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Inès (la bête)


— Inès, attends ! me court après Lili, alors que je suis sur le point d'aller m'enfermer dans ma chambre.


Qu'est-ce qu'elle me veut encore ? Ça ne lui a pas suffit de me casser les pieds avec Abel pendant tout l'office et tout le trajet jusqu'à la maison. J'en peux plus ! Qu'est-ce qu'elle ne comprend pas, quand je lui dis que je ne veux plus entendre parler des Faro ? Je dois lui dire en quelle langue pour qu'elle le comprenne ?

Je m'arrête, me retourne, et la scrute en attente qu'elle se décide enfin à me dire ce qu'elle me veut...


— Tu ne peux pas aller te cacher dans ta piaule ! C'est Noël enfin !


Cette année, Noël n'est pas tombé très bien. Je n'ai pas le moral pour fêter quoi que ce soit. Mon cœur est en mille morceaux et je n'ai qu'une seule envie, c'est que cette foutue année se termine. Dans l'espoir que la suivante m'apporte bien mieux...


— Elle a raison, viens boire un verre avec nous ? me demande mon père qui ne sait plus comment me gérer.


Je sais qu'il se sent impuissant, qu'il voudrait m'aider, mais n'y arrive pas. Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer. Il a tout fait pour que je retrouve le sourire, mais c'est plus fort que moi, je ne parviens pas à aller mieux. Même mon visage de façade que j'ai l'habitude de mettre quand tout va mal a disparu. Rien n'y fait ! Je reste triste à en mourir. Sans solution contre mon mal-être.

Je ne pensais pas que je l'aimais autant. Je croyais que c'était qu'une passade, qu'il me plaisait car il s'intéressait à moi, à mes envies, à mes loisirs... Mais non, j'étais bel et bien amoureuse ! Et je le suis toujours !

Je voudrais pouvoir l'effacer de mon esprit, de mon cœur, et de mon corps tout entier à l'aide d'une gomme, mais ce n'est pas possible. Je l'ai dans la peau !


— Inès, tu ne peux pas te laisser aller ma chérie ! revient mon paternel à la charge.


Il s'obstine à me dire comment je dois me comporter. Je n'ai pas besoin qu'on me le dise, je le sais. Mais ce n'est pas si simple ! Je suis anéantie par le chagrin. Si le premier jour, j'ai réussi à tenir à peu près bon, ces dernières quarante-huit heures, on été un vrai supplice. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée !

David et mon père, on l'air de penser que c'est car je réalise enfin qu'il ne reviendra pas ! Et que malheureusement, je vais devoir vivre avec. Mais j'étais préparée à ça, en tout cas, je l'imaginais...


— Va pour un verre ! je finis par abdiquer afin de ne plus avoir cette pression sur les épaules.


C'est trop lourd à porter ! Je ne veux pas être celle qui a gâché le noël de toute sa famille avec ses propres problèmes.

Les sourires qui s'affichent sur leur visage me donnent tout de même du baume au cœur. Je suis ravie d'avoir pu les contenter avec si peu.


— Mais un seul ! je poursuis pour qu'ils comprennent tous les deux, que je suis prête à faire des efforts, mais qu'il ne faut pas trop m'en demander pour autant, du moins, pas tout de suite !

ABEL ET LA BÊTEWhere stories live. Discover now