Chapitre #45 ✔️

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– Reste.

Il me regarde, une lueur d'étonnement traverse son regard.
Il devait sûrement s'attendre à ce que je ne veuille plus entendre parler de lui et que je ne le retienne pas.

Je sens le feu me monter aux joues. Je fais pitié. J'ai l'air d'une gamine faible, qui pleurniche tout le temps...

C'est lui qui m'a fait souffrir et c'est moi qui le supplie de rester...

Je voudrais résister. Au moins arriver à ne pas laisser paraître mes émotions. Je lui pardonne tout, toujours, trop vite !

J'ai l'air naïve, voilà le mot : qui pardonne tout comme si c'était déjà oublié.

Honteuse, je fais volte-face et me précipite pour m'enfermer dans ma chambre.
Mais, d'un autre côté, il ne peut pas partir comme ça... si? Il veut fuguer ou quoi?

Nous sommes sa seule maison; où compte-t-il aller, dormir, manger?

Je me pose tellement de questions avec lui. Il a pris une part considérable dans ma vie. Il est plus important pour moi que ce dont j'essaie de me persuader.
Toute cette histoire prend bien trop d'ampleur.

Il aurait suffi qu'il ne soit pas venu.
Qu'il n'y ait pas eu toute cette histoire de demi-frère.
Que je sois pas tombée amoureuse de lui.

Je m'assois sur mon lit et me prend la tête entre les mains.
J'en ai marre, de toutes ces complications. En ce moment, j'aimerais que rien ne soit arrivé, que Matthieu m'aime et reste auprès de moi.

Au fond, je sais que je n'arriverai pas à lui résister.
Au fond, je sais pertinemment que je l'ai déjà pardonné.

« Le cœur a ses raisons que la raison ignore. »

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Les minutes passent, où j'essaie de me vider la tête et respire profondément, les yeux fermés.

J'entends la porte s'ouvrir doucement ; je garde les paupières abaissées et enfouis encore plus ma tête entre mes bras.

Je le sens s'approcher de moi, puis plus rien. On peut juste entendre nos souffles légèrement irréguliers.
Il se racle la gorge et murmure d'une voix à peine audible:

– Tu voudrais que je reste?

Un long silence s'en suit, où il semble hésiter.

– Chloé...

Pitié, non.

– ... est-ce que tu es toujours amoureuse de moi?

Mon cœur s'arrête de battre quelques instants.
Je lève brusquement la tête, mais au passage, me perds involontairement dans son regard.

Il me fixe, les yeux légèrement plissés, sans ciller. Dans les yeux.
De ce regard si profond qui me fait frissonner de tous mes membres et m'engourdit.

– Mon cœur à décidé à ma place, soufflé-je comme si c'était une excuse.

Cela paraît beaucoup l'ébranler.

– Oh.

Peut-être qu'il pensait que je l'avais juste à demi pardonné, mais rien de plus.
En fait, il ne s'attendait pas du tout à ce que j'ai toujours des sentiments pour lui.

C'est évident, pourtant.

Il reste planté en face de moi, mal à l'aise, mais nous ne nous quittons pas des yeux.

La lumière n'est pas allumée, il n'y a que le croissant de lune qui nous éclaire faiblement par la fenêtre.

Je tente de me ressaisir et me redresse, déambulant dans la pièce, les bras ballants.
Ma gorge est sèche et nouée, aucun son ne veut en sortir.

– Je pensais que tu ne m'aimais plus après ce que je t'avais fait, chuchote Matthieu.

J'aimerais lui dire que maintenant il doit choisir entre rester ou partir. Mais, je l'ai déjà dit, rien ne franchit mes lèvres.

Et je voudrais aussi savoir...

– Tu...

Je dois m'y reprendre plusieurs fois avant d'arriver à articuler ces quelques mots à voix haute.

– Et toi, tu m'aimes?

J'ai dit ça en le regardant en face, tout comme lui avant, en essayant de ne pas broncher.

De son côté, il semble complètement perdu.
Il baisse la tête.
J'ai l'impression que mon cœur va tomber, tellement il pèse lourd à ce moment-là.

Ça y est, pensé-je, il ne m'aime pas. Son attitude le trahit.

Il a fui mon regard.
Il a baissé la tête.
Il ne m'aime plus.

Comment ai-je pu espérer un seul instant que ce serait le cas? Il y a deux jours, il m'a lâché pour embrasser une autre!
Il a beau s'excuser... enfin, je pense que ses excuses sont sincères. Mais ses sentiments ont changé. Tout comme les miens sont restés.

Malheureusement pour moi, apparemment.

Il va partir, alors.
Évidemment.
Il va continuer à construire sa vie, loin de moi.
Je n'aurais pas pensé que ça finirait comme ça. J'ai l'impression que tout s'est enchaîné tellement vite.

J'aurais dû m'y attendre de sa part. Il est indépendant, il ne tient pas une semaine avec une fille.
À vrai dire, c'est un vrai miracle qu'il ait tenu jusque là avec moi.

J'aurais du le voir plus tôt.
Nous ne sommes pas faits pour être ensemble.

J'étouffe les sanglots qui me serrent la gorge du mieux que je peux, mais ce n'est pas très efficace.

– Bon... déclaré-je d'une voix vacillante.

Ce que je me sens vulnérable, putain.

— Tu peux y aller, alors... plus rien ne te retient ici, je suppose.

Je renifle le plus discrètement possible mais deux grosses larmes coulent sur mes joues.
Je ne veux pas qu'il voie la douleur qu'il me cause. Je ne veux pas qu'il sente mon cœur se briser et une partie de moi s'effondrer totalement.

J'ai l'air pathétique, vous allez me dire.
Je me sens ridicule. Je laisse les larmes se répandre sur mes joues brûlantes, impuissante.

Mes paroles semblent le faire soudainement réagir. Il s'avance lentement pour s'arrêter à quelques millimètres de moi. Je ne trouve pas la force de reculer, paralysée.

Va-t-il me dire adieu?

Il pose ses deux mains chaudes sur chacune de mes joues et essuie doucement mes larmes, ses yeux à nouveau rivés sur les miens.

Il appuie son front contre le mien. Je frémis. Nos nez se frôlent et nos bouches à quelques centimètres l'une de l'autre.

Ma respiration devient saccadée et mon cœur s'emballe.
Qu'est-ce qui est encore en train de se passer?

Il va partir, mon cœur bat à tout rompre et j'ai envie de l'embrasser.
Je dois arrêter de m'accrocher autant à lui...

Cependant, ce qu'il me dit me laisse bouche bée et bouscule encore une fois toutes les pensées plus ou moins logiques que j'avais réussi à assembler dans mon esprit:

– On pourra dire ce qu'on veut, Chloé, mais je pense qu'il faudra un bon bout de temps avant que j'arrête de t'aimer. Je suis désolé, mais je crois que finalement, tu vas sûrement avoir à me supporter encore un peu plus longtemps. »

Un léger sourire vient s'abriter au coin de sa bouche; il se penche vers moi et dépose tendrement ses lèvres sur les miennes.

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corrigé & relu entièrement le 27 août 2017

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