Chapitre 1 :

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Lorsque la porte de ma cellule s'ouvre, je tourne lentement la tête vers les gardes qui entrent pensant qu'ils viennent apporter mon plateau repas, mais j'étais bien loin de la réalité. Le plus âgé me force à me lever en saisissant un de mes bras d'une manière assez brutale avant que je ne tente de m'écarter de son emprise. Cependant, le second réagit immédiatement et hésite à peine quelques secondes à donner un premier coup dans mon ventre tout à fait conscient de ce dont je suis capable avant d'en asséner un second. Mon corps étant trop faible à cet instant, je me retrouve obligée de me plier en deux tout en mordant ma lèvre inférieure pour m'empêcher de hurler.

Un immense chaos règne dans le vaisseau lorsque je quitte enfin ma cellule après six ans de confinement. Mes pieds traînant sur le sol tandis que les deux gardes me maintiennent debout, je tente par tous les moyens de comprendre ce qui est en train de se passer. De nombreux jeunes de mon âge quittent eux aussi leur cellule afin de suivre le flux des prisonniers qui avancent vers une section spécifique de l'Arche. J'arrive à en apercevoir une allongée dans un brancard tandis que les autres se retrouvent à faire la queue pour je ne sais trop quoi.

C'est une fois proche des autres prisonniers, qui en me voyant arriver eurent un grand mouvement de recul, qu'un homme en blouse blanche avance à grandes enjambées dans ma direction. Si mes souvenirs sont exact il s'agit d'un des médecins de l'Arche, Jordan. C'est lorsqu'il est arrivé à ma hauteur que j'entreprends un geste particulièrement brusque pour essayer de faire en sorte que les deux gardes qui me maintiennent me lâchent enfin, c'est peine perdu.

- Qu'est ce qu'il se passe ici ? je grogne dans la direction du médecin.

- Calme toi Charlie, me dit l'homme en blouse. Toi et tous les autres, nous vous envoyons sur Terre.

Pardon ? Je viens bien d'entendre ce qu'il vient de dire ? Je n'ai même pas le temps de débattre bien longtemps sur le fait que nous sommes dans l'espace depuis seulement 97 ans, qu'une douleur atroce se fait ressentir au niveau de mon poignet m'obligeant à pousser un cri perçant. Je baisse les yeux en serrant les dents et remarque qu'un bracelet métallique est présent à l'endroit de ma souffrance. C'est alors que je suis soudainement prise de nausée et tout mon corps vient à se mettre à trembler. Je peine à m'appuyer contre les parois du vaisseau pour me maintenir lorsque les gardes ont finalement décidé de me lâcher, avant qu'une lumière blanche ne prenne place sous mes yeux me faisant perdre connaissance.

Je reprends mes esprits subitement, ayant le sentiment d'être secouée dans tous les sens, comme si je venais de sortir d'un long moment de sommeil. Je commence à me débattre avec vivacité lorsque je remarque que je suis attachée au fauteuil dans lequel je suis assise. Je lève les yeux afin de découvrir l'endroit où je me trouve et remarque que je ne suis pas la seule présente. Je tente d'apercevoir ou bien de deviner quelques visages familiers, mais étant donné que j'ai passé six années de ma vie en cellule, je n'ai pas fréquenté d'humains depuis un long moment.

Mon regard se pose sur une jeune fille blonde d'environ mon âge, peut être moins, qui parle avec le fils du chancelier Jaha, si mes souvenirs sont exacts. Soudainement, le visage de notre très cher chancelier fait son apparition sur les écrans du vaisseau tandis que sa voix vient nous informer sur notre situation. Nous sommes cent jeunes délinquants en mission sur Terre afin de voir si elle est habitable malgré le fait que cela ne fait pas cent ans que nous l'avons quitté. Jaha nous évoque le nom du Mont Weather, un endroit où se trouvent de nombreuses ressources capables de nous permettre de survivre jusqu'à l'arrivée des autres habitants de l'Arche sur Terre.

Je me mets à pincer mes lèvres, un vieil automatisme qui me prend généralement lorsque je suis préoccupée par quelque chose, et qui ne m'est pas arrivé depuis un long moment. Je me mets à penser à notre arrivée sur Terre et à tout ce qui peut nous attendre là bas. Bien évidemment, je n'exclus pas la possibilité que ce voyage soit peut-être le dernier pour moi ainsi que pour tous ceux présents puisque le vaisseau risque à tout moment de s'écraser sur le sol et de ne laisser aucun survivant. Ce ne serait peut-être pas plus mal.

Lorsque la voix rauque du chancelier finit par se taire nous laissant enfin un moment de repos, deux garçons décident d'ôter leur ceinture afin de flotter grâce à l'absence de gravité dans le vaisseau malgré les nombreux reproches de la blonde. Un d'entre eux s'approche de la prénommée Clarke et s'amuse en provoquant les paroles du fils du chancelier. Je vois que le peu d'années qu'ils ont passées en confinement ne leur aura pas appris à grandir et ainsi à ne pas se ridiculiser avec un caractère d'enfant. Ne pouvant supporter cela plus longtemps, je décide de faire abstraction de ce spectacle.

Je porte mon attention sur une jeune fille au long cheveux bruns, comme le sont les miens, qui paraît totalement perdue. Ses mains agrippent fermement sa ceinture comme si elle avait peur de se faire éjecter à tout moment, et ferme les yeux à la moindre secousse entreprise par le vaisseau. Un ricanement ne peut s'empêcher de franchir le bord de mes lèvres en la voyant paniquer pour un rien.

Soudainement, le vaisseau se met à tanguer et à se secouer dans tous les sens tandis que l'on entend la voix de la blonde ordonner aux garçons qui se sont détachés de rejoindre leur siège s'ils ne veulent pas mourir avant de poser le pied sur Terre. L'un d'entre eux parvient à récupérer sa place à temps, mais le vaisseau remue tellement que lorsqu'il frappe de plein fouet le sol de la Terre, la chute du second lui est fatale.

Nous venons d'atterrir, ça y est, nous sommes sur Terre après plus de 97 ans. Un silence pesant règne dans le vaisseau tandis que chacun reprend ses esprits. Je remets en place rapidement les quelques mèches brunes de mes cheveux qui me cachent le visage et vois Clarke se lever pour se rendre auprès du jeune homme qui vient de pousser son dernier soupir. Dans un élan d'espoir, elle prend son pouls, mais pas besoin d'être un génie pour savoir que c'est trop tard pour lui.

Le cliquetis des ceintures résonne contre les parois du vaisseau tandis que tous les jeunes se précipitent vers l'entrée qui se trouve au niveau inférieur juste en dessous de là ou j'étais assise. Je me mets à descendre l'échelle à mon tour, après que tout le monde soit descendu, et viens me placer dans un coin reculé contre les parois métalliques avant de remarquer du mouvement dans la foule. Un jeune homme légèrement plus âgé que la plupart d'entre nous, en uniforme, nous fait face, se positionnant au niveau du levier qui permet d'ouvrir la porte. Ses cheveux noir de jais sont parfaitement coiffé sur son crâne sûrement du au poste qu'il tenait sur l'Arche. De tous ceux présents, il est le seul à ne rien avoir à faire ici. Ses yeux noirs scrutent la foule de haut comme si, dès notre arrivée ici, il voulait imposer ses propres règles. Mes sourcils se froncent presque immédiatement lorsque je vois la manière dont il prend en charge le groupe. Peu m'importe qui est ce type, il n'a pas intérêt à se mêler des affaires qui ne le regardent pas.

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