le masque du tigre +vkook

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖔𝖚𝖟𝖊

Les journées de dimanche et de lundi sont rapidement passées. Avec Jimin nous n'avons fait que regarder des séries, tout en nous goinfrant de confiseries. Un après-midi banal entre deux frères qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Nous sommes mardi, il est actuellement dix-neuf heures trente, et je suis toujours devant mon armoire pour trouver quoi mettre ce soir. Malgré moi, j'aimerais vraiment plaire à V. Je ne sais pas vraiment d'où me vient cette envie, mais c'est plus fort que moi. Je veux sentir ses yeux sur moi, me sentir désiré au plus haut point par lui, et seulement par lui.

Toujours en serviette, je tape du pied sur le parquet, fouinant entre les quelques vêtements que je possède. Je souffle, agacé. Au même moment, mon petit-frère rentre dans ma chambre. Il finit tôt le mardi, alors il m'aide souvent à choisir mes vêtements pour la soirée. Il porte encore son uniforme de lycée, jaune poussin. Je le charrie souvent dessus.

« T'es pas encore habillé ? » s'exclame-t-il en s'affalant sur mon lit. « Tu vas être en retard, Kook. »

« Je le suis déjà. » gloussé-je.

« Laisse-moi deviner... tu veux te faire beau pour tu-sais-qui ? »

Un sourire malicieux étire ses lèvres, tandis que je rougis, incapable de répondre. Jimin finit par se relever, et me pousse sur le côté pour accéder à mes vêtements. Il les regarde attentivement pendant quelques secondes, puis sort un haut ainsi qu'un bas, qu'il me fourre dans les bras, la moue blasée que je n'y ai pas pensé de moi même.

« Habille-toi. Je t'autorise à prendre mes bottines à plateforme, exceptionnellement. »

Parfois, j'ai l'impression d'être le plus jeune de nous deux. Bien qu'il soit un peu plus enfantin que moi, je suis plus timide, et renfermé sur moi-même. Je rougis pour un rien, et ne suis pas vraiment téméraire. Mon frère est tout mon contraire : il s'assume, n'hésite pas à faire entendre son avis, et est impulsif. Nous sommes des contraires, mais nous partageons quand mêmes des points communs. Par exemple, nous sommes gays tous les deux, et nous avons un goût prononcé pour les vêtements excentriques.

Il sort de ma chambre, me laissant m'habiller. C'est vrai qu'il a de bon goûts vestimentaires, personne ne peut le nier. Ma tenue est simple, mais j'aime énormément. C'est à la fois distingué, et sexy. J'enfile d'abord le pantalon, qui s'arrête juste en-dessous de mon nombril, noir bien évidemment et simili-cuir, puis le haut, qui n'est autre qu'un crop-top aux manches longues et fait entièrement de dentelle noire. Je rougis alors que je me regarde dans le miroir. Les vêtements dévoilent mon nombril, orné d'un joli piercing brillant que je me suis fait le jour de ma majorité.

Je ne me suis jamais habillé d'une manière aussi... provocante. Bien sûr que j'aime me mettre en valeur dans dans habits moulants, mais aucun d'eux n'a jamais dévoilé mon piercing. Même si les mentalités évoluent, la Corée du Sud reste toujours un pays fermé aux changements, surtout l'ancienne génération, mais on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Ils ont été élevés comme ça.

Je file dans la chambre de Jimin, et lui prends donc ses chaussures. Nous faisons pratiquement la même taille, alors c'est plutôt pratique lorsque je veux lui voler ses affaires. Ses plateformes me donnent bien cinq centimètres en plus. Je prends ma veste, mon sac et mon téléphone, avant de déposer un baiser sur son front. Il me regarde m'en aller, les yeux tristes. Il déteste le fait que je travaille dans cet endroit, et encore plus le fait que je me sacrifie pour lui. C'est comme ça, un point c'est tout. Je suis chargé de le protéger, et je ferais tout pour lui, même s'il m'énerve souvent, je dois l'avouer ; c'est normal, dans une relation.

Le bar est assez loin de l'appartement, alors j'ai l'habitude de prendre le bus. J'attire de nombreux regards, notamment à cause de la manière dont je suis habitué, mais je suis rassuré en voyant que la majorité de ces personnes sont des jeunes, et qu'aucun d'eux ne me juge, bien au contraire. Les joues roses, je réponds timidement à ceux qui me sourient. Le soleil baisse de plus en plus sur la ville, et il fait bientôt sombre dans les rues. Je m'empresse de rentrer dans le bar, et vais directement dans les vestiaires pour poser mes affaires. Mara, Chaerin, et Chanyeol sont déjà présents. La première siffle, et son regard glisse sur mes jambes, avec une moue appréciatrice.

Personne ne s'emballe, Mara déjà prise. Elle sort avec un certain Yoongi, un homme assez timide et prodige du piano et du rap. Je l'ai déjà rencontré, lorsqu'il vient la chercher à la fin de son service. Je ne le connais pas assez pour porter un avis objectif sur lui ; pourtant, de ce que je peux voir, il est particulièrement gentil et attentionné avec elle, et la rend heureuse.

« C'est Jimin qui t'a habillé, pas vrai ? » glousse-t-elle. « Ça te va hyper bien, en tout cas. »

Chanyeol hoche vivement la tête, un grand sourire lui mangeant son visage :

« C'est vrai ! Si j'avais pas Baekhyun, j'aurais voulu te mettre dans mon lit. »

« Moi aussi ! » s'exclame Chaerin en ricanant.

Leurs mots me font rougir comme un coquelicot, et je me précipite vers mon casier, leur tournant le dos alors qu'ils éclatent de rire. Je suis rassuré de savoir qu'ils me trouvent beau, et qu'ils ne m'ont pas jugé à cause de mon piercing ni même de mon top qui est normalement réservé à une population plus féminine.

Nous sortons tous les quatre de la pièce, et chacun prend son poste. Je commence par nettoyer les tables, qui ne l'ont pas été la veille. Mara passe le balais, râlant contre les clients sales qui se croient tout permis, et Chaneyol ramasse avec une pelle en plastique les petits tas qu'elle fait aux quatre coins de la pièce.

Le Sangeo va bientôt ouvrir ses portes, et la salle est désormais prête. Mon sang boue d'excitation rien qu'à l'idée de voir V. Je serre mes avants-bras entre mes doigts pour me calmer, alors que les paroles de mon frère me reviennent en tête plutôt brutalement. Mon genou bat nerveusement la mesure tandis que le DJ enclenche la musique. À peine cinq minutes plus tard, le club est déjà presque plein, même si l'on est encore en début de soirée. Tous ici espèrent apercevoir les quatre As, et peut-être même leur parler. Ils ont toujours été quatre, mais les gens continuent à espérer le fait qu'ils ouvrent un jour leur cercle pour eux. L'aura de mystères qui semble flotter sur eux les attire tous comme des mouches.