𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖎𝖝

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À peine entré dans l'appartement, Jimin me saute dessus. Tout tremblotant contre moi, je l'attire contre mon torse et le serre avec puissance. Il sanglote dans mon cou, sans pouvoir ne serait-ce dire qu'un mot. Je serre les dents pour ne pas pleurer également, en vain. Nous nous retrouvons tous les deux à pleurer dans les bras l'un de l'autre. Je m'en veux vraiment de lui avoir fait peur.

Je me détache finalement de lui, et pose mes mains sur ses joues, essuyant ses larmes avec mes pouces.

« Je suis désolé. » murmuré-je.

Nous allons nous installer dans la cuisine, là où cuit paisiblement le repas de ce midi. La table est mise, et l'appartement rayonne sous la propreté. Je pourrais le faire, je lui ai déjà dit, mais Jimin insiste toujours pour m'aider au maximum, et met parfois ses révisions de côté pour s'occuper de l'appartement pour m'ôter un poids supplémentaire. Il sait que mon travail est vraiment dur, il voit bien dans quel état je suis quand je finis mon service ; il commence sa journée au même moment, et il a plusieurs fois voulu sécher pour s'occuper de moi. Nous veillons l'un sur l'autre depuis des années, déjà.

« Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ? » demande-t-il d'une petite voix en s'installant devant son assiette.

Je sais qu'il a été dans l'incapacité d'avaler quoi que ce soit à cause du stress. Mais il a quand même préparé à manger, au cas où je reviendrais entre temps.

« Hier, j'étais malade quand je suis allé travailler, tu t'en souviens. » commencé-je. « Et tu sais aussi que je sers des clients pas très légaux. »

« Les quatre As, c'est ça ? »

Les quatre As. L'un des nombreux surnoms que la population asiatique donne à V, RM, Zico, et G-Dragon. On les appelle aussi les Rois. Au Japon, ils sont pratiquement adulés, surtout par la population féminine.

« Oui, c'est ça, et plusieurs politiques, aussi. »

Je n'ai pas dit à Jimin que l'un d'eux a essayé de me violer, et que V l'a tué comme si de rien n'était. Il aurait été à eux doigts de me séquestrer à la maison, sinon, et nous avons besoin d'argent.

« Hier, je suis allé servir les quatre As, et... je me suis évanoui. » avoué-je. « Quand je me suis réveillé, j'étais chez V, et bizarrement il a pris soin de moi. Il m'a prêté des vêtements, et m'a même proposé de manger chez lui ! »

Mon petit-frère reste bouche bée. Sa fourchette en suspension devant ses lèvres, il me regarde avec de grands yeux, comme s'il n'arrivait pas à croire ce qui m'était arrivé. Bon, je passe évidemment le moment où il m'a appelé chaton et ma réaction à cet instant précis, et également le fait qu'il était assez tactile avec moi. Il n'a pas besoin de savoir ça. Déjà, juste de savoir que son grand-frère a été gentiment hébergé par les personnes les plus dangereuses d'Asie sans rien avoir en retour et surtout sans revenir blessé, c'est quelque chose d'énorme.

« Est-ce qu'il portait son masque ? » murmure-t-il.

« Non, il avait mis sa capuche. »

Jimin enfourne le poulet entre ses lèvres, comme pris dans des réflexions profondes. Il mâche tout en me regardant droit dans les yeux, les sourcils légèrement froncés. Bon sang, j'ai peur de quelle connerie il va me sortir, encore une fois.

« Je pense qu'il a craqué sur toi. »

Je m'étouffe avec le riz. Voilà, qu'est-ce que j'avais dis ? Il sort toujours des bêtises plus grosses que lui. Je prends une gorgée d'eau, alors qu'il me fixe, amusé.

« Ne dis pas de conneries, Chim. » le rabroué-je.

« Je ne dis pas de conneries, Kook. » réplique-t-il sur le même ton. « Est-ce que tu as déjà entendu parler d'une personne qui s'est faite hébergée par V, et qui l'a vu sans son masque ? Personne. T'es sans doute la seule personne à avoir vécu ça en une seule journée. À avoir vécu ça tout court, d'ailleurs. »

Il prend une cuillère de riz, secouant la tête pour appuyer ses dires.

« Ils sont des tueurs. Aucun d'entre eux ne s'embêterait d'accueillir un serveur qui s'est évanoui. Ils se seraient contentés de te laisser par terre, ou d'appeler quelqu'un pour t'emmener. Et puis, je suis sûr que tu ne me dis pas tout. Je te connais, Jungkook, on est frères. Je sais quand tu me caches des trucs. »

Je rougis, et marmonne des choses incompréhensibles, alors qu'il explose de rire. Bon, c'est vrai qu'il a raison sur ce point. Normalement, V ne se serait jamais embarrassé d'un jeune homme évanoui. Mais est-ce que je suis vraiment le seul ? Je ne connais rien de lui, même pas son visage et son nom. Et il ne semblait pas avoir vraiment l'habitude de s'occuper de quelqu'un d'autre que lui-même.

Pourtant, je n'ai pas envie d'espérer des choses qui n'aboutiront peut-être jamais. On n'est pas dans un conte de fée où le prince vient sauver la princesse, donc moi, de sa tour. Dans la réalité, la princesse prend son courage à deux mains et descend d'elle-même. Personne n'aide une personne qu'il ne connaît pas, ici. Et surtout pas des mafieux comme eux.

Dans la voiture, V m'a dit qu'il enverrait quelqu'un me ramener mes affaires, laissées au bar. Bien sûr, j'ai refusé, puisque de toute façon j'y retourne demain, mais il a insisté, et j'aurais presque aimé qu'il me fasse taire en m'embrassant. Mais bon, encore une fois, on n'est ni dans un conte de fée, ni dans un film à l'eau de rose.

le masque du tigre +vkookWhere stories live. Discover now