le masque du tigre +vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖖𝖚𝖆𝖙𝖔𝖗𝖟𝖊

Mon corps entier tremble, alors que je reste figé, au centre de la pièce. Ce qui vient de se passer est intense, est j'ai beaucoup de mal à m'en remettre. Le coin de mes lèvres me semble brûlant, l'endroit exact où V a déposé un baiser. Je n'ai même pas besoin de regarder le miroir pour savoir que mon visage est écarlate. Je prends une grande inspiration, et ferme les yeux. Bon sang. Il a enlevé son masque, m'a pris dans ses bras, et a embrassé le coin de mes lèvres. Parce qu'il a suffisamment confiance en moi pour se présenter sous sa réelle identité, et pas sous V.

Mon cœur bat à tout rompre. Je les sers depuis que je travaille ici, alors pourquoi ne se manifester que maintenant ? En l'espace d'une semaine, il a tué pour me protéger, m'a recueilli chez lui, et s'est présenté à moi deux fois sans masque. Est-ce qu'il a déjà fait autant pour quelqu'un d'autre ? Est-ce qu'il y a déjà eu une personne avant moi ? Bien qu'il me plaise énormément, je ne dois pas oublier qu'il est avant-tout un meurtrier. Peut-être qu'il cherche ma confiance pour ensuite me torturer ?

Soudainement, l'euphorie que je ressentais disparaît sans laisser de trace. Je baisse la tête tout en pinçant l'arête de mon nez. Non, je dois arrêter de penser à tout ça. Je m'empresse de sortir des vestiaires, parce que sinon je vais me prendre une déferlante par mon patron, ce tyran. Au bar, Chaerin est, comme à son habitude, submergé par les demandes des clients. Elle garde son sourire, mais ce dernier tremble bizarrement. J'attrape au vol le plateau qu'elle m'a préparé plus tôt, et je file en salle. Au loin, je vois Mara qui semble déjà blasée ; son copain déteint énormément sur elle, et réciproquement. Par contre, je ne vois pas Chanyeol, et cela m'inquiète un peu, je dois l'avouer. Après tout, il est assez fragile, à cause de sa jambe, et l'on essaie toujours d'avoir un œil sur lui, au cas où il irait mal.

Une heure passe de cette manière, à servir les tables rondes dans la salle. Je récolte pas mal de pourboires, et je n'arrive pas à arrêter d'être étonné devant les sommes importantes que l'on me donne. Qu'est-ce qu'ils font dans la vie, tous ces gens, pour dépenser autant et sortir tous les soirs ?

Je balaie la salle du regard. Influenceurs, stars de cinéma, de la chanson, riches PDG... la question ne se pose même plus, finalement. Bien sûr, il y a des personnes dites banales, un peu comme moi d'ailleurs, qui semblent faire tâche dans le décor. Peut-être des héritiers, ou des gosses de riche.

« Jungkook, table dix ! » crie Chaerin.

Je m'empresse de poser mon plateau sur le bar, pour qu'elle puisse poser des verres dessus, et que je puisse repartir au plus vite. Le stress monte soudainement en moi, alors que je me rapproche de la table. Comme d'habitude, les rideaux sont tirés et l'entrée est gardée par un homme du corps. La seule chose qui a changé au Sangeo est la présence de l'imposant podium, proche de la piste de danse. Est-ce que mon patron va réellement embaucher des strip-teasers ?

Le garde du corps me lance un regard détaché, avant d'ouvrir un pan du rideau pour me laisser entrer. Il y a cinq verres sur le plateau, et seulement quatre personnes dans la pièce séparée. Peut-être qu'une personne va les rejoindre ? Je pose délicatement les verres sur la table, m'incline, et tourne les talons, pour partir. Mais des doigts s'enroulent autour de mon poignet et me retiennent, alors que j'allais franchir une nouvelle fois les rideaux. Je croise le regard de V, seule chose que l'on peut apercevoir avec son masque.

« Le cinquième verre est pour toi. » dit-il d'une voix de soie.

Je balbutie, et je rougis. Comme d'habitude, finalement. Derrière-lui, RM arbore un sourire malicieux, dévoilant deux fossettes au creux de ses joues. Ses cheveux châtains sont plaqués en arrière sur son crâne, et quelques mèches tombent sur son front. Un sourcil haussé, il nous regarde, semblant attendre la suite. G-Dragon, de son côté, a déjà bu la moitié de son verre d'alcool, et pianote activement sur son téléphone. Et quant à Zico... il joue avec un couteau, tout simplement. Cela me glace le sang, cette manière qu'il a de le triturer habillement. Cela prouve qu'il a l'habitude d'avoir une lame entre ses doigts, et qu'il n'a pas peur de s'en servir.

« M-mais je suis en service, et... »

Bon, au moins, j'aurais tenté de protester. Bien sûr que je mérite de prendre une pause et de boire un verre, mais pas quand le club est plein et que mes amis ont beaucoup de peine à tenir le rythme. Déjà qu'a quatre on a énormément de mal à satisfaire tout le monde, alors seulement trois personnes pour tenir le service... ce n'est vraiment pas beaucoup.

« Tu oses contester un ordre de V ? »

La voix grave de Zico me sort de mes pensées. Je lui lance un regard par-dessus l'épaule de V, les sourcils haussés, et la moue blasée. Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Que parce que V est une personne importante tout le monde doit être à ses pieds ? Ce n'est pas parce qu'il me plaît que je vais lui obéir au doigt et à l'œil.

Les yeux du mafieux posés sur moi font remonter un frisson le long de ma colonne vertébrale. Je n'ai qu'une envie : partir en courant.

« Ça suffit, Zico. » crache V, irrité.

Mes jambes tremblent un peu. J'ai l'impression d'être une proie au milieu de prédateurs qui sont en chasse. Zico se rembrunit et lâche un léger grognement, mécontent. À ses côtés, RM hausse un sourcil, guère étonné, comme s'il s'attendait à ce que le mafieux se fasse remettre à sa place. Il semble amusé de la situation.

Le jeune homme se retourne vers moi, et continue d'une voix plus douce :

« Viens t'asseoir avec moi cinq minutes, s'il-te-plaît. Juste cinq minutes. »

J'ai vraiment l'impression qu'il me supplie. Il m'a demandé poliment de m'asseoir avec eux, et ne me l'a pas ordonné, comme l'a dit Zico. V ne m'a jamais donné d'ordres. Dans un sens, il a toujours pris soin de moi, et ne m'a jamais imposé quelque chose. Je sais que si je veux réellement partir d'ici, je le peux, même si lui souhaite que je reste.

« Cinq minutes, alors. » murmuré-je avec un petit sourire.