le masque du tigre +vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖓𝖊𝖚𝖋

« Tu es réveillé. » dit-il.

Il fait se retourner les trois autres personnes assises face à lui. RM, Zico, et G-Dragon. Le premier hausse un sourcil, avant de détourner le regard en ricanant. Le second ne me porte même pas une seule seconde d'attention, et le troisième se mord la lèvre, les yeux noirs. Je me sens frissonner, mais cette fois-ci à cause de la gêne. Je suis vraiment mal à l'aise.

V se lève, toujours avec grâce et délicatesse, avant de me rejoindre rapidement. Il m'entraîne à nouveau dans le couloir, sa main frôle doucement le creux de mes reins, sans doute par respect. Tout en rougissant, je lui adresse un regard en coin que j'espère discret, et vois un sourire étirer ses lèvres.

« Tu sais, tu aurais pu m'emprunter des vêtements. » souffle-t-il.

« Je... je n'ai pas osé. » réponds-je en triturant le bas de la chemise.

Sa main se pose plus franchement dans mon dos. Il est plus grand que moi d'au moins une demi-tête. Même habillé avec des vêtements du quotidien, il est sexy. Nous entrons dans la chambre que j'occupais, et je le regarde ouvrir les volets en grand ainsi que la fenêtre et les rideaux, pour changer l'air. Tout timide, je l'observe fouiller ses placards, et à mon grand étonnement il n'y a aucun vêtement de luxe comme ceux qu'il porte au club Sangeo. D'un côté, cela me rassure un peu. Déjà, parce que je suis certain que je ne les porterais pas aussi bien que lui, et également parce que le prix d'un seul de ses habits équivaut à mon salaire en fin de moi.

« Pourquoi est-ce que tu m'as emmené chez toi ? » demandé-je, dévoré par la curiosité.

« Tu aurais préféré que je te laisse sur le sol du club ? » ricane-t-il, toujours dos à moi. « Tu as sans doute passé une soirée horrible, à travailler en étant malade, alors c'est la moindre des choses que je pouvais faire. »

Il se tourne vers moi avec un pantalon assez moulant, ainsi qu'une ceinture, un sweat et des sous-vêtements.

« Tu peux aller prendre ta douche. La porte est juste là. »

Je le remercie, le visage rouge, et prends les vêtements d'une main timide. Je me dirige doucement vers la porte que je n'avais même pas remarqué plus tôt, et l'ouvre.

« Au fait, Jungkook. » reprend-il. « Ma chemise te fait des jambes d'enfer. »

Je m'enferme vivement dans la pièce, les yeux écarquillés à m'en faire mal, alors que je l'entends rire dans l'autre pièce. Le cœur battant, je pose une main sur mon torse, pour tenter de calmer ses battements effrénés. Est-ce qu'il vient vraiment de dire que j'avais des jambes d'enfer ? Oh putain. V vient de me faire un compliment. Et il a posé sa main sur mes reins. Pourquoi est-ce que je me sens aussi fébrile quand je suis à ses côtés ? C'est la première fois que je ressens une chose pareille avec une autre personne. Je n'ai jamais été amoureux, et ne suis jamais sorti avec personne.

Bien sûr, sortir avec quelqu'un n'est pas l'une de mes priorités. La seule qui compte à mes yeux est Jimin.

Je me glisse dans la douche, et soupire de bien-être en sentant l'eau chaude sur mon corps. La douche est construite à l'italienne, et comme les autres pièces, la salle de bain est blanche et minimaliste. Bien que la maison soit grande, elle n'est pas décorée comme la plupart des villas luxueuses qu'on voit dans les films ou dans les séries.

J'aime beaucoup cette simplicité qui se dégage de cet endroit. C'est reposant. Je passe bien une vingtaine de minutes sous l'eau brûlante, les yeux fermés et profitant simplement de la sensation de chaleur sur mes muscles. J'en ai vraiment besoin, après une soirée comme j'ai passé et mon état maladif. Par contre, je trouve ça un peu étrange de ne ressentir plus aucun symptôme. Est-ce un effet de la pilule que j'ai prise plus tôt ?

Je ferme l'eau et m'enroule dans l'immense serviette qui était posée sur le lavabo. Jimin doit être paniqué de me pas m'avoir vu, ce matin. Et je ne peux même pas le prévenir, puisque mon téléphone est sûrement resté dans mon sac, qui doit lui-même être dans mon casier, au Sangeo. Je m'habille rapidement, et ne peux m'empêcher une nouvelle fois de sentir l'odeur du sweat. J'ai l'impression d'être piqué et dans un sens, c'est affreux. Personne ne s'intéresserait à un serveur de dix-neuf ans qui fait ce qu'il peut pour survivre. Et sûrement pas un homme important et influent comme V.

Ma main essuie négligemment le début de larmes qui perlent sur mes joues. Ce n'est pas le moment de m'apitoyer sur mon sort. Je sors de la salle de bain, et constate que le mafieux m'a sagement attendu, assis sur le rebord du lit.

« Il est treize heures. Tu veux manger ici ? » me propose-t-il de sa voix suave.

« Je préfère rentrer, Jimin m'attend. » fais-je en jouant avec mes doigts.

« Jimin ? »

« Mon frère. Il ne sait pas que je suis ici, et il doit s'inquiéter. »

V hoche doucement la tête avant de se lever, et de prendre mes doigts entre les siens, pour m'entraîner en-dehors de la chambre. Désormais, j'ai presque l'habitude de sentir mon visage me brûler. Le jeune homme adresse une bref parole aux trois hommes toujours dans le salon, et nous sortons de la maison. La maison est implantée en plein dans un quartier luxueux, à l'écart des autres quartiers.

Nous montons dans sa voiture, une Tesla, et le jeune homme démarre. Pendant le trajet, nous discutons un peu, avec en fond une playlist de musiques classiques qui défile. Mon cœur rate un battement quand il pose sa main sur ma cuisse. Il ne semble pas particulièrement gêné avec le fait de conduire avec une capuche. Il doit sans doute avoir l'habitude.

Nous arrivons rapidement devant mon immeuble, sans même que j'ai eu besoin de lui fournir des indications. C'est un peu étrange.

« Merci de m'avoir ramené. Et pour les vêtements. Et pour ne pas m'avoir laissé là-bas. » finis-je en balbutiant un peu.

« C'est normal, chaton. »