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Abel


— Et vous ? On ne vous a jamais apprit qu'on n'écoutait pas aux portes ?, me lance Liliana très en colère en quittant la cuisine.


Cette fille a vraiment une dent contre moi. Je ne sais pas pourquoi elle réagit de cette façon...

Après ce que je viens d'entendre, je peux dire avec certitude qu'elle veut la même chose que moi. Que cette idée de mariage est ridicule ! Alors pourquoi s'en prendre à moi de la sorte ? Je n'y comprends rien !

Inès qui est restée devant son four me dévisage du regard avant de le détourner au moment même où je me tourne vers elle. Elle est toujours aussi gênée face à moi et ça en devient très touchant.

Par la conversation que j'ai surpris entre les deux frangines, je devine que l'aînée des filles Martins a beaucoup souffert par l'agression qu'elle a subit étant enfant. Je sais que leur mère est morte devant ses yeux et que le malotru s'en est également pris à elle avant de disparaître dans la nature. Je ne peux imaginer la souffrance qu'elle a pu ressentir à cet instant et ce qu'elle a vécu par la suite... Mais rien ne justifie le faite qu'elle est devenue une personne aigrie, méchante et super irritable, du moins c'est ainsi qu'on me l'a représentée.


— Que pensez-vous de ce désir absurde que mon père a, de nous marier ?, je tâte le terrain.


Je veux savoir pourquoi une femme comme elle, qui peut avoir tous les beaux prétendants de la planète s'est lancée dans cette aventure plus que ridicule.


— Je crois que votre paternel ne désire qu'une seule chose avec cette histoire, vous mettre un peu de jugeote dans votre tête, m'avoue t-elle tout en gardant ses yeux fixés au sol.

— Ma vie me satisfait telle qu'elle est !

— Vraiment ? Alors pourquoi êtes vous ici ?, lève t-elle finalement son visage vers moi.

— J'étais curieux de connaître la bête dont tout le monde parle !, je décide contre tout attente d'être honnête.


Son visage se transforme et je découvre une autre facette du monstre dont on m'a parlé. Elle a l'air complètement différente, très nerveuse, comme possédée... Et quand elle me sort avec un méchamment ton :


— J'espère avoir satisfait votre curiosité ! Maintenant, vous pouvez quitter ma maison !


J'en conclu que je suis allé un peu trop loin, je n'aurais jamais dû employer le mot bête pour la décrire.


— Oui beaucoup ! Et je pourrais vous retourner la question ?

— Car je suis un monstre et je vais vous manger tout cru !, ironise t-elle, du moins je crois qu'elle plaisante mais son comportement me fait craindre le pire.


Même si elle est devenue complètement hystérique, étrangement je décèle dans sa voix une fragilité. Elle n'est pas la personne qu'on m'a rapportée mais elle n'est pas non plus celle que je vois... Je connais très bien ce genre d'individu, car je suis pareil ! Elle se met un masque pour ne pas souffrir encore plus de ce qu'elle a déjà enduré. Cette femme qui est une énigme pour tout le monde, je viens moi, de lire à travers. C'est étonnant ! On se ressemble beaucoup, plus que je l'aurais imaginé.

ABEL ET LA BÊTEOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz