Chapitre 6 : Comme tu l'as voulu

122 24 10
                                    

Latifa

J'apporte la glacière et le verre sur un plateau puis les pose sur la table basse. Je sers mes deux invités surprise et leurs donne chacun un verre d'eau fraîche. Ils me remercient puis bois goulûment. Je reprends les verres après qu'ils aient terminé et m'assois en face d'eux. Il n'y avait personne dans le salon à part nous. Le vieux Dena voulait me parler seule. Kadi a compris et est allée dans la cuisine après avoir prévenu Maria de l'arrivée de son grand-père. Après salutation, elle aussi a disparu dans sa chambre.

Vieux Dena : je suis content de voir que tout se passe bien ici.

Moi : grâce à Dieu ça va. On s'accroche.

Il hoche la tête puis se tourne vers son frère. Les deux se regardent et se font oui de la tête. Je n'ai rien compris mais ça ressemblait à un signal.

Vieux Dena : bon, si nous sommes là, c'est pas très grave. Tu as toujours été une très belle personne dans l'âme comme à l'extérieur. Marc n'a jamais cessé de charmer nos oreilles avec tes louanges. Et tu m'accorderas que cela est rare pour nous homme malien de louer notre femme à autrui. Mais il le faisait. Il t'aimait et ne s'est jamais gardé de le montrer. N'est-ce pas ?

Je fais oui de la tête, les yeux remplis de larmes. Je n'arrive toujours pas à croire que Dieu a mit cet homme formidable sur ma route puis l'a arraché subitement. Il m'a tellement aimé, tellement chéri et respecté, je ne vois aucun homme sur cette terre qui pourra le remplacer. Marc était tout pour moi, une oreille, des yeux, une bouche, une main, un pieds, des bras, un corps. Il était ma moitié.

Il était une oreille attentive pour moi, des yeux qui pouvaient voir en moi ce que personne ne pouvait sonder. Il était la bouche qui me parlait quand j'avais besoin d'attention, me consolait par ses phrases et ses baisers. Il était la main tendu que j'attrapais à chaque fois que j'avais besoin d'aide. Il était le pieds qui se déplaçait pour me chercher où que je me trouve. Il était le bras qui me maintenait sur pieds. Il était le corps sur lequel je me reposais.

Vieux Dena : a te kachi koun bô n'den ( ce n'est pas la peine de pleurer ma fille ), c'est Dieu qui a décidé ainsi. Seule la prière peut aider Marc et non les larmes.

Eh Dieu, on dit que tu ne fais rien au hasard, je te prie de m'apprendre à accepter ta décision. Je me lève part prendre un mouchoir à côté de la télé pour essuyer mes larmes. Je reviens m'asseoir et essaie de me contrôler.

Vieux Dena : ainsi va la vie. Les gens viennent et partent. Et Marc comme tout chef de famille craignait de partir. Il me faisait part de ses craintes avant d'aller à chaque mission. Il me disait qu'après sa mort, il a peur pour ton avenir et celui de Maria. Ce que vous allez devenir.

Mes larmes reviennent de plus belle. Je n'avais jamais imaginé que mon mari pouvait traverser ce genre de phase. Il était tellement pleine de vie, souriant quand il était avec nous. Il me rassurait à chaque fois que tout allait bien et de ne pas m'inquiéter. Et moi j'y croyais. Il ne m'a jamais menti, son honnêteté envers moi était son plus grand charme.

Vieux Dena : mais la présence de quelqu'un le consolait. Tu sais c'était qui ?

Je le fixe confus puis fais non de la tête, les yeux toujours remplis de larmes.

Vieux Dena : c'était Aliou, le même Aliou. Son meilleur ami.

Je ne sais pas ce qu'il venait faire dans l'histoire mais j'étais curieuse de savoir.

Vieux Dena : il me confiait que tant qu'Aliou est là, il peut mourir en paix. Son ami de toujours, qu'il considère comme un frère était la seule personne en qui il avait le plus confiance sur cette terre.

Oui Mon Colonel !Where stories live. Discover now