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Inès (la bête)


J'avais oublié l'espace d'un instant que je devais encore m'aventurer en plein milieu de la cage au lion. J'essaye de faire comme si leurs regards ne me touchaient pas, mais lorsque je lève la tête et que je donne nez à nez avec plein d'yeux rivés sur moi, je ne peux m'empêcher d'exploser.


— Vous n'avez décidément rien d'autre à faire ! Si c'est le cas, je ne vais pas tarder à vous envoyer vos lettres de licenciement !, je les menace.


Je n'ai trouvé que ça, pour leur faire peur ! Comment je peux travailler dans un lieu où je suis l'attraction de l'année sinon ? Je suis obligée d'être la personne qu'on craint. Car si je les laisse faire et que je leur montre mes angoisses, c'est carrément fichu ! Je dois me montrer forte et sans faille, face à mon personnel ! C'est la règle numéro un pour que je puisse continuer à travailler dans de bonnes conditions.

Ils baissent tous, sans exception, leur tête tandis que je file direction mon bureau prendre le dossier dont j'ai besoin pour la réunion. Une fois tout en main, je me dirige vers la grande salle qui se trouve à moins de trois mètres de moi. A peine j'arrive près de la porte, j'entends à nouveau que je suis la risée des gens qui s'y trouvent.


— Tu l'as vu avec ses airs de supériorité. Elle se croit vraiment tout permis ! Il ne faut pas qu'elle oublie, jusqu'à preuve du contraire, que c'est son père le patron et non elle !

— Tu as fini de dénigrer ta responsable ! Si tu n'es pas contente, tu n'as qu'à partir, je ne pense pas qu'on te retiendra !, prend ma défense l'unique ami que j'ai.


David est mon assistant. Je sais que je peux compter sur lui. Il est toujours prêt à m'aider en toutes circonstances. Je suis fière de l'avoir dans ma vie. C'est mon confident et meilleur ami, avec lui je me sens en sécurité. Je sais que rien de grave ne peut m'arriver en sa présence. Il est tout à fait le type d'homme que j'apprécie, il est beau, charmant, gentil, intelligent, généreux et il a un regard de braises qui fait craquer plus d'une femme, mais malheureusement pour moi, il est gay ! Détrompez vous, je suis très heureuse pour lui, car il semble très heureux dans sa vie mais pour une fois qu'un homme me plaisait et que ce n'était pas un crétin de première, il faut qu'il aime les hommes. C'est bien ma veine !


— C'est la première à se jeter sur nous lorsqu'on a deux petites minutes de retard et maintenant tu prends sa défense ? Je savais que tu étais un idiot mais à ce point là !

— Premièrement, elle ne te tombe pas dessus pour un simple retard, il faut dire que tu les as accumulé ses derniers temps et deuxièmement je ne suis pas un idiot, l'idiote ici, c'est toi ! Tu ne peux pas attendre assise sur ta chaise qu'elle arrive, au lieu de t'emporter comme une gamine de cinq ans à qui on a promis un jouet et qui finalement ne l'aura pas ! On est pas dans une cours d'école ma vieille, ici, c'est les durs lois du travail !


Waouh ! J'aurais pas fait mieux ! Ça le mérite de lui avoir cloué le bec à cette garce de Julietta. Et ni une, ni deux j'entre dans la salle, ce qui met immédiatement un point final à cette conversation.


— Bonjour à tous ! Désolée pour mon retard, le boss a voulu s'entretenir avec moi.


Le faite que j'étais avec mon père cela met fin à l'énervement de certains vis à vis de moi. On ne dit pas non au patron !

Je m'assieds et la réunion débute. Je ne suis pas grand chose à vrai dire, cela m'ennuie à mourir. Ils étaient censés me montrer des chiffres et leur seul conversation porte uniquement sur la matière à produire. Je me fous de savoir s'ils vont utiliser du tissu, du cuir, du liège ou de la paille pour fabriquer la nouvelle collection, moi j'ai besoin de savoir à combien va s'élever les coûts de production, un point c'est tout !

ABEL ET LA BÊTEWhere stories live. Discover now