𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖔𝖎𝖘

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Je manque de renverser l'un des verres sous la surprise, et serre les dents pour ne rien dire, bien que mes yeux se soient écarquillés d'un coup. Je ne dois rien dire, il en va de ma survie. Si je veux que Jimin ait un avenir, je ne dois rien dire, même si c'est vraiment dur. Alors ce type me prend pour une pute ? J'ai bien envie de lui envoyer mon poing dans sa face de rat. Il me dégoûte. C'est de ça que je parlais lorsque je disais qu'ils se pensent tout permis, et surtout supérieurs aux autres.

En relevant mes yeux, mon regard tombe dans celui de V, qui semble me regarder avec intensité. Il paraît attendre quelque chose. Est-ce qu'il attend que je réplique quelque chose ? Que je me défende ? Et bien, il va attendre longtemps, parce que je ne compte pas dire quelque chose en particulier. Je tiens à mon travail. Ses yeux, ses vrais yeux j'entends, sont également noirs, et cela me fait frissonner malgré moi. Je suis certain qu'il est bel homme, sans son masque. Et cela titille ma curiosité de le voir sans, rien qu'une fois.

Il est nonchalamment assis sur le canapé, une jambe appuyée sur l'autre, et l'un de ses coudes posé sur le siège. Même sans rien faire, V est gracieux. Ses vêtements sont tous de marque, et coûtent plus chers que la paie que je reçois en fin de mois. Les trois autres jeunes hommes me regardent, surpris que je ne réponde rien, que je sache me contrôler. Je hausse un sourcil, détendant progressivement mes épaules pour prendre un air à la fois assuré et provocateur. Bien que je ne puisse rien dire, rien ne m'empêche de jouer un peu. J'ai envie de leur montrer que non, je ne compte pas ne rien faire du tout.

Leur seul regard m'apprend qu'ils sont de mon côté, ce qui m'étonne au premier abord. Les politiques sont leurs clients et pourtant, ils semblent me soutenir. Un léger sourire étire les lèvres de RM, qui me regarde depuis le début avec une attention particulière. Zico et G-Dragon attendent simplement de voir ce qui va se passer par la suite.

« Hé, t'es sourd ? » vocifère-t-il en se levant.

Je me redresse, après m'être incliné devant les quatre mafieux avec respect, et place mon plateau sous mon bras. Je me contente simplement de l'ignorer, parce qu'il ne vaut strictement pas la peine que je m'abaisse à son niveau. Peut-être qu'il veut tenter d'impressionner les rois de la ville ? Je ne suis pas certain que cela soit la bonne manière de faire mais bon, je crois ne pas avoir mon mot à dire.

Alors que je m'apprête à quitter les deux tables, on me retient brutalement par le poignet et on me retourne sans aucune douceur. Le politique ne veut visiblement pas lâcher l'affaire, puisqu'il m'attire plutôt violemment contre lui. Sa poigne me fait très mal et je grimace légèrement, les mâchoires serrées.

« Tu sais quoi ? Je vais te prendre gratuitement, au final. » ricane-t-il.

Un frisson de peur parcourt ma colonne vertébrale, et je sens déjà ma vie défiler devant mes yeux. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il est capable de me faire par pure vengeance. Mes genoux tremblent, et je commence déjà à regretter de ne pas lui avoir répondu. Mais si je lui avais répondu, les choses auraient été pires, pas vrai ? Je ne sais pas quoi faire. Son sourire carnassier me donne envie de vomir.

« Lâche-le. »

Le politique se fige directement. La voix provient de V, qui n'a pas bougé d'un seul centimètre, et qui garde ses yeux posés sur nous. Quand je croise ses yeux noirs, je ressens un grand soulagement. Il a pris ma défense. V, l'un des plus dangereux mafieux au monde, a pris ma défense. Pourquoi ? Je ne suis pas quelqu'un d'important. Je ne suis qu'un petit serveur, rien de plus.

Sa voix est diablement rauque. Elle est suave, douce, mais menaçante à la fois.

« Et sinon quoi ? » rigole l'homme qui me tient toujours.

D'accord, ce type est suicidaire. Vient-il vraiment de provoquer V, là ? Les autres politiques paraissent se faire dessus, et font des signes pour que leur compère se la ferme. Peine perdue, puisqu'il continue en fanfaronnant :

« T'es rien comparé à moi, petite merde. Et lui non plus, d'ailleurs. »

Il ne se rend sûrement pas compte de la position dans laquelle il se met. Sérieusement ? Est-ce qu'il sait vraiment à qui il s'adresse, là ? Ces quatre hommes sont beaucoup plus importants et puissants que lui. À côté d'eux, c'est lui, la petite merde insignifiante.

Il me secoue violemment le poignet et je lâche sans le vouloir mon plateau, qui vient s'écraser au sol. Dans le même temps, j'entends un coup de feu, couvert par le bruit que fait le plateau en tombant ainsi que la musique qui continue de tambouriner. Le politique à mes côtés s'écroule dans un bruit sourd, lâchant mon poignet. Je reste figé, alors que mes yeux sont posés sur le trou créé par la balle entre ses yeux.

V a le bras levé, tenant son flingue d'une main, la tête penchée sur le côté comme s'il se moquait ouvertement de la situation. Aucun des trois autres n'a bougé, contrairement aux politiques qui ont sauté sur leurs pieds, effrayés. Il abaisse son arme, la posant sur le canapé, et se lève lentement de ce dernier. Il marche dans ma direction et, avec douceur, il prend mon poignet entre ses doigts longs et délicats, et ma respiration se coupe. Oh bon sang, il est beaucoup trop près.

« Tu vas sûrement avoir un hématome. » constate-t-il à voix basse.

Avec son pouce, il vient caresser la marque qui commence déjà à apparaître sur ma peau.

Je bégaie. Il vient de tuer un type devant moi. Bon d'accord, c'était un connard, mais il vient de le tuer ! Oh putain, il y a un cadavre à nos pieds ! Mes jambes tremblent et si je ne tombe pas c'est simplement grâce à ma fierté. Il finit par lâcher mon poignet, alors que mes yeux restent fermement fixés sur son masque. Un ricanement franchit ses lèvres, alors qu'il ramasse le plateau et qu'il me le tend. Les rideaux s'écartent derrière-moi, et je me retrouve quelques secondes plus tard derrière les rideaux, traîné par la forte poigne du garde du corps.

le masque du tigre +vkookWhere stories live. Discover now