Chapitre 46-2

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— Tt, tt, tt, je ne crois pas ! retentit soudain une voix moqueuse, alors que trois silhouettes intégralement vêtues de noir apparaissaient fusils pointés sur nous, bloquant la seule issue.

Je sentis la main de Gabriel s'emparer durement de la mienne alors que nous abattions tout deux brusquement nos défenses. Notre lien, encore renforcé par le contact, paru s'embraser. Perdue dans ce maelstrom de sensations et de pouvoirs, je laissai Worth prendre les commandes. J'entendis les détonations des fusils, suivit du chuintement caractéristique des fléchettes tranquillisantes. Mais, malgré leur vélocité, elles ne parvinrent pas à nous atteindre, balayées par le vent tournant que Gabriel venait de créer. Il parvint même à le modeler de telle manière, qu'il renvoya les projectiles vers leurs propriétaires, qui s'écroulèrent comme des masses, cinq secondes plus tard.

— Waouh... ! souffla Monroe en nous fixant d'un regard interloqué. Bon, je crois que c'est évident... vous passez devant ! ajouta-t-elle en s'approcha du tas de soldats, en vrac, en travers de la porte.

Elle se pencha pour ramasser leurs fusils, les rechargea, en passa un en bandoulière avant d'en tendre un à Aaurie et le dernier à Worth.

— Désolée, mais il tire mieux que toi ! se justifia-t-elle, en continuant à leur faire les poches. En revanche, ça, c'est pour toi, affirma-t-elle en découvrant un couteau de combat sanglé à la cuisse de l'un des commandos.

Je le pris sans hésiter et enjambant les corps inertes, nous rejoignîmes les autres dans le couloir. Je savais que la prudence aurait voulu que nous éliminions ces hommes. Ma logique me soufflait qu'ils avaient leurs compte pour plusieurs heures et que nous n'avions pas de temps à perdre, mais ma conscience, elle, connaissait la vérité... trop de morts, de vies gâchées et de souffrances inutiles. Cela se retournerait peut-être contre nous plus tard, mais tant pis, me dis-je alors que nous nous engagions dans le couloir, anxieux et aux aguets. Durant plus de dix minutes, nous avançâmes sans rencontrer âme qui vive. Le silence quasi surnaturel qui régnait entre les murs de béton, était en soi un aveu que quelque chose clochait. Nous en avions tous conscience, mais ne pouvant faire autre chose qu'avancer, c'est ce que nous faisions.

Soudain, Aaurie, qui marchait en éclaireur leva le poing. Nous stoppâmes, cherchant à distinguer ce qui l'avait alerté.

— Vous entendez ? nous chuchota-t-elle, tandis qu'elle resserrait sa prise sur son arme.

Il me fallut plusieurs secondes pour distinguer ce qui l'inquiétait. De petits sons, secs et à peine audible, un peu comme des cliquetis et qui semblait se rapprocher.

« Clic – Clic – Clic – Clic »

Toujours plus près et surtout plus nombreux. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Une machine ? Un transformateur électrique ? À moins que...

— Courrez ! hurlai-je, au moment où mon cerveau surchargé décodait enfin tous les signaux qui aurait dû m'alarmer depuis le début et que le premier loup apparaissait au détour du couloir.

Un grondement sourd s'échappa de sa gorge tandis que nous détallions et qu'il bondissait pour nous suivre dans un patinement de griffes qui lui fit perdre quelques précieuses secondes. Nous courrions, enfilant les couloirs en espérant déboucher sur la sortie, mais plus nous avancions et plus l'air se faisait sec et aseptisé, signe qu'au contraire nous nous enfoncions à l'intérieur du bâtiment. Un couinement plaintif retentit soudain et le loup s'écroula, une fléchette planté dans le flanc. Mais nous eûmes à peine le temps de nous réjouir et de reprendre notre souffle que deux bêtes, encore plus grande que la précédente, apparaissaient échines dressées et babines retroussées.

Elles commencèrent à avancer lentement, leur regard vicieux braquées sur nous. Je vis, Monroe et Gabriel, épauler, viser et tirer. Ils firent mouche tous les deux et nous n'attendîmes même pas que les corps inertes tombent sur le sol pour reprendre notre fuite.

— Vous avez conscience qu'ils nous rabattent vers quelques choses ? nous dit Aaurie en remontant à notre hauteur.

— Évidemment, lui répondit Gabriel. Mais faire durer la chose nous permet de recharger un peu nos batteries métaphysique et d'être aussi prêts que possible lorsque l'on tombera sur le grand méchant loup !

Il s n'avaient pas terminé sa phrase, qu'un nouveau duo lupins se joignait à la fête. Une mâchoire claqua et j'entendis Monroe pousser un cri, les crocs étaient passés à à peine un centimètre de son mollet.

— Ne les laisse pas te mordre ! lui cria Gabriel, alors qu'il lui saisissait le poignet et la tirait vers nous. Ce ne sont pas de vrai loup.

— Des loup-garou ?! s'écria-t-elle d'une voix paniquée alors qu'elle réalisait ce à quoi elle venait d'échapper de justesse.

— Oui ! Alors reste entre nous...

La voix de Worth mourut soudain dans une exclamation étouffée, alors que nous débouchions sur une immense salle circulaire, remplie de consoles, d'écrans et de moniteurs, au milieu de laquelle se tenait une dizaine de personnes, dont... Kane. Lorsqu'il nous aperçut, un rictus déplaisant étira ses lèvres et tira sur le tissus cicatriciel rosâtre qui recouvrait une bonne partie du côté gauche de son visage.

— Tu avais oublié ton écran total ? Aïe ! lui balançai-je pour faire diversion, alors que ma main trouvait et agrippait celle de Gabriel.

— C'est ça, fait la maline ! Tu as beau avoir une grande gueule, tu es finalement à ma merci. Et je dois bien avouer que je t'avais sous-estimé. Tu es bien plus coriace qu'avant.

— Arrête ton baratin, comment as-tu su où nous trouver ?

— Parce que tu crois vraiment que je vais te le dire ? s'esclaffa-t-il en s'avançant vers nous. Patience, ma belle, peut-être que je te le dirais... un jour... si tu es bien sage, susurra-t-il d'un ton volontairement salace qui me fit frémir. Allez viens, tu as perdue de toute façon, me dit-il en tendant la main vers moi.

— Si tu me veux, vient me chercher !

Je vis un éclair de défi traverser ses iris, avant qu'il ne baisse la tête et se mette à rire. D'un rire froid et désagréable qui me prit aux tripes. La main de Gabriel vibrait presque dans la mienne tellement il devait se retenir de ne pas attaquer tout de suite. Mais nous devions attendre. Toute cette mise en scène était... bizarre. Si le but de Kane était toujours d'asservir mon père en se servant de moi pour le faire plier, pourquoi nous tendre ce piège complexe plutôt que de nous suivre jusqu'à son repère ? Je sentais que quelque chose m'échappait.

Kane releva enfin la tête et, souriant toujours, commença à se rapprocher de nous. Un pas après l'autre, son rictus s'élargissant un peu à chaque seconde qui passait.

— Mais avec plaisir, très chère. Si c'est vraiment ce que tu souhaites, dit-il d'une voix étrange et pâteuse tandis qu'il s'approchait toujours, une aura trouble de force et de pouvoir commençant à l'envelopper, tandis qu'il amorçait sa métamorphose avançant toujours droit sur nous. 

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Mes chers lecteurs, j'espère que ce chapitre vous aura plu car... c'est l'un des dernier ! Hé oui ! Encore un ou deux chapitre et cette aventure se terminera O_o Mais il faut bien ^.^ A très vite sur la suite :-) 

Des bisous <3 <3 <3 

Elémental - Transfiguration Tome 1Onde histórias criam vida. Descubra agora