Chapitre 9-2

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*Modifié le 15.04.22*

Durant quelques instants, il ne fit que m'observer, les yeux légèrement écarquillés, avant que de petites rides d'expressions, caractérisant une intense réflexion, n'apparaissent entre ses yeux.

— Tu veux dire que tout à l'heure, dans la voiture, tu as aussi...

— Non, m'empressai-je de lui répondre. Un peu trop vite, vu son expression suspicieuse. Je ne sais pas pourquoi cela se produit à certains moments et pas à d'autres. Je croyais même que c'était à double sens, mais apparemment non. Donc évite juste de me toucher et ça devrait aller.

— Et c'est tout ? s'exclama-t-il avec une pointe de colère dans la voix. Tu ne vas pas chercher à comprendre le pourquoi de cette... connexion ?

— Pour quoi faire exactement ? C'est certainement encore une conséquence de ce stupide lien de sang. Essayons de ne pas être trop proche et cela devrait s'estomper.

— Tu es certaine d'être un aigle ? Parce que là, clairement, tu as plutôt toutes les caractéristiques de l'autruche, si tu veux mon avis ! me balança-t-il, son regard frustré et agacé toujours braqué sur moi.

Sa remarque blessante fit mouche, même si j'essayai de ne pas le montrer. Elle faisait d'autant plus mal qu'il avait parfaitement raison. Ce n'était pas en évitant le problème, qu'il allait se résoudre tout seul.

— Tu as raison, finis-je par lui répondre les dents serrées. Tu as raison depuis le début. Je n'aurais pas dû fuir comme je l'ai fait, j'aurais dû répondre à tes coups de fils mais... j'avais peur et j'ai toujours peur des conséquences de ce que nous avons fait, même si je ne regrette rien, m'empressai-je d'ajouter. Je te promets d'essayer de trouver des réponses quand toute cette histoire sera terminée.

— Tu es sérieuse ? Ou tu dis juste ça pour me faire plaisir et t'enfuir dès que tu n'auras plus besoin de moi ?

— Je ne suis pas comme ça ! Je...

— Tu es loyale avec les membres de ta communauté, mais je n'en fais pas parti, donc...

— Non, ce n'est pas ça ! Tu peux me faire confiance, lui affirmai-je. Si je te promets quelque chose... je le ferai.

Malgré un certain scepticisme subsistant dans ses yeux, il acquiesça d'un petit signe de tête avant de retourner près du plan travail où il ouvrit sa canette dont il but une gorgée.

— Tu ne vas pas finir de te préparer ? me demanda-t-il, un éclat moqueur dans le regard.

Me sentant un peu obligée de justifier mon mensonge, je tournai donc les talons d'un mouvement un petit plus vif que nécessaire en m'engageant dans le couloir. Je l'entendis s'esclaffer, à moins qu'il n'ait avalé sa bière de travers ! Il n'avait qu'à s'étouffer ce crétin, ça lui ferait les pieds ! m'énervai-je toute seule, autant excédée pas son comportement que par le mien.

Nous nous comportions comme des ados boutonneux, une vraie honte ! me lamentai-je, tandis que j'ouvrais mes tiroirs sans réel but. J'avais plus de soixante ans, bon sang ! Même si cela restait jeune à l'échelle métamorphe, je n'étais plus une gamine depuis longtemps, depuis ma rencontre avec Kane.

Cette réminiscence désagréable eut le mérite de me ramener sur terre et de me remettre efficacement le cerveau à l'endroit. J'attrapai rapidement un bracelet en argent finement ciselé qui irait très bien avec ma tenue et le fit remonter jusqu'à mi-bras, là où était sa place, afin de justifier ma venue, puis ressortit de la pièce.

Lorsque je rejoignis l'inspecteur, il était toujours accoudé au plan de travail, à l'exception qu'il avait enfilée et lassée ses chaussures.

— Le changement est subtile, mais ravissant, ajouta-t-il pour adoucir sa remarque, sensée me faire comprendre qu'il n'était pas dupe.

— Ravie que cela te plaise. Je ne te savais pas branché bijou ? ne pus-je m'empêcher de lui balancer pour faire bonne mesure.

Si nous continuions comme ça, la soirée risquait d'être longue !

— Bon on y va ? ajoutai-je en attrapant un fin manteau blanc dans la penderie du couloir.

— Avant, j'aurais besoin d'un petit coup de main, me dit-il d'une voix un peu gênée qui me fit me retourner aussitôt. Tu... sais nouer ces trucs-là ?

Son air dépité devant son nœud papillon défait me fit éclater de rire. Cela faisait si longtemps que cela ne m'était pas arrivé que le son de mon propre rire me surprit, me faisant presque sursauter.

— Désolée, c'est vrai que ce n'est pas évident quand on n'a pas l'habitude, lui dis-je pour m'excuser en m'avançant vers lui. Ne bouge-pas, ajoutai-je en me saisissant des deux morceaux de soie que je commençai à nouer avec gestes rapides et précis.

— Tu as fait ça toute ta vie, on dirait !

— Quand j'étais petite, j'adorais nouer ceux de mon père et de mon frère. Je me sentais importante et indispensable, lui racontai-je sans réfléchir alors que d'heureux souvenirs me revenaient en mémoire, chassant momentanément les ombres malsaines de ceux de Kane.

— Je t'avoue avoir du mal à imaginer Charles avec un smoking ! rigola-t-il doucement. C'est bon de te voir sourire, me dit-il en posant doucement sa main sur la mienne.

— Ttt... arrête où je vais être obligé de tout recommencer ! le réprimandai-je gentiment en prenant soin de ne surtout pas le regarder. Voilà, c'est terminé, ajoutai-je quelque seconde plus tard en me reculant aussitôt.

— Je crois aussi que c'est la première fois que je t'entendais vraiment rire, tu devrais te plier plus souvent à l'exercice, même si c'est à mes dépends, ça te va bien.

Bien que je me fusse promis de ne pas le faire, je levai les yeux dans sa direction. Il ne tenta rien et se contenta de me fixer d'un regard tendre, qui je ne sais pourquoi, me fit mal.

— On y va ? me demanda-t-il finalement, brisant de lui-même le silence.

Sans un mot je récupérai mon manteau que j'avais posé sur l'un des tabourets et l'enfilai avant de le précéder dans l'entrée. J'appelai l'ascenseur et fit signe à Worth de passer devant moi tandis que je sortais mon portable duquel j'envoyai un rapide sms, avant d'appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. Nous prîmes l'ascenseur et arrivâmes dans le hall de l'immeuble, toujours en silence.

— Tu es prêtes Cendrillon, je t'emmène au bal ! dis-je à Worth en poussant la lourde porte métallique révélant la limousine qui nous attendait le long du trottoir.


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Voilà, c'est reparti ! Désolée pour ce break estival :-) Me revoilà, j'espère que ce chapitre de transition vous aura plu ? Les choses sérieuse vont commencer et d'anciens personnages vont faire leurs apparitions ^.^ A très vite sur la suite ;-)

 Kisssssssssss <3 

Elémental - Transfiguration Tome 1Where stories live. Discover now