Chapitre 22-2

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— Merde ! Quand ? souffla Allistaire d'une voix affligée en reprenant son portable.

— Il y a environ deux heures, lui répondit Worth d'un ton heurté alors qu'il tentait de se lever du lit. Monroe était avec toi ?

— Non, dans la pièce d'à côté.

— Très bien, on la récupérera en partant, marmonna-t-il dans un léger grognement de souffrance lorsque ses pieds touchèrent le sol.

— Tu comptes faire quoi, là ? lui demandai-je, étonnée que mon ton ne soit pas plus tranchant vue l'ampleur de sa bêtise.

— Mon devoir, me répondit-il avec un coup d'œil peu amène alors qu'il chancelait sur ses jambes ayant visiblement du mal à garder son équilibre.

— Mais tu es complètement stupide ou quoi ?! ne pus-je m'empêcher de lui balancer. C'est un coup de Kane pour nous faire sortir de notre trou, c'est évident !

— Hmm... elle n'a pas tort là, chef ! intervint Allistaire d'une voix prudente en reculant de quelques pas devant l'électricité qui semblait crépiter autour de nous à présent.

— Bien sûr que c'est évident ! Mais tu voudrais que je fasse quoi ? Rien !

— Oui, ce serait certainement plus intelligent ! De toute manière ces pauvres femmes sont mortes à présent, quoi que tu fasses tu n'y changeras plus rien.

— Si, trouver et arrêter ce fils de pute !

— Ce que tu ne pourras pas faire à l'heure actuel, dans ton état et de plus devant toute une floppée de caméra ! m'emportai-je, sentant la colère monter.

Quelque part je comprenais son besoin de faire son travail et de, en quelques sorte, rendre honneur aux pauvres femmes mortes pour rien. Mais j'avais surtout peur, peur pour lui, pour nous et pour ce que ce dernier rebondissement impliquait. Kane, quelque soit son plan, passait à la vitesse supérieure et si nous ne faisions rien, dans quelques temps, plus personne ne serait à l'abri.

— Si je ne fais rien, l'enquête sera compromise. Nous sommes la seule équipe habilitée à la mener et si nous ne le faisons pas, c'est l'armée qui prendra le relais et tu sais très bien ce que cela risque d'impliquer. Sans compter que ce taré continuera à semer des cadavres sur notre route comme les cloches des chocolats un jour de Pâques !

— Parce que tu crois que te sacrifier changera quelque chose ?! m'énervai-je, inutilement m'en rendis-je compte, en croisant son regard borné.

— Si on peut éviter d'en arriver là, je préférerai ! essaya-t-il de plaisanter en faisant quelques pas prudents dans la pièce tandis que je resserrais les pans du peignoir autour de moi, secouée d'un frisson.

— Allistaire, peux-tu aller m'attendre dans le couloir ? lui demanda Worth en me lançant un regard inquiet. Et pas de balade, hein ?

Ce dernier quitta la pièce sans un mot, son petit sourire entendu n'échappant pas à mon regard agacé lorsqu'il passa devant nous.

— Tu devrais peut-être prendre une douche chaude, tu as l'air frigorifiée, me dit Worth d'une voix prudente tandis qu'il restait là debout, ne sachant visiblement plus trop se comment se comporter maintenant que nous n'étions plus que tous les deux.

J'avais toujours froid, c'était vrai mais le frisson qui m'avait secoué quelques minutes auparavant n'était pas dû au contrecoup de notre douche glacée forcée. Non, il avait été provoqué par la peur et l'angoisse que je ressentais... pour lui et c'est cette prise de conscience qui m'agaçait le plus.

— Worth, tu ne vas pas faire ça ?

— Tu sais que je n'ai pas le choix, me répondit-il d'une voix désolée mais résolue à la fois.

— On a toujours le choix ! lui répliquai-je d'une voix agressive.

— Si je ne te connaissais pas si bien, je pourrais presque croire que tu es inquiète pour moi ! s'esclaffa-t-il en enlevant son tee-shirt trempé qu'il laissa tomber en un petit ploc sur le parquet de la chambre.

Mes yeux, malgré toute ma volonté, ne purent se détourner du spectacle tandis que se dévoilait sa peau légèrement halée et ses muscles finement dessinés. Il n'était ni spécialement grand, baraqué ou musclé, juste dessiné comme il fallait par une alimentation saine et une activité physique soutenue due à son travail. Cet homme respirait la simplicité, le courage et la bêtise ! me serina ma conscience tandis qu'une saine colère remontait en moi me permettant de cesser ces enfantillage et d'enfin détourner les yeux.

— Non ! C'est ça ? Tu es véritablement inquiète pour moi ? murmura-t-il dans un souffle à quelques centimètres à peine de moi.

Je sursautai légèrement, surprise de ne pas l'avoir vu se rapprocher. Non mais qu'est-ce qui m'arrivait ?

— Merci Hannah, continua-t-il en avançant lentement sa main pour me caresser la joue. Merci d'être restée avec moi... merci d'être... toi, singea-t-il mon expression dans un petit sourire tendre tandis que ses lèvres frôlaient les miennes.

Il ne s'imposa pas, n'alla pas plus avant, attendant certainement que je le repousse, ce que je ne fis pas... encore ! À mon grand désarroi, je fondis sur lui comme une accro en manque, ma bouche s'écrasant sur la sienne tandis que ma langue explorait sa bouche sans douceur, mes mains à présent rivé derrière sa nuque. Ses yeux semblèrent étinceler tandis qu'il m'enlaçait à son tour, approfondissant encore notre baiser si c'était possible. Ne voulant plus penser aux horreurs passées et à venir, à l'avenir de plus en plus sombre qui se profilait pour nous et pour la paix précaire entre les hommes et les métamorphes, je lâchai prise et me laissai totalement aller à ce moment d'abandon et de plaisir intense.

Toujours collés l'un à l'autre nous titubâmes vers le lit sur lequel Gabriel se laissa tomber en arrière m'entrainant avec lui. Dans le mouvement mon peignoir s'entrouvrit légèrement faisant s'assombrir de désir le regard déjà ardent de Worth.

— Que tu es belle, me murmura-t-il en commençant à caresser délicatement ma cuisse partiellement dénudée.

Ces paroles, sincères et tendres, qui auraient dû me faire plaisir agirent au contraire comme une gifle salutaire, me ramenant à l'instant présent et à notre triste réalité.

— Nous ne devons pas faire ça, bredouillai-je en m'écartant de lui aussi vite que le pu tandis que je refermai le peignoir, serrant les pans de coton autour de moi autant que je le pouvais.

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? commença-t-il avant de s'interrompre de lui-même, son regard troublé et frustré braquée sur moi et ma posture défensive.

— Non, non tu n'y es pour rien. C'est de ma faute, je n'aurais pas dû te sauter dessus comme ça, je suis désolée.

— Hannah, qu'est-ce que tu me caches ? me demanda-t-il en se levant avant de s'approcher de moi d'un pas prudent, comme s'il avait peur que je ne m'enfuie.

— Gabriel, ce n'est pas le moment, lui dis-je d'une voix suppliante qui me fit horreur. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

— Hannah, qu'est-ce qu'il t'a fait exactement ? me demanda-t-il d'une voix grondante tandis qu'une étrange couleur dorée illuminait momentanément ses iris.

Ne tenant pas à lui répondre ni à lui mentir ouvertement, je me contentai de reculer en direction de la porte de la salle de bain.

— Je vais me doucher et me changer. Si tu tiens vraiment à jouer les héros, je viens avec toi ! affirmai-je avant de fermer la porte devant son regard inquiet et blessé, fuyant une nouvelle fois...pour le protéger, du moins c'était ce qu'aimait penser ma conscience.  

Elémental - Transfiguration Tome 1Where stories live. Discover now