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Abel


— Tu ne m'avais pas dit qu'on devait dîner seuls avec ton père ? Que font toutes ces voitures ici ?


Ah ! Elle me reparle maintenant ? Finalement, elle n'est pas trop du genre à faire la tête éternellement. Ce qui me réjouit.


— Je suis aussi surpris que toi !

— Tu m'excuseras auprès de ton père, mais je ne peux pas apparaître comme ça devant des inconnus !


Elle rigole ? Je croyais qu'elle avait surpassé toutes ses idioties...


— Tu as vu ma figure ? en rajoute t-elle.


Elle sait pertinemment qu'il n'en est rien. Elle est la seule à s'inquiéter de ses âneries. Personne ne fait attention, à moins qu'elle en fasse tout un pataquès.


— Inès, tu es sublime !

— Tu plaisantes ?

— Non !

— Je ne ressemble à rien ! Mes cheveux sont complètement indisciplinés, on me croirait sortie du lit, et...

— C'est le cas, non ? j'ose la couper en plein milieu de son énumération de tout ce qui ne va pas chez elle.

— Abel ! Je ne suis pas d'humeur !


Si on ne peut plus rigoler ! Qu'est-ce qui lui prend ? Ce que les autres pensent d'elle, je m'en tape ! L'important, c'est qu'on s'est enfin retrouvé, le reste on s'en fiche !


— Moi, non plus ! Je suis déçu ! Je pensais que l'important pour toi, c'est ce qu'on ressent l'un pour l'autre, et non, ce que les gens puissent ou non dire.

— Et c'est le cas ! Mais c'est le réveillon !

— Et alors ?

— Je devrais être un peu plus apprêtée et toi aussi d'ailleurs !

— Je ne te plais plus ? Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre dans la chambre d'hôtel !

— Tu es bête ! me lance t-elle toute gênée, mais pas sans un petit sourire.


J'adore lui faire cet effet. J'ai seulement peur que le jour où je n'aurais plus cette emprise sur elle, qu'elle finisse par ouvrir les yeux. L'amour peut-il être éternel ? Je n'en ai pas la moindre idée... Mes parents se sont aimés toute leur vie, du moins c'est ce qu'ils m'ont toujours affirmé, mais était-ce réellement de l'amour ou bien uniquement une forte tendresse ?

Tout ce que je peux dire à l'heure d'aujourd'hui, c'est que je suis heureux d'être avec Inès. Elle me rend complètement dingue par moment, mais me donne surtout la sensation d'être vivant. Je ne saurais l'expliquer... Bien sûr que je vis sans elle, mais l'impression que j'ai quand je suis auprès d'elle est totalement différente, mon cœur bat à tout allure, ce qui me procure de l'exaltation, de l'adrénaline... Je pense que près d'elle, je serais capable de tout affronter, tellement mon corps est en effervescence. Est-ce la naissance d'un amour éternel ou seulement une passion qui va s'éteindre au fil des mois ?


— Abel ? m'appelle t-elle. Tu as l'air soucieux ? Toi aussi, tu penses que c'est absurde qu'on se présente ainsi devant les convives de ton paternel ?

— Non ! On y va ! Et je n'admettrais aucune excuse ! Tu es parfaite !


Je descends de ma Aston Martin et file lui ouvrir la portière. Elle ne sait pas ce qu'elle doit faire, elle met un temps considérable à se décider à sortir, et quand je suis sur le point de dire qu'il faut qu'elle se dépêche, car nous ne sommes pas très en avance, même en retard, elle sort telle une véritable princesse de mon bolide, en faisant attention à bien mettre les deux jambes côte à côte.


— Tu ne viendras pas te plaindre si les gens présents dans cette maison disent que je suis la fille la plus négligée de la soirée !

— Je ne m'en fais pas pour ça ! Tu es divine !

— Tu as fini avec tes compliments à deux balles ! Je ne ressemble à rien !

— Si ! A une princesse venant de s'envoyer en l'air avec le plus magnifique des princes !


Elle me donne une tape sur l'épaule. Un geste qui devient une habitude lorsqu'elle désire que j'arrête mes sottises.


— Seulement si tu es le prince des grenouilles, non, des crapauds ! fait-elle descendre mon estime à quatre-vingt-dix-huit pour cent au lieu des cent pour cent habituel.

— Pourquoi tu ne l'admets pas ? Je suis l'homme le plus séduisant que tu connaisses ! j'en rajoute une couche, afin de lui faire comprendre qu'elle ne m'atteint pas avec ses remarques débiles.

— Prétentieux !

— Et je suis fier de l'être, ma belle ! Il va falloir t'y faire !


Je la prends par la main, ne la laissant pas répondre, et nous nous dirigeons vers la porte d'entrée. Elle tremble un peu, sûrement de peur, et avant de franchir le pas de la porte, je me tourne vers elle et l'embrasse d'un tendre baiser. Ce qui la calme instantanément. 



Publié le mercredi 23 octobre 2019


ABEL ET LA BÊTEWhere stories live. Discover now