Utopia -HopeMin-

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S'il pouvait choisir, il aimerait vivre dans un monde ou ses parents seraient fiers de lui. Où son petit frère s'en sortirait à l'école sans finir à l'hôpital toute les deux semaines à cause de cette foutue maladie.

S'il pouvait choisir, il vivrait de sa passion, la danse. Il ne serait pas enfermé dans un travail qu'il n'aimait pas pour soutenir ses parents et les frais médicaux qu'engendrait Jihyun malgré lui. Il pourrait alors donner des millions, tant il gagnerait de par sa renommé. Il voyagerait aux quatre coins du monde, ferait les plus grandes scènes en compagnie de son compagnon.

Si quelqu'un lui laissait le choix, il aimerait s'assumer totalement. Arrêter de voler des baisers à son amant au détour d'un coin de rue, caché à la vue de tous pas un pan de mur, derrière la porte close de son appartement miteux. Il le présenterait à ses parents, et tout irait bien. Ils seraient acceptés, aimés, chéris. Ils pourraient parcourir le parc, mains dans la mains, échanger des regards amoureux sans entendre les remarques déplacées.

S'il pouvait choisir, l'an prochain il épouserait HoSeok. Ils achèteraient une jolie maison et ensembles, ils adopteraient un ou deux enfants. Peut être avec un chien également, et quelques chats. Jiwoo passerait parfois, présenterait sa nouvelle collection en demandant à son frère de poser pour elle et son site internet. Les petits courraient partout et JiMin les emmèneraient faire du cheval le mercredi après-midi lorsque HoSeok serait encore au travail, enseignant quelques pas à des étudiants passionnés.

Si on lui laissait le choix, l'homophobie n'existerait pas. On accepterait tout le monde, quelque soit son sexe, quelque soit son genre, quelque soit ses préférences. Tous seraient égaux et personne n'aurait le droit de cracher sur quelque chose qui ne le concernait pas. La police serait plus vigilante à n'importe quelle forme de discrimination, et les tribunaux plus sévères dans leurs sentences.

Oui mais voilà, JiMin n'avait pas le choix. Et il était là, sur le sol sale et humide de la petite ruelle, la barre de métal martelait son dos, son abdomen, sa tête sans qu'il ne puisse rien y faire. Les insultes fusaient les coups pleuvaient et il n'avait même plus la force de crier. Les rires résonnaient, tous plus forts les uns que les autres et parmi ce brouhaha incessant, les hurlements de son amant, retenu à quelques mètres de là. Il l'entendait, supplier, jurer, ordonner à ce qu'on le laisse tranquille. Mais rien y faisait. Ça le brisait, encore et encore. Une côte, une jambe. Ses poignets puis un bras. Sa respiration se fit plus difficile alors que ses bras n'étaient plus assez puissants pour protéger sa tête des assauts tous plus violents les uns que les autres. Il abandonnait, lentement.

Et finalement, ce fut son crâne. Une fois, deux fois. Puis une troisième qui fut la dernière. Sa vision se brouilla, il n'entendait rien d'autre qu'un sifflement continu tandis qu'il fermait finalement les yeux, rejoignant cette douce utopie qui n'existait finalement pas.

𝙳𝚛𝚊𝚋𝚋𝚕𝚎𝚜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant