Chapitre 24 - HARRY

4.5K 321 238
                                    

« Tu manges à la cantine, ce midi, ma puce. Tu te souviens ?

- Oui.

- Tu travailles bien d'accord. Je viens te chercher après l'école.

- D'accord. A tout à l'heure mon papa.

- Bisous ? »

Je soulève Éléa et embrasse sa joue. Le réveil ce matin a été difficile. Nous avons failli arriver en retard à l'école et il a fallu que je presse un peu ma fille. J'ai repris le travail aujourd'hui. Je suis partagé entre la joie de reprendre mon activité et enfin pouvoir occuper pleinement mes journées, et la peine de perdre le rythme agréable qu'Éléa et moi avions trouvé.

Madame COLIN a repris du service depuis une semaine mais je déjeunais tous les midis avec ma fille. Là, il n'en est plus question et je sens bien que ça l'attriste.

Ses bras s'enroulent autour de mon cou et elle niche son visage dans mes cheveux. Je l'embrasse une nouvelle fois avant de la reposer au sol. Je reste à sa hauteur et passe ma main sur sa joue.

« Hey, ma puce, tu ne vas pas pleurer, hein ?

- Je veux rester avec toi, me répond Éléa, des sanglots dans la voix.

- Mon p'tit cœur, tu sais bien que c'est pas possible. Tu dois aller à l'école, et moi je dois travailler.

- Mais c'était bien quand tu étais tout le temps à la maison.

- Oui, mais maintenant je dois retourner travailler, mon bébé. Allez ! Regarde Danielle t'attend pour commencer la classe.

- S'il te plaît, papa..., je veux pas y aller..., chouine-t-elle en agrippant mon cou.

- Non, non Éléa. Allez ! J'ai pas envie de me fâcher. Sois gentille, s'il te plaît ! Tu vas retrouver tes amis et passer une bonne journée. Tu vas apprendre plein de choses et tout me raconter quand je viens te chercher. »

Une larme s'échappe et roule sur sa petite joue. Je déteste quand elle fait ce genre de caprice. Ce n'est vraiment pas dans ses habitudes, alors ça a tendance à me faire flancher. Mais là, on ne parle pas de lui offrir une nouvelle poupée ou de regarder un dernier dessin animé avant d'aller dormir. Je ne dois surtout, surtout pas céder.

Je me relève et prends sa main dans la mienne pour la conduire jusqu'à la classe de Danielle. Son institutrice tente de me rassurer à travers son regard. Elle passe sa main sur la tête de ma fille et l'aide à s'avancer dans la classe.

« Tu devrais y aller Harry. Ça va être encore plus difficile si tu t'attardes.

- Oui, tu as raison... je souffle. A tout à l'heure. »

Je tourne les talons et parcours la cour de l'école rapidement, remonte la rue jusqu'à la boulangerie en soufflant pour atténuer le nœud qui se forme au creux de mon estomac.

*

* *

La matinée avance tranquillement. Julien m'est d'une aide précieuse pour porter les sacs de farine et remplir le pétrin. Il surveille le pétrissage pendant que je sors les pâtons que nous avions laissés de côté au repos. Je forme mes pains et baguettes, surveille le four. Je retrouve les gestes de mon métier et l'odeur qui se dégage des fours avec plaisir.

Julien prépare une dernière fournée de viennoiseries alors que Michel confectionne les pâtisseries. Je suis heureux de retrouver mon équipe et plus que satisfait de leur professionnalisme. C'est grâce à eux et à Alain si la boulangerie a pu continuer à vivre pendant mon absence.

Éléa's BakeryWhere stories live. Discover now