Chapitre #10 ✔️

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J'ai la gorge sèche. J'aimerais parler, m'excuser, mais aucun son ne sort. Je le serre alors encore plus fort. Dans un geste que je devine hésitant, il passe ses bras autour de ma taille.

« Pardon, je sors, hésitante.

Je me ressaisis un peu et continue:

– C'est vrai que je n'aurais pas du te juger comme ça dès le début. Mais je sais pas trop comment agir avec toi, c'est tout...

Je pense qu'il ne sait pas s'il doit me répondre et me pardonner ou m'envoyer bouler et s'en aller.
Il est partagé, pourtant je sens ses bras se resserrer imperceptiblement autour de ma taille.

S'en suit un gros silence. J'en viens à croire qu'il a décidé de m'ignorer, aussi je m'écarte doucement... mais il me retient. Je sens ses yeux qui cherchent les miens, mais je fixe obstinément le sol. Il prend alors mon menton dans ses mains et me force à le regarder en face.

Instantanément, je me perds dans ces beaux yeux brun, si envoûtants...

Il ne sourit pas. Il ne pleure pas. Il n'est pas joyeux. Il n'est pas en colère. Je n'arrive pas à déterminer quelles émotions le traversent.

Délicatement, son pouce caresse ma joue. Je me sens rougir et respire péniblement.

Et son regard... tandis que je suis gênée et ne sais pas trop où poser les yeux ni quoi faire, lui porte toute son attention sur moi, sans ciller, le visage impassible.
Je crois qu'il attend de voir comment je vais réagir. Eh bien, je ne bouge pas et j'attends.

Il inspire.
– J'en ai trop fait, articule-t-il. Désolé. »

Ses lèvres se referment sur les miennes avec une rapidité impressionnante. Je suis prise de court et, les quelques premières secondes, je ne fais rien.

Il embrasse bien, ça oui. Très bien. Trop bien. Je voudrais prolonger ce baiser éternellement. Pendant un instant, j'oublie tout et je me laisse aller.

Mais bien vite, je reprends le contrôle de moi-même.
Je réalise ce qu'il est en train de se passer.

Un vent de panique accélère les battements de mon cœur et, d'un geste un peu brusque, je le repousse et me lève précipitamment.

Les joues en feu, je détourne la tête afin qu'il ne voie pas mon visage.
Merde, merde. J'ai envie de dire, merde!

C'est ton demi-frère, putain, Chloé. Qu'est-ce que tu as fait? ... qu'est-ce qu'IL a fait, oui!

« Matthieu...? osé-je prendre la parole.

Il me fixe toujours sans aucune trace d'émotions.

– C'était quoi, ça?

Il ne répond pas tout de suite.
Il semble réfléchir.

– Hem...je sais pas trop. C'était juste pour voir comment t'allais réagir. J'ai du mal à tenir une fille dans mes bras sans l'embrasser. L'habitude, tu sais. »

Une boule de colère se forme dans ma gorge.

Alors, c'est ça, son explication? Je ne suis qu'un jouet qu'il avait dans les mains et il s'est dit, 'tiens, je m'ennuie, je vais jouer un peu' ?!

J'ai envie de pleurer. Et de crier. Les deux à la fois. Trop d'évènements en trop peu de temps.
Je refoule un sanglot et inspire profondément.

– Ok, dis-je lentement en prononçant bien chaque syllabe. Si c'est ça que je suis, un jouet pour toi, ok. Tant pis. Je ferai avec. Mais ne me parle plus. Je retire tout ce que j'ai dit il y a quelques instants; apparemment, tu es exactement le type de gars que je croyais au premier abord.

Je refoule mes larmes une bonne fois pour toute. Que des problèmes avec lui!

Je lui tourne le dos et m'éloigne. Direction chez Bea. J'ai besoin de me confier, d'étaler mes sentiments, mon impuissance face à Matthieu. Je dois tout lui raconter. S'il y a bien une personne qui peut m'aider et me réconforter quand je suis dans ce genre d'état, c'est Bea.

Une seule règle est à retenir: il ne faut jamais la contrarier. Elle serait capable de venir et de lui faire toute une scène.

Je souris à cette pensée qui me réconforte un peu.
Je ne sais plus trop où j'en suis. Je ne sais plus comment faire avec Matthieu.

Qu'est-ce qu'il se passe si un demi-frère embrasse sa demi-sœur? Ça ne se fait pas, c'est... contre nature, non?

D'un autre côté on ne se connaît pas trop et on n'a aucune ressemblance... mais tout de même! En plus, je ne l'aime pas. Je le déteste.

Il me dit qu'il n'est pas le playboy que je m'imagine, qu'il est différent, pour ensuite m'embrasser et me montrer une preuve du contraire?

J'accélère le pas, pressée qu'on m'aide et qu'on me remette les idées en place.

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corrigé & relu entièrement le 7 août 2017.

BAD BROTHER | ✔️Where stories live. Discover now