CHAPITRE 11

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Un bref coup d'œil sur sa montre signifia à Ada qu'il était bientôt l'heure de sa pause. Elle ne partait jamais chez elle à midi compte tenue de la distance. Mais dorénavant il lui fallait rentrer nourrir son nouveau mari. Elle se leva de son poste de travail pour rejoindre son patron à l’arrière de la boutique où il mettait ses viennoiseries au four. Timidement, elle se racla la gorge pour attirer l’attention du vieil homme.

- Monsieur Johnson ?

- Oui ma petite ? lui répondit affectueusement Jeff avant de se retourner.

- Je voulais vous prévenir qu'à l'heure de ma pause, il faudrait que je rentre. Je viens de me rappeler que je n'avais pas fermée à clé la porte de ma maison. C'est vrai qu'il y'a les chiens, mais je préfèrerais aller la verrouiller. Menti-t-elle en sachant que cette excuse fonctionnerait, vu que son patron s'était fait cambrioler il y'a deux ans. Et depuis, JJ comme tout le monde l’appelait, était devenu un fervent défenseur des portes barricadées.

- Bien-sûr. Il n'y a pas une trop grande affluence de clients donc allez-y tout de suite. Je vais passer à l’avant.

- Merci. Murmura-t-elle.

- Vous êtes vraiment une tête en l'air vous. La gronda le vieil homme d’une voix incrédule tandis qu'elle ramassait ses affaires.

D’un pas lent, et sa sacoche passée en bandoulière, Ada sorti de la boulangerie en faisant sonner le carillon accroché au-dessus de la porte, puis elle mit sa main en visière sur son front pour observer d’un œil critique la longue route de bitume qui s’étalait devant elle. D'habitude il lui fallait vingt-cinq minutes pour parcourir à pied la distance jusqu'à chez elle, mais aujourd'hui, la jeune femme n'avait pas le luxe de se payer ce temps-là. Elle abandonna la route, et abaissa le regard sur ses chaussures avant de se décider à faire dès à présent le jogging matinal qu'elle n'a jamais eu la force de faire, et qu’elle se jurait toujours de réaliser. C'est ainsi que moins de vingt minutes plus tard, les joues rouges, la poitrine en feu, et complètement essoufflée, Ada arriva devant sa porte en se soutenant à celle-ci pour reprendre une respiration moins sifflante. En entrant, elle ne prit pas la peine de jouer avec ses chiens comme à chaque fois qu'elle revenait du travail, pressée aujourd’hui de vérifier si le plateau était bien vide, ce qui était le cas.

Il avait mangé le petit déjeuner. Un petit sourire dansa sur ses lèvres lorsqu’elle alla prendre l’assiette vide devant la porte fermée de Nathanaël.
Avec hâte, elle retourna à ses fourneaux, fit revenir dans l’huile un morceau de poulet déjà bouillie, puis réchauffa la purée de pommes de terre accompagnées d'haricot vert sautés qu’elle avait déjà précuit la veille. Sans quitter sa montre du regard, Ada dressa son assiette en y déposant une tasse bouillante de café, ainsi que deux bidons d'eau, alla déposer le tout au même endroit, et le lui signifia. Mais lorsqu’elle elle voulut partir, elle ne put s'empêcher de lui dire autre chose. Aussi, pour éviter de potentiels coups de feu, elle se mit à une distance raisonnable avant d’ouvrir la bouche.

- Au cas où vous demanderiez, les toilettes se trouvent tout au fond à votre droite en sortant de la chambre.

Puis, elle attendit quelques secondes sur le pas du couloir, espérant à la fois le voir sortir, et le voir rester dans sa chambre, avant de finalement se décider à partir. Valait mieux ne pas tenter le diable.

En refermant la porte d'entrée, elle entendit son téléphone portable vibrer dans la poche de son sac.

- Bonjour Ada.

- Salut Mary ! S’exclama-t-elle, réellement heureuse de l’entendre. Comment tu vas ?

- Plutôt bien.

À L'ombre D'un RegardKde žijí příběhy. Začni objevovat