𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖘𝖊𝖎𝖟𝖊

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Mes jambes tremblent. V ne semble pas vraiment déterminé à lâcher mon patron, qui devient de plus en plus rouge. Son bras tremble et est strié par les veines. C'est très sexy, et mes yeux s'attardent quelques secondes dessus, en dépit de la situation. Mes pensées s'emballent et j'imagine soudainement ses doigts autour de mon cou, mais dans une toute autre situation. Une situation un peu plus sexuelle.

Non Jungkook, ce n'est pas le moment de penser à ça, ton patron est à la limite de mourir. Bizarrement, je m'en fiche un peu : ce type est un pur connard, il mérite ce qui lui arrive. Tout ce qui compte pour lui est le profit, et il nous traite d'une manière inhumaine. Envers lui, je ne ressens que du dégoût.

« Tch. T'es pitoyable. »

Finalement, V le lâche, et l'homme s'écroule au sol, ses mains autour de son cou. Il halète, les yeux dans le vague, alors que les doigts du mafieux s'impriment lentement sur sa peau. Haineux, il m'envoie un regard mauvais, et je recule une nouvelle fois d'un pas. J'entends un ricanement provenir de G-Dragon, qui doit sûrement se délecter de la situation.

Malheureusement pour Young, V capte son regard vers moi. Avec lenteur, il s'accroupit pour être à son niveau, et lui murmure d'une voix doucereuse :

« Tu n'as pas compris le message ? Tu tiens tant à mourir ? »

C'est incroyable la manière dont il peut se montrer effrayant. Un sourire cruel étire les lèvres des trois hommes derrière-moi alors qu'ils regardent le patron se fondre en excuses tout en secouant la tête.

« Il est sous ma protection. Quiconque s'en prend à lui, s'en prend également à moi. »

V se relève, époussetant ses genoux d'une manière vraiment très classe, et regarde le plus vieux se relever, titubant sur ses jambes tremblotantes. Il ressemble à un faon perdu. Étrangement, en étant à ses côtés, je me sens puissant, comme si plus rien ne pouvait m'atteindre. Je n'ai jamais ressenti un sentiment comme ça, auparavant.

Mes joues sont roses. Il vient clairement d'assumer le fait qu'il me protège, pas vrai ? C'est la deuxième fois qu'il me défend.

Mon patron s'empresse de quitter la salle, sous les yeux amusés du garde du corps qui referme les rideaux. Comme quoi, aucun des quatre jeunes hommes n'a besoin d'une personne pour se protéger. Ils le font très bien aux-même, visiblement. Devant moi, j'entends V soupirer d'agacement. Il se tourne ensuite vers moi :

« Ça va, chaton ? Il ne t'a pas fait mal ? »

Il prend délicatement mon poignet entre ses doigts, et l'inspecte.

« Ça va. J'ai l'habitude. » fais-je en hochant les épaules.

Et c'est vrai. Je ne sais pas pourquoi, mais il s'est toujours acharné d'une manière ou d'une autre sur moi. Ses doigts se crispent légèrement sur ma peau en entendant ma réponse, qui ne doit sûrement pas lui plaire.

« Il faut que je retourne travailler. » reprends-je en baissant les yeux.

J'aurais aimé rester plus longtemps avec lui, mais cela fait beaucoup trop de temps que mes trois collègues se débrouillent seuls ; ils doivent être complètement dépassés. Je me sens un peu honteux d'être là, assis sur un canapé hors de prix à boire un verre, alors qu'ils travaillent d'arrache-pied sans presque jamais de pauses.

Il hoche doucement la tête, et lâche mon poignet, un peu déçu, mais compréhensif. J'en profite pour débarrasser les verres vides, les mettant sur mon plateau pour les ramener à Chaerin.

« On se revoit vite, chaton. » souffle V.

Il me regarde franchir les rideaux, avant que ces derniers ne retombent lourdement derrière-moi. Directement la bulle qui s'était formée autour de moi explose, et la musique m'attaque les oreilles. Mais comment font les gens pour apprécier ce genre de musique ? J'ai l'impression que mes tympans vont exploser.

J'avance difficilement vers le bar, étant donné que la salle est pleine. Je manque de faire tomber mon plateau plusieurs fois à cause de personnes qui me bousculent sans ménagement. Je mords ma joue sous l'agacement, et je regrette d'avoir quitté la présence de V. Quand j'arrive au bar, Chaerin est dans un piètre état. Son visage est couvert par une pellicule de sueur, et son sourire l'a désormais entièrement abandonnée.

« Jungkook ! » s'exclame-t-elle en me voyant. « T'étais passé où ? On s'inquiétait ! »

« J'ai eu... un petit imprévu, rien de grave. » réponds-je.

Je vois très bien qu'elle ne me croit pas vraiment, mais elle ne proteste pas, et pose les verres sur mon plateau avec un peu trop de violence pour que cela soit naturel. Elle est vraiment épuisée. Le maquillage de ses yeux a commencé à couler. Je m'en veux de les avoir laissés seuls.

« Au fait, tu es courant pour le podium ? » reprend-elle en montrant du menton la nouvelle estrade.

« Comment ça ? »

« Et bien, le patron va engager des nouvelles personnes pour qu'elles y dansent une heure ou deux. Et à ce que j'ai entendu, c'est vraiment très bien payé. »

Elle ponctue sa phase d'un clin d'œil malicieux. Avec ce qu'elle vient de me dire, je suis intéressé. S'il suffit de danser une heure ou deux pour gagner pas mal d'argent supplémentaire... pourquoi pas ? J'ai besoin d'argent pour les études de Jimin, et également pour qu'on puisse vivre confortablement tous les deux.

« Plus qu'un serveur ? » l'interrogé-je.

« Deux fois plus. » ricane-t-elle. « Rassure-moi, tu n'es pas intéressé, j'espère, Kook ? »

« J'ai besoin d'argent, Chae. Et si danser me rapporte deux fois plus que servir... alors pourquoi pas ? J'irais voir le patron à la fin du service. »

Chaerin soupire, abattue. Elle est mon aînée, et m'a déjà confié à plusieurs reprises que cela ne l'enchantait pas du tout qu'une personne de mon âge travaille dans un lieu comme celui-là. Moi aussi, j'aurais aimé travaillé autre part, mais je n'ai pas le choix. Et puis, on m'a toujours dit que j'étais un bon danseur. C'est un coup à tenter.

« Tu n'es pas obligé de faire ça... »

Je pose ma main sur la sienne, dans le but de la réconforter.

« Ne t'inquiète pas pour moi, d'accord ? »

Elle hoche la tête, mordillant sa lèvre pulpeuse pour sans doute s'empêcher de rajouter quelque chose. Je retire ma main de la sienne et prends mon plateau, avant de m'enfoncer dans la foule opaque.

le masque du tigre +vkookWhere stories live. Discover now