𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖙𝖗𝖊𝖎𝖟𝖊

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Depuis le début de mon service, j'ai senti plusieurs mains sur mon corps. Je ne peux rien dire, alors je serre les mâchoires à m'en faire mal, et les ignore, même si je n'ai qu'une envie : les massacrer. Personne n'a le droit de me toucher de cette façon, je ne suis pas un objet dans une vitrine. Pas un objet tout court, d'ailleurs.

Je sers pendant plusieurs heures d'affilée, sentant peu à peu l'énergie me quitter. J'ai mal aux jambes, et mon moral baisse de minute en minute quand je m'aperçois qu'il n'est toujours pas arrivé. Je finis par poser mon plateau sur le comptoir, et indique à Chaerin que je vais boire un coup dans les vestiaires. Je file dans la pièce qui nous est réservée, tout en soupirant, mordillant ma lèvre sans m'en rendre compte.

En me regardant dans le miroir, je me sens terriblement pathétique. Mes émotions montent et descendent, comme des montagnes russes, et je ne sais plus quoi penser. Je me trouvais vraiment beau il y a quelques heures, alors pourquoi maintenant je me sens hideux ? Je baisse la tête sur mes mains, appuyées de chaque côté de l'évier. Je suis tellement plongé dans mes pensées que je n'entends même pas la porte s'ouvrir.

« Jungkook ? »

Je sursaute et me prends les pieds dans le vide, me rattrapant de peu à l'évier. Je relève la tête et regarde dans le reflet du miroir. Cette voix sauve et rauque ne peut appartenir qu'à une seule personne. V est appuyé contre la porte des vestiaires, les bras croisés sur son torse. Je rougis, une nouvelle fois pour ne pas changer, et me tourne vers lui, triturant mes doigts. Mes pensées noires s'envolent aussitôt que je pose les yeux sur son masque. Il s'avance vers moi, de son pas lent et félin, et je devine facilement son air taquin.

« Tu es particulièrement beau ce soir. »

Je ne pensais pas que mon visage pouvait me brûler autant. Un petit sourire étire mes lèvres, et je baisse la tête, me dandinant sur moi-même. C'est sûrement son compliment qui me fait le plus plaisir de ceux que j'ai reçu. Lui aussi, est très beau, ce soir. Il porte une chemise noire dont les boutons du haut sont ôtés, enfoncée dans un pantalon à pinces également noir, et des mocassins. Comment peut-on être aussi sexy ? Il ne doit pas être humain, je ne vois que ça, comme solution. C'est impossible, sinon. Pourtant, il porte des vêtements simples, et...

V pose ses mains sur mes hanches, une fois qu'il est assez proche de moi. Elles sont élégantes, fines, et habillées de bagues. Les manches de sa chemise sont remontées sur ses avant-bras, dévoilant les veines qui strient sa peau. Oh putain. 

Oh. Putain. 

L'une de ses mains quitte mon corps pour venir remonter mon menton, et je tombe directement dans ses yeux d'un noir profond. Une flamme amusée brûle dans ses prunelles. Je me sens ridiculement petit à côté de lui.

« C'est pour moi que tu t'es habillé comme ça ? »

Non du tout, pour le pape. Pour qui d'autre est-ce que j'aurais bien pu m'habiller de cette manière ? Nos torses sont tellement proches l'un de l'autre que mes mains se posent d'elle-même sur ses pectoraux, alors que je hoche doucement la tête, le regardant toujours aussi profondément.

« Ferme les yeux, chaton. »

Sa voix me provoque des frissons, et j'obéis. Une nouvelle fois, il retire l'une de ses mains de ma hanche, et j'entends un bruit de frottement. Puis, quelques secondes plus tard, je sens sa lourde respiration contre mon cou. Mes doigts se crispent légèrement sur sa chemise, et il serre un peu plus mes hanches entre ses doigts.

Mon cœur rate un battement alors que je comprends ce qu'il vient de faire. Il vient d'enlever son masque, et a enfoui son visage dans mon cou. Il me fait assez confiance pour croire que mes yeux sont fermés, et pour ôter son masque. Mes lèvres s'entrouvrent, alors qu'il inspire profondément, puis dépose un baiser aussi délicat que la soie dans mon cou. Mon visage est écarlate, et je ne sais plus comment on fait pour respirer. Mes poumons ne semblent plus pouvoir fonctionner correctement, et j'étouffe à moitié.

« Détend-toi. » murmure-t-il au creux de mon oreille, faisant apparaître une nouvelle vague de frissons.

Je garde toujours les yeux fermés, aussi fort que je peux. Je ne veux pas trahir sa confiance, pas question. Dans un sens, il compte énormément pour moi. Après tout, il m'a recueilli chez lui, m'a soigné, et le plus important de tous, m'a défendu face à ce sale type. Il a tué quelqu'un pour moi, cela veut bien dire que je compte aussi à ses yeux, pas vrai ? Mon esprit s'embrouille, et je soupire doucement.

« Merci de me faire confiance. » chuchoté-je, la voix tremblotante.

Sous mes doigts, je le sens se tendre imperceptiblement. Puis ses muscles se décontractent, et il émet un petit rire adorable. L'une de ses mains remonte le long de ma colonne vertébrale, et s'enfouit dans mes cheveux. Cette fois-ci, ce n'est plus une sorte d'étreinte ; il me prend véritablement dans ses bras, et me serre puissamment contre lui. Ce contact dure cinq secondes, tout au plus, avant qu'il ne se décolle de moi. J'entends un nouveau froissement, et son souffle se coupe d'un coup. Il a remis son masque.

Enfin, pas totalement, puisque je sens ses lèvres embrasser avec douceur le coin de mes lèvres, déclenchant un véritable feu dans mes veines.

Ses mains quittent définitivement mon dos, puis j'entends des pas, et la porte se claquer légèrement. Lorsque je rouvre les yeux, les vestiaires sont vides.

le masque du tigre +vkookWhere stories live. Discover now