8.1🌖Pumpkin Spice Cliché

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Être né à la même époque que toi,

Fais de moi l'homme le plus chanceux de ce monde.



Cela faisait deux jours depuis notre séparation avec le vamphex et son corbeau. Nous avions convenu d'un rendez-vous à la gare de King's Cross au cas où nous devions fuir jusqu'à Édimbourg, la première et la plus évidente planque de Blake.

Une idée totalement débile puisqu'il serait évident qu'il s'y rende, pour échapper à la police. J'étais d'avis de rester au plus près de nos poursuivants, quitte à prendre une chambre dans l'hôtel en face du siège de la police surnaturelle.

Dans le cœur battant de la gare, je me tiens seule dans une alcôve discrète, à la recherche de l'homme que j'ai le plus chéri dans ma vie. L'architecture victorienne qui m'entoure est imprégnée d'une aura mélancolique. Les murs en pierre sont mouillés par la pluie fine et persistante de ce début d'automne, leurs détails sculptés ressortant sous les gouttelettes qui dégoulinent.

Les lanternes suspendues projettent une lumière douce, accentuant l'atmosphère feutrée alors que la pluie tambourine doucement sur les toits en verre. Tout autour de moi, c'est un tourbillon d'activité. Les voyageurs, emmitouflés dans leurs manteaux de mi-saison, se hâtent pour échapper aux intempéries et attraper leurs trains.

Je scrute chaque visage qui émerge de la brume, mais tout est flou et couvre la réalité d'un voile. Je dégage une de mes boucles noires s'étant emmêlées à ma boucle d'oreille dorée, lorsqu'une vision du passé me frappe en plein cœur.

Je revois Blake s'avancer lentement vers moi, dans sa tenue de docker, avec un bouquet de camomille sauvage. Ses cheveux sont en bataille, sa tenue couverte de crasse et, lorsqu'il s'arrête devant moi, il pue la sueur et la mer.

Il est parfait.

— Veuillez m'excuser, noble corneille, mais savez-vous qui pourrait me débarrasser de ces fleurs ? Elles se trouvaient par hasard sur mon chemin pour venir vous rencontrer, et je ne sais quoi en faire.

— Raven ?

Mais ce n'est plus cette version du passé que j'ai près de moi.

C'est un homme en costume sous son trench-coat vert forêt, un parapluie replié dans les mains et un parfum iodé mêlé à l'odeur de cigarette accroché à sa longue écharpe noire.

Je dois avouer que la maturité l'a rendu plus beau qu'à sa vingtaine, même si je regrette de ne plus voir ses iris sombre, désormais unique et caché derrière les verres opaques de ses lunettes de soleil.

— As-tu eu du mal à me trouver ? demandé-je alors que je sens son regard me déshabiller.

— Tes cheveux sont plus noirs, comme tes ongles, le contour de tes yeux et tes lèvres sont... d'un rouge cerise déconcertant. Ne devais-tu pas être discrète ?

Je fais un tour sur moi-même pour lui montrer ma tenue plutôt classique se composant également d'un trench-coat noir, d'un col roulé bordeaux rentrant dans ma jupe mi-longue, de collant tressé et de bottines.

— Tu es à l'exact opposé de la banalité actuellement.

— Me reproches-tu d'être trop belle ?

— Non, mais je reproche leurs regards bestiaux aux hommes passant près de toi.

Je fais un pas en avant pour rajuster son écharpe avant de me frotter le nez à cause de l'odeur de tabac, un petit geste qui lui fait froncer les sourcils en silence.

Always yours, the Vamphex [TOME 2]Where stories live. Discover now