CHAPITRE 15

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Contre sa volonté Ada avait passé la nuit sur le parquet de bois ciré de sa chambre. Son corps avait refusé de bougé, trop tétanisé pour cela. Quand elle ouvrit les yeux le lendemain, elle déplia son bras qui soutenait sa tête, en soulevant sa carcasse endolorie, puis se dirigea vers la salle de bain. En face de la glace, elle effleura du bout des doigts sa gorge d'où on voyait les marques de doigts. Ses yeux rougis, étaient cerclés de son mascara noir qui avait coulé abonnement. Même un panda drogué, sous antidépresseurs avait meilleur mine qu'elle en ce moment. Avec hésitation, elle fit quelques vocalises de sa voix légèrement cassée. Elle repensa à ce qui l'avait mise dans cet état, et elle remarqua qu'elle ne l'en voulait pas du tout. Pour ce qui était de sa voix, avec une bonne tisane de grand-mère, une écharpe, et un peu de fond de teint, ce sera comme si rien ne s'était passé.

Elle se déshabilla pour sa douche, puis sortie s'occuper de ses chiens, et elle alla lui faire à manger comme d'habitude.

Sirotant sa tasse de tisane, Ada sentait les effluves du café chaud autour d'elle, elle faisait de son mieux pour penser à autre chose, mais toutes les questions qu’elle refusait de se poser lui revenaient toujours en pleine face. Comment pouvait-elle lui faire son repas après ce qu’il avait fait hier ?

Et arrêtée au-dessus de sa poêle, la seule réponse qui se dégageait de ses pensées floues, était qu'elle aimait bien cuisiner pour lui. Mais c’était au pourquoi d’une pareille réponse, qu’elle refusa de réfléchir. Quand elle finit, elle dressa son plateau, mais s'arrêta en ne sachant pas si elle devait vraiment le lui donner ou pas. Si elle y allait, il allait croire qu'elle lui avait fait à manger seulement parce que sa menace avait marché sur elle. Elle voulut remettre le repas au frais, mais là aussi elle s'arrêta. Elle n'allait quand même pas le priver de nourriture à cause de son égo. Et pourtant, elle le fit en rangeant le plateau dans le réfrigérateur et reversa la tasse chaude dans la machine à café.

- Il n'a qu'à se débrouiller tout seul. Souffla-t-elle d’une voix cassante en récupérant son sac.

Mais une fois au milieu de son salon, elle ne put faire un pas de plus. Le plateau de nouveau en main, elle ne prit pas la peine de frapper à la porte comme elle le faisait d'habitude, et entra. Arrêtée sur le seuil de la porte grandement ouverte, elle vit Nathanaël immobiliser son tapis de course avant de tourner son visage vers elle. Il était comme à son habitude torse nu. Mais elle évita de le regarder plus longtemps par crainte de défaillir. Elle l'en voulait plus pour son comportement avec sa pute, que pour l'étranglement qu'elle avait subi.

- Je t'ai amené ton petit déjeuner. Mais je ne veux surtout pas que tu te mettes dans la tête que c'est parce que tu me fais peur que je l'ai fait.

Nathanaël fixait l'entrée de la porte sans la voir. Ada frémit face au regard de pure haine qui suintait de lui. Que lui avait elle fait pour qu'il la déteste à ce point ? Elle aurait bien aimée lui poser la question, mais elle se tût car elle savait qu'il n'allait pas la répondre. Elle déposa donc son repas sur la table de chevet, sorti de la chambre et revint avec les vêtements qu'elle avait lavés, plus des draps. Elle dû passer devant lui pour atteindre son armoire et il la sentie.

- Ou vas-tu ? Gronda-t-il de sa voix rauque.

- Je range les vêtements à toi que j'ai lavés. Chuchota-t-elle en le dépassant.

Il tourna de nouveau la tête vers l'origine de sa voix comme s’il pouvait la voir. Avec précaution, elle plia ses pantalons en jean, et ses débardeurs et polo, tous noirs pour la plupart. Une fois les vêtements rangés, elle fit son lit, et lui changea même les draps, tout cela sous le regard aveugle de Nathanaël.

À L'ombre D'un RegardWhere stories live. Discover now