accompagnait. Non pas ici. Pas maintenant.

Oui Mon Colonel !Where stories live. Discover now