VINGT-SEPT

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Un. Deux. Trois. Respire.

Quatre. Cinq. Respire.

Mon souffle est rauque, mon cœur affolé, mon cerveau en ébullition. Je ne fais qu'entrer dans le lycée, mais une angoisse rare me submerge. Je les ai vus hier, je ne devrais pas être dans cet état. Et pourtant, j'ai l'impression de devoir leur faire face après une éternité. Je pense qu'au fond de moi, j'ai conscience de ne pas être la même personne. Hier encore, je m'efforçais de me prétendre être Malia, je m'accrochais pour ne pas tomber. Mais je suis tombée dans les bras d'April. Et je me suis relevée en tant qu'Angie. Alors aujourd'hui, en face d'eux, je ne ferai plus autant semblant.

En approchant de l'habituel endroit où ils sont réunis, je suis surprise de ne voir que Jason et Connor. Je ralentis la cadence, fronçant les sourcils et cherchant les autres du regard. Rapidement, les deux garçons me remarquent, et me fixent jusqu'à ce que j'arrive à leur niveau.

— Quand on parle du loup, cingle Connor.

— Où sont les autres ? demandé-je en ignorant sa remarque.

— À l'intérieur, répond Jason. Ils voulaient aller se poser au chaud, mais on est restés dehors pour discuter.

— Discuter de moi, du coup ? soufflé-je en adressant un regard irrité à Connor.

— Oui, dit le brun. Assieds toi, Angie.

Mon sang se glace et un frisson longe mon échine alors que je glisse sur l'herbe à leurs côtés. Entendre mon nom de leur bouche ne cessera jamais de me tétaniser.

— Comment vous avez su que l'autre savait ? osé-je les interroger à mi-voix.

— Le groupe se demandait quand tu allais arriver et a parlé un peu de toi tout à l'heure, explique Connor. Quand j'ai vu la tête de Jason, j'ai tout de suite compris.

— Tu as vraiment réussi à déchiffrer le visage de Jason ?

Connor laisse échapper un petit rire face à ma remarque sincèrement surprise, et je penche la tête en le voyant si détendu. Peut-être que parler de la situation avec son ami l'a calmé, et qu'il ne compte plus m'agiter un compte à rebours sous les yeux.

Après une moue froissée, Jason se racle la gorge et me lance un regard lourd de sens.

— Je lui ai un peu mieux expliqué ce qui se passait, déclare-t-il. Et on comprend tous les deux que c'est compliqué pour toi. Mais on est aussi d'accord qu'il faut que tu le dises aux autres le plus vite possible.

Je soupire, enroulant des brins d'herbe autour de mes doigts tremblotants.

— Je sais, finis-je par dire.

Je relève la tête, et m'adresse à Jason, la gorge nouée.

— April est chez moi.

Face à mon annonce, son visage s'illumine d'une émotion inexplicable, et il entrouvre les lèvres d'un air choqué. Je le vois s'apprêter à parler, puis se raviser. Intérieurement, je souris et songe à la réaction d'April quand elle le reverra.

— Elle est arrivée hier, et je lui ai tout dit, poursuis-je d'un ton le plus calme possible. Ça m'a vraiment ouvert les yeux. Je ne peux pas y échapper, et je vais devoir me préparer à crever l'abcès. Mais j'attends le bon moment, je ne veux pas qu'il l'apprennent n'importe comment...

— Ils vont souffrir et t'en vouloir, de toute façon, lance Connor d'un ton désagréable.

— Oui, j'ai compris, merci, répliqué-je, agacée. C'est exactement pour ça que j'ai peur. Je me suis foutue dans une merde pas possible, et dès que je raconte l'histoire, j'ai l'impression que je vais mourir. Et maintenant, je ne pense qu'à leur réaction et à quel point ils vont me détester. Donc je n'ai pas besoin de tes leçons à deux balles, Connor. Conseille moi au lieu de me faire culpabiliser.

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