Hope n'attend plus rien de la vie. A seulement 19 ans, elle ne souhaite qu'une chose.
Que sa vie se finisse rapidement. Elle n'est plus rien sans lui.
Elle délaisse ses études pour sombrer petit à petit.
Mais c'est sans compter sur une ombre noir...
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Je relis plusieurs fois le mot avant de le retourner dans tous les sens pour voir s'il y a une signature, un indice m'indiquant de qui vient ce mot. Voyant qu'il n'y a rien, je fais subir le même sort à l'enveloppe.
Mais rien! Il n'y a rien nulle part.
Je suis sûre d'un chose, je ne connais pas cette écriture. Pour être honnête, je ne reconnais que très peu les écritures mais celle là, elle est différente. Elle est appliquée comme si la personne avait pris une éternité à écrire ces quelques mots. Je pose la lettre sur la table basse et porte mon doigt à ma bouche.
Bordel! J'avais arrêté de me ronger le pouce mais depuis la mort de Tony, je n'ai pas pu m'empêcher de reprendre cette mauvaise habitude.
Sans que je ne m'y attende, un long frison me parcourt l'échine. Une sorte de souffle s'abat sur ma nuque. La pièce semble s'être refroidie en quelques secondes. Le ciel s'est assombri avec la tombée de la nuit. Mes poils se hérissent et j'ai l'impression de ne plus être seule dans cet appartement.
Je regarde autour de moi, mais je ne vois rien et n'entends rien. Je me lève lentement. Un nouveau courant d'air se fait sentir. Je vois le rideau de la baie vitrée bouger. A pas de loup, je m'approche du rideau et d'un coup sec, le tire vers moi. Rien.
Je regarde à droite, à gauche mais je ne vois rien d'anormal. Je suis en train de devenir folle. Il n'y a sans doute jamais rien eu à part peut être le fruit de mon imagination.
A moins que ce ne soit le fantôme de Tony. Je n'ai jamais cru à toutes ses histoires de spectre qui hantent les vivants ni quoi ce soit mais je crois que je suis prête à croire à tout ça juste pour me dire que Tony est avec moi.
Je laisse retomber le rideau et appuie ma tête sur la vitre glacée. Les lumières de Boston commence à prendre vie. Mon appart' est pas très loin de l'université de Boston et celle de Harvard Médical School. Nous avons choisit l'immeuble à cause de sa proximité avec nos établissements scolaires et d'autres critères beaucoup moins importants.
Tony n'allait pas à la même université que moi. Il avait eu la chance d'être reçu à Harvard Médical School, cependant, il tenait à toujours me déposer en cours le matin et quand il pouvait, à venir me chercher le soir. Cela lui faisait faire un détour et plusieurs fois je lui avais dit que je pouvais me rendre à l'université sans lui mais il ne m'a jamais écoutée.
Ayant passé mon permis voiture et mon permis moto, j'aurais très bien pu me rendre à l'université sans lui mais monsieur avait décrété qu'il serait mon chauffeur. Avec la mort de Tony, je me retrouve avec deux moyens de transport dont je n'aurai presque aucune utilité. Tony utilisait seulement sa moto et moi je ne prenais que très peu la voiture étant donné qu'il m'emmenais où je voulais quand je voulais.
Je finis par me détacher de la vitre et me dirige vers la salle de bain. Je m'arrête devant la chambre de Tony et récupère un de ses tee shirts. Je stoppe devant son bureau. Depuis qu'il est mort, je n'ai pas eu le courage de faire plus que prendre ses vêtements. Je m'assois sur la chaise roulante. Le bureau est parfaitement rangé aucun papier ne dépassent des cahiers, tout le contraire de moi.
Tony a toujours été un peu maniaque sur les bords. Il s'arrachait les cheveux en voyant l'état de mes affaires ou de ma chambre. Parfois je faisais exprès de laisser traîner mes affaires pour le faire enrager. Je dois dire que ça marchait à chaque fois et parfois tant il en avait marre, il se mettait à ranger ma chambre et à organiser mes cahiers.
Je remarque qu'il a une photo de lui et moi à coté de sa lampe de chevet. Elle date un peu vu que j'avais des mèches roses. Mèches que j'avais été obligée de faire suite à la perte d'un pari avec lui. Pour être honnête, j'ai adoré avoir cette couleur. Tony et moi en avions ri pendant des mois.
La photo entre les mains, je repense à tout ces défis que nous nous lancions. Tony me poussait toujours à me surpasser, à vaincre mes peurs. Il était mon seul pilier dans ce monde. Je trouve alors un dessin qui date encore plus que la photo. Je me souviens de la réaction de Tony quand je lui ai offert. Il s'était mis à pleurer. J'avais dix ans à l'époque. Nous nous voyions que très peu. Une à deux fois par mois, trois au maximum.
Je ne savais pas qu'il l'avait gardée. Je retourne le dessin et lis ce que j'avais écrit.
Où que tu sois je te retrouverai toujours parce que nous sommes liés à tout jamais.
Il n'y a pas de Tony sans Hope et pas de Hope sans Tony.
Je t'aime de tout mon coeur grand frère,
Hope.
Je lui avais fait ce dessin car sa famille d'accueil allait déménager et que nous ne savions pas si sa nouvelle famille accepterait de me voire. Nos parents sont morts dans un accident de bateau lorsque j'avais 4 ans. Devoir placer deux enfants dans une même famille était très compliqué, alors les services sociaux nous avaient séparés.
Nous avons souvent été baladés de famille d'accueil en famille d'accueil. Certaines nous laissaient la possibilité de nous voir d'autre non, mais nous avons toujours tout fait pour ne pas perdre contact.
Quand Tony a eu sa majorité, il a fait toutes les démarches nécessaires pour me récupérer. On avait un petit appartement dans une ville au fin fond du Massachusetts la première année. Mais Tony voulait entrer à Harvard Médical School alors on a déménagé. Mon grand frère possédait une bourse d'étude ce qui nous a aidé à payer le loyer le temps que Tony décroche un job.
Mon frère était très brillant trouver un travail n'avait pas été très compliqué pour lui. J'ai fini mon collège et quand j'ai eu l'âge de travailler, je l'ai fait pour aider à payer les factures. Au départ, Tony ne voulait pas mais quand il a vu que je ne lui laissais pas le choix, il a été obligé de céder.
Je remets les affaires de mon frère à leur place et je sors de cette chambre où des centaines de souvenirs m'assiègent. Je rentre dans la salle de bain et active le robinet d'eau de la baignoire pour qu'elle se remplisse.
Je jette un coup d'œil au miroir. Je ne peux m'empêcher de remarquer la ressemblance entre Tony et moi. Je suis lui mais en fille. La même couleur brune des cheveux, les mêmes yeux bleus qui penchent vers le gris. Il y a juste ses traits de visage qui était plus dur que les miens.
Je retire tous les vêtements que je porte et je plonge dans mon bain. L'eau chaude commence à me détendre légèrement. Je laisse partir ma tête en arrière alors qu'une larme coule sur ma joue.
