Chapitre 9-1

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*Modifié le 15.04.22*


— Et toi, tu empestes ! lui rétorquai-je en plissant le nez, pour ne pas me laisser atteindre par son commentaire.

Cela avait déjà été une erreur monumentale de l'inviter ici, inutile de laisser les choses s'aggraver. L'éclat de tristesse que je vis traverser son regard, me donna des remords, avant qu'il ne le chasse par un petit sourire forcé, un brin moqueur.

— Je n'en attendais pas moins de toi et de ton odorat perfectionné ! Sache que le mien s'est affiné également, raison pour laquelle, je ne serais pas contre une douche. Je voulais la prendre au poste mais... j'ai préféré ne pas te faire attendre !

En effet, me dis-je en consultant ma montre pour la première fois depuis que j'étais rentrée, il avait presque une heure d'avance ! En lisant entre les lignes, cela voulait dire, « si tu pensais partir en douce sans moi, c'est raté ! ».

— Tout droit, deuxième porte à droite. Tu trouveras des serviettes et tout ce dont tu auras besoin à l'intérieur, lui indiquai-je en lui tournant le dos pour me rendre dans la cuisine.

J'entendis son souffle lorsqu'il ouvrit la bouche pour répliquer, mais finalement il ne dit rien. J'écoutai ses pas disparaître dans le corridor démesuré pendant que je me forçais à avancer et ouvrais le réfrigérateur, plus par réflexe qu'autre chose. Je restai quelque seconde à fixer bêtement les clayettes à moitié vide, hésitant à me servir un verre de vin. Finalement, pas plus fan d'alcool que cela, j'attrapai une petite bouteille de jus de fruit avant de refermer la porte et de m'y adosser, frissonnant un instant lorsque mon dos nu entra en contact avec la surface froide et lisse.

N'ayant rien d'autre à faire que d'attendre, je sirotai ma boisson à petite gorgée me sentant parfaitement idiote. J'avais l'étrange sensation d'être une étrangère chez moi, même si cet appartement m'était aussi impersonnel que ma carapace aux yeux du monde extérieur. C'était la première fois que je recevais quelqu'un ici et rien que le fait d'imaginer une autre personne sous ma douche...

Une vision très inappropriée d'eau ruisselant sur le corps musclé de Worth, s'imprima brièvement sur mes rétines, manquant me faire avaler de travers. Non mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? pestai-je en commençant à faire les cent pas dans un staccato de talon pour me calmer les nerfs.

— Un problème ? entendis-je la voix de l'inspecteur me demander, alors que je sursautais et levais la tête vers lui, surprise de ne pas l'avoir entendu approcher.

Il se tenait à la limite du carrelage clair délimitant l'espace cuisine, vêtu d'un smoking dernier cri qui devait coûter les yeux de la tête. Ses cheveux court encore humide de la douche luisaient d'un faible éclat acajou sous la lumière des spots qui s'étaient allumés tout seul à mesure que la luminosité baissait. Il était en chemise, nœud papillon non noué, veste sur le bras et chaussure à la main, ses pieds habillés de chaussettes noires expliquant la discrétion de son approche.

— Quelque chose ne va pas ? Tu as l'air nerveuse, demanda-t-il à nouveau, une inquiétude sincère déformant imperceptiblement sa voix.

— Où as-tu trouvé ce smoking ? lui demandai-je pour ne pas avoir à répondre à sa question.

— Un ami m'a dépanné, me répondit-il avec un petit sourire en s'avançant avant de déposer sa veste sur l'un des tabourets hauts.

— Un ami qui a des goûts de luxe, ne pus-je m'empêcher de commenter, en appréciant un peu trop la coupe du vêtement qui épousait son corps presque à la perfection.

— Une chance que nous ayons des gabarits similaires. Je n'aurais pas voulu paraître ridicule, ou te faire honte ! me balança-t-il avec une pointe d'aigreur en s'accoudant au plan de travail en granit.

— Tu veux un verre de vin ? lui proposai-je d'une voix empruntée en me retournant vers le frigo.

— Non merci. Nous les gueux, nous sommes plutôt bière, tu ne savais pas ? me sortit-il avec un humour piquant, adoucit d'un petit sourire en coin. Je préfèrerai que tu m'expliques la raison de ton stress. Un rapport avec l'enquête ?

Sans lui répondre, j'ouvris quand même la porte d'un geste vif, avant de me saisir d'une canette.

— Attrape ! lui dis-je en la lui lançant. Je n'ai rien contre la bière, je trouvais juste que ça ne cadrait pas avec ton costard ! lui balançai-je à mon tour, avant de lui lancer un regard assassin. Je vais terminer de me préparer, crus-je bon de lui préciser en m'empressant de quitter la cuisine.

Je n'avais pas fait trois pas que sa main encore fraiche d'avoir enserré la cannette se posait sur mon bras nu pour m'arrêter.

— Attend, me dit-il. Qu'y a-t-il encore à changer ? Tu es parfaite comme ça. Dis-moi ce qui ne va pas ?

— Je n'ai juste pas l'habitude de recevoir des visiteurs, ça me rend nerveuse, lui avouai-je finalement. Maintenant, lâche-moi, lui ordonnai-je alors qu'un frisson me parcourait en même temps que des informations et des sentiments qui n'étaient pas les miens débordaient mes protections mentales.

Il avait peur, il était même terrifié et aussi peu à l'aise que moi avec ce qu'il s'était passé entre nous dans la voiture, même s'il en avait été l'instigateur. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire le premier pas, surtout pendant une enquête si importante et auprès d'une femme qui ne voulait clairement pas de lui. Il devenait un étranger pour lui-même. Ses pouvoirs se renforçaient et il n'avait aucune idée de comment les gérer. Il ne connaissait qu'une seule personne susceptible de l'aider... moi et j'avais déjà refusé. Il n'essaierait plus de me convaincre, mais se sentait obligé de me protéger...

Au terme d'un effort mental, invisible mais violent, je coupais le lien en me dégageant de sa prise, le souffle court, avant de m'éloigner de quelques pas en titubant légèrement sur mes talons trop hauts. Vu son regard surpris, l'échange n'avait eu lieu que dans un sens et lui ne s'était rendu compte de rien. Dieu merci ! pensai-je, sentant le rouge me monter aux joues lorsque je pris conscience des pensées qui auraient pu lui parvenir.

— Tu comptais me dire qu'Allistaire et Monroe seraient de la partie ? lui demandai-je sèchement pour dissimuler mon trouble, me servant des bribes d'informations supplémentaires que j'avais capté sans le vouloir.

Je vis la surprise, puis la méfiance, s'inscrire sur ses traits alors qu'il me dévisageait.

— Même si la raison de leurs présences me semble une évidence, comment es-tu au courant ?

J'envisageai instantanément une pique et un mensonge pour faire diversion, mais m'abstins finalement dans un soupir mental. J'avais dit que je ne l'aiderai pas, mais c'était mesquin. Lui, n'avait pas hésité une seule seconde à venir à mon secours. Même si je n'avais pas la moindre idée de comment j'allais m'y prendre, je me promis de tout tenter pour l'aider à apprivoiser ses nouveaux pouvoirs dès que cette histoire serait terminée. La meilleure manière de commencer étant de ne plus lui mentir.

— Tu n'as pas senti ? lui demandai-je en me forçant à faire un pas vers lui.

— Senti quoi ?

— Lorsque tu m'as touché... j'ai eu accès à une partie de tes pensées, lui avouai-je doucement.

— Quoi ?! Tu plaisantes, j'espère ?!

— Pourquoi croyais-tu que je fuyais ton contact ?

— Parce que c'était moi... pour ne pas que le lien se renforce... autre chose, mais pas ça ! Pourquoi ne me l'as-tu pas expliqué plus tôt ?

— Parce que je croyais que tu étais au courant. Tu ne t'en étais pas aperçu, dans l'ascenseur ? À ta façon de me regarder à ce moment-là, j'avais cru que tu avais compris. 

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Coucou ! Je tenais à vous remercier, toutes et tous, mes chers lecteurs en cette période de vacances. Merci d'être toujours là, fidèles sur mes histoires *o* Car en cette périodes estivales où les lectures et les coms se font plus rares; où la concentration n'est pas à son maximum, c'est parfois dur de se motiver :-) Alors merci beaucoup d'être là, vous êtes top !!*o*!!

Bisous, bisous <3

Elémental - Transfiguration Tome 1Kde žijí příběhy. Začni objevovat