Chapitre 22 - HARRY

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Nous avons quitté un temps froid, sec et ensoleillé, et à l'approche de la capitale, le ciel gris et la pluie nous accueillent. Louis a conduit les deux cents premiers kilomètres. Ça faisait une éternité que je n'avais pas été passager sur cette route. C'est même un peu étrange de faire ce chemin avec Louis à mes côtés. Quand on y pense, c'est notre premier périple ensemble et c'est pour rejoindre Paris et ramener ma fille, avec nous. Louis s'immisce dans ma vie d'une manière si naturelle. La tension des débuts aurait pu donner un tout autre sens à notre relation, mais il a su venir vers moi, me séduire. Je n'ai pas su résister, je n'ai pas voulu résister. Déménager c'était aussi commencer une nouvelle vie, tourner la page sur ma relation passée avec Zayn, et je suis heureux d'avoir croisé le chemin de Louis.

Je jette un regard dans sa direction. Son visage est tourné vers la fenêtre, songeur. Ce n'est pas un week-end romantique que nous nous apprêtons à passer. Je dépose Louis qui rejoint sa sœur Charlotte chez qui il passera la nuit avant de nous retrouver demain chez mes parents. C'est l'occasion pour lui de passer un moment avec sa sœur même si je sais qu'il espérait autre chose de notre week-end parisien avec Éléa.

Mais l'arrivée de Gauthier dans la vie de ma fille risque déjà de la chambouler, je ne veux pas en rajouter. Je préfère y aller en douceur et prendre le temps de lui expliquer une nouvelle fois que, si ses papas ne sont plus amoureux l'un de l'autre, ça ne change rien à l'amour que nous lui portons Zayn et moi. Je veux pouvoir lui expliquer qu'on peut tomber amoureux plusieurs fois dans une vie mais que jamais nos compagnons respectifs remplaceront l'un de nous.

Je glisse ma main sur la cuisse de Louis pour attirer son attention. Il tourne son visage vers moi et m'offre un sourire.

"C'est tellement moche ce paysage, tout plat, tout gris !"

Je ris devant sa réflexion. C'est exactement ce que je répétais à mes parents à chaque retour de vacances. La nostalgie de notre belle Normandie.

"Non mais c'est vrai ! Je comprends mieux pourquoi les parisiens sont aigris !

- Tu exagères ! Paris est une ville magnifique.

- Paris peut-être, mais regarde cette banlieue. Le monde partout. Quelle horreur !"

Je m'apprête à rétorquer mais Louis poursuit.

"Ne me contredit pas Harry ! Tu as déménagé en partie pour ces raisons !

- C'est vrai ! Mais au fond de moi, il y a toujours un francilien en sommeil !

- Et bien laisse-le où il est et espérons que ce week-end passe rapidement !"

Il nous reste une quarantaine de kilomètres à parcourir avant d'entrer dans la capitale. L'aire de repos de Morainvilliers se profile devant nous. Je mets mon clignotant et m'engage vers la sortie. Je gare la voiture et coupe le contact en détachant ma ceinture de sécurité.

"On va prendre un café ?

- Je pensais que tu voulais arriver tôt ?

- Il est tôt Louis. Je suis pas à quinze minutes, d'accord.

- OK."

Nous descendons du véhicule et avant que Louis s'engage sur le chemin, je glisse mes doigts autour de son poignet et l'amène contre moi. J'embrasse ses lèvres doucement, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il enlace ma taille.

"Je suis désolé de t'embarquer dans mes histoires, Louis.

- Tu n'as pas à t'excuser, voyons. Je comprends.

Éléa's BakeryWhere stories live. Discover now