Chapitre 21 - Why the sun sets Red ?

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Hey, les amis. C'est bientôt le début de la fin, merci de lire TCÂ.

Ladite fin,  particulièrement abrupte, risque de vous déplaire mais... En relisant bien ici et là, peut être vous rendrez vous compte qu'elle n'était peut être pas si imprévisible que ça, finalement. En tous cas, je l'espère fort. Pleins de bisous à vous, bonne fin de vacances ! Ya.

***

Cher journal,

Voilà que je t'ouvre avec précaution ce soir, déliant tes pages du bout de l'ongle. Tu es couvert de poussière, et je me dois de t'expliquer pourquoi. En effet, cela fait longtemps que tu restes caché dans mon armoire à secrets, car je ne n'ai plus besoin de toi.

C'est net, c'est brutal. Véridique.

La dernière fois que je t'ai ouvert, je t'ai parlé d'Axel. J'ai raconté notre rencontre, ce qu'il était pour moi, ce que je voyais en lui. J'ai raconté le soleil, la peinture, la demoiselle du bus. J'ai raconté mes sentiments comme je le faisais tous les jours, j'ai pris mon crayon à papier, j'ai vidé mon cœur, j'ai écrit mes journées. Mais je n'ai pas tenu ma promesse.

Car je n'avais plus rien à raconter.

Tu as été un précieux confident, je te le jure. Et je me sens bien bête de te relire parfois, lorsque mes yeux parcourent tes pages distraitement, quand je revoie dans ma tête ton début neuf et fébrile, le jour où je t'ai acheté à la librairie, en rentrant de mon premier jour de travail. J'avais tellement besoin de toi. Rien n'était net en moi et tout se confondait dans un grand trou couvert de ronces, où je me croyais une belle au bois dormant bien réveillée, la bouche sauvagement bâillonnée par cet ignoble scélérat que l'on appelle communément : « premier emploi. »

Ma mémoire est encore fiable bien sûr, et je me souviens de mon stress et de ma peur, comme si c'était hier. Rien que d'y repenser je me sens en train de trembler, le cœur au bord des lèvres. J'avais apporté avec moi un petit carnet blanc, mon matériel, mes pinceaux, quelques modèles esquissés soigneusement, ainsi que mon nécessaire à dessin. J'étais fin prêt. L'âme saturée de couleurs, l'imagination débordante de teintes, j'entrais dans l'antre éclairé d'une superbe femme, au coin d'une rue gigantesque bordée de parterres colorés. L'air sentait bon.

Je frappais à la porte. Je la voyais. Mon regard fut happé par ses gestes, ma voix brisée par sa beauté. Je me rappelle m'être incliné avec respect, sans un sourire, tandis qu'elle me caressait les cheveux avec amusement. Jamais encore je n'étais tombé amoureux, mais je sentais mes sens s'emballer à l'égard de cette grande dame sans âge, qui se mouvait avec une rapidité intemporelle et dont les cheveux brillants, lustrés de longues boucles rousses, glissaient avec grâce derrière elle. Je la suivais et elle m'expliquait en quoi consisterait mon travail, m'indiquant l'endroit où m'asseoir, la façon dont placer mes pinceaux, l'orientation de la lumière qu'elle souhaitait, ainsi que mille autres petites choses sans grande importance. Faiblement, je bredouillais que je savais tout ça grâce à son communiqué de commande, mais elle m'écrasa son ongle sur la bouche en me priant poliment de me taire. Alors, je m'exécutais.

Je peignis toute l'après-midi, ce jour-là. Ce fut mon plus grand échec en tant qu'autodidacte.

Mais aussi le dernier.

C'est grâce à cette femme étrange aux désirs tyranniques, dont le visage lisse affichait le plus splendide sourire qu'il m'est été donné de voir, que je te rapportais chez moi le soir même, la rage au ventre et le visage strié de larmes livides.

Voilà comment j'écrivis tes premiers mots.

J'ai presque mal à l'idée de te refermer, car tu es comme un petit bout de moi, au fond. Un journal choisit par hasard, au vol, qui tout ce temps m'a aidé à penser, à voir, à peindre. Je n'ai jamais revu la magnifique garce de mes débuts, bien que ce soit elle qui m'ai fait persévérer dans le monde de l'Art. Bientôt sur les petites annonces ont eu pu voir mon nom, mes toiles, et j'ai même pu m'acheter cet atelier au cinquième étage, que je désirais depuis longtemps. Victoire.

Kingdom Hearts - Tu Colores mon ÂmeWhere stories live. Discover now