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Abel


— Tu m'as menti ! Tu te débrouilles plutôt bien, pour quelqu'un qui disait, ne pas savoir danser !


Je suis impressionné ! Certes, elle n'a pas le déhanché de Beyoncé, mais elle a le rythme dans la peau.


— Non ! Si tu appelles ça, me montre t-elle son corps en mouvement, danser, c'est que tu as perdu la tête !

— Arrête de te dénigrer ! J'ai vu des personnes qui prétendaient être Fred Astaire, et bouger comme des manches à balai. Toi, tu as au moins le mérite d'être dans le rythme.


Je lui attrape la main, avant qu'elle est le temps de répliquer, et la pousse vers moi, nos corps s'entrechoquent, tandis que nos yeux se défient, cette lueur, je la connais. Mais pas le temps de tergiverser sur le sujet, que je la fais virevolter, puis la ramène à moi. Je fais ceci, deux, puis trois fois, afin qu'elle se décontracte. Elle paraît un peu secouée dans un premier temps, mais à force, elle se détend et prend même du plaisir.

Le DJ change de disque, elle a un mouvement de recule. Je l'attire tout contre moi, en la serrant au niveau du bassin, et lui demande de me fixer de son doux regard. Ce qu'elle a beaucoup de mal à faire. Elle se soucie plus de ses pieds que de moi.

Mais pourtant nos yeux se croisent à nouveau, et là, elle, tout comme moi, nous sommes reliés par un fil invisible l'un contre l'autre, nos lèvres se touchent presque, quand j'aperçois sur son visage une lueur de détresse, je décide de rompre cet étonnant lien qui nous unit, en reculant d'un minuscule pas. Elle paraît sensible à mon geste, mais semble tout de même déçue. Je tente une diversion avec la danse.


— Oublie tes jambes, et laisse-toi guider !

— Et si je te marche dessus ? se préoccupe t-elle.

— Ce n'est pas grave ! Je n'irai pas porter plainte ! Promis ! je lui souris, afin qu'elle se calme et se laisse aller à la douce mélodie.


Je la sens très nerveuse soudainement. Est-ce notre proximité qui la met dans cet état ? Mais je ne connais qu'une façon de danser sur cette musique langoureuse, il faut se coller amoureusement à sa partenaire, ce que je fais. Mais elle n'est pas du même avis, je crois.


— Inès, tout va bien ?

— Oui ! dit-elle d'une toute petite voix.


Je lui soulève légèrement le visage pour constater de mes propres yeux, comment elle va ? J'ai la désagréable surprise, de la découvrir en larmes. Pourquoi pleure t-elle ? Qu'est-ce que j'ai encore fait ?


— Qu'y a t-il ma belle ?


Je n'aime pas la voir ainsi. Elle semble apeurée, décontenancée... Qu'est-ce qui a provoqué ça ?


— Si tu ne veux plus danser, on peut aller se rasseoir ? je lui propose, pensant que j'ai peut-être abusé en la collant à moi.


Elle reste un bout de temps silencieuse, reposant sa tête sur mon épaule gauche. Que lui arrive t-il ? J'aimerais pouvoir l'aider, mais si elle ne me dit pas ce qu'elle a, comment puis-je le faire ?


— Je suis désolée ! finit-elle par me dire, tout en se dégageant de mon étreinte.


Elle disparaît à une vitesse incroyable au plein milieu de la foule, que j'ai du mal à la suivre du regard. Quant à moi, je reste statique, je n'y comprends plus rien ! Que vient-il de se passer ?

Elle était bizarre depuis notre arrivée dans ce lieu, mais de là, à me laisser planté ici, tout seul, comme un moins que rien, c'est étrange.

Je retourne à notre table, mais elle n'y est pas. Où peut-elle bien être ? Est-elle vraiment partie ?

Elle me doit une explication ! Après avoir retourné la salle de fond en comble, et ne la découvrant nulle part, je décide de partir à mon tour. 




Publié le mercredi 15 mai 2019


ABEL ET LA BÊTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant