Chapitre 19 : Un café par le nez s'il vous plait !

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Amaris

Je me réveillais le lendemain matin, l'esprit complètement enfumé et un sentiment de rage collé au fond de la gorge. J'avais l'impression de m'être volatilisée plusieurs jours, voir des semaines, mais mon téléphone m'avait ramené à la réalité. Les mots de Kaori se mélangeaient dans mes souvenirs mais les instructions étaient claires. Aussi claires qu'horripilantes, et même si ce pauvre fantôme n'y était pour rien, il avait été là au moment où j'avais eu besoin de déverser toute ma colère quelque part. Wrong time, wrong place.

Je gardai un souvenir vif des grincements de la cabane, du souffle des rafales sur les planches et du ploiement de l'arbre qui répondait à ma confusion. Kaori n'avait même pas sourcillé tandis que j'avais l'impression que pour une fois, mon environnement répondait à mes frustrations et mes caprices.

Je ne me rappelai plus comment j'avais quitté cet endroit qu'il avait qualifié de « strate mineure », une sorte de lieu imaginaire capable d'accueillir des formes de conscience. Honnêtement, comprendre de quoi il s'agissait était le cadet de mes soucis. J'estimai que ma survie - physique et mentale maintenant que les deux se dissociaient - méritait davantage le titre de sujet de préoccupation numéro 1.

Quarante minutes plus tard - le temps de me laver les dents et de traverser Toulouse en dévisageant chaque visage suspect - je frappai à la porte de l'appartement de Tariq. Frapper était un euphémisme, compte tenu de l'acharnement que j'y mis. Il finit par ouvrir, évidement. C'était la première fois que je venais chez lui, il m'avait un jour donner son adresse « au cas où ». Aujourd'hui sonnait bien comme un « au cas où », je ne m'étais même pas laissé le temps d'hésiter. J'entrai comme si j'étais la propriétaire de l'immeuble, déposant en guise d'offrande ou de gage de bonne foi les deux malheureuses chocolatines (_oui._) que j'avais acheté en pleine course.

- Amaris, tout va bien ? Dit-il immédiatement inquiet.

J'avais parfaitement conscience du sort cruel que je lui infligeai. Il n'était pas dix heures et si mes sources étaient bonnes - ce qui était toujours le cas -, la soirée de la veille s'était en réalité terminée quatre heures plus tôt. Ce qui expliquait certes les cernes sous ces yeux, mais certainement pas comment cet homme torse nu, les cheveux en pagaille et l'air apeuré pouvait être attirant.

- J'ai parlé à Kaori.

- Le mec de l'Entre ?

- Oui, le mec de l'Entre. Il faut qu'on discute, que tu m'aides à trouver une solution.

Plus je parlais, plus je constatai, non sans amusement, l'effort qu'il faisait pour ouvrir les yeux et me regarder en face. Il enfila un T-shirt, une veste et se mit deux claques sur les jours avant d'ajouter :

- Un café en bas, ça te va ?

- Je te suis.

Je jetai un coup d'oeil à sa machine à café qui semblait parfaitement fonctionnelle avant d'entendre le bruit de frottements de draps provenant de la mezzanine. Je ne parvins pas à contrôler le rouge qui me monta aux joues en réalisant dans quoi j'avais débarqué. Je crois qu'avec le temps, pas si long qui plus est, Tariq était devenu une espèce de divinité de la chasteté dans ma tête, n'ayant jamais entendu une histoire démentant sa prétendue abstinence. Jo n'hésiterais pas à me tuer si je ne lui racontais pas cette histoire.

J'interceptai son regard, cette fois parfaitement réveillé, il me pressa vers l'extérieur et je compris qu'il ne fallait pas plus déranger qui que ce fut qui occupait son lit. En temps normal, j'aurais pu ressentir de la gêne, mais ce n'était pas vraiment le sentiment qui m'envahissait pour l'instant.

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⏰ Last updated: Feb 25 ⏰

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