5. Ezra

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Cold - James Blunt
***

Je me réveille avec difficulté, la tête me tournant violemment. Me levant, je m'étire et m'habille vite fait bien fait. Ma mère et Erik sont sûrement en bas en train de faire la cuisine vu qu'il est un peu plus de midi et demi et que nous sommes dimanche : le personnel de maison ne travaille pas.

Je vais pour prendre ma douche et entends Erik de loin :

— Bonnie ! Ça me fait plaisir de t'avoir au téléphone ! Comment est-ce que tu vas ?

Je me fige, l'oreille tendue au maximum, attentif. Un petit moment passe avant que la voix d'Erik ne résonne de nouveau :

— Parfait. Comment va Jason ?

Me rappelant soudainement de lui, je serre les poings et crispe la mâchoire. Là encore, un lapse de temps s'écoule.

— D'accord. Tu me rappelleras quand tu finiras ton service au restaurant ! Bisous, je t'aime.

Puis, plus rien. Jusqu'à ce que ma mère n'aborde Erik complètement affolée. Je descends les escaliers et arrivent devant eux, essoufflé.

— Erik ! L'hôpital a appelé, Steve s'est réveillé !

Je croise le regard de ma mère et la vois fondre en larmes. Erik s'empresse de la retenir tandis que je reste immobile, sidéré.

Combien de fois ai-je rêvé de ce moment aussi magique qu'impossible ?

— Il faut qu'on y aille, tout de suite ! dit Erik en s'activant.

Je retrouve mes esprits et attrape le poignet de ma mère, sous le choc.

— Maman, murmuré-je presque, comment ?

Ma mère ne me répond pas de suite et sourit, les joues baignées de larmes de crocodile. Je sais pertinemment qu'elle souhaitait qu'il décède, le karma s'est retourné contre elle.

— Les docteurs n'en savent rien. Il s'est juste réveillé...

Je la lâche et pars d'un pas décidé vers le garage où ma moto est confortablement garée. J'entends la voix de ma mère résonner derrière moi tandis que j'enfonce mon casque sur mon crâne et fais gronder le moteur de ma belle moto.

La rage, la joie et la confusion qui coulent dans mes veines ne font que me rendre vulnérable. La route défile sous mes yeux embués de larmes tandis que j'accélère ma cadence jusqu'à atteindre l'hôpital. Une fois garé, je me rue à l'intérieur et ne prends pas la peine de saluer la secrétaire.

Je vais directement dans la chambre qu'occupe mon paternel. Une fois déboulé dedans, je lui fais face : ses yeux d'un vert intense croisent les miens. Ils sont fatigués et restent à peine ouverts.

— Papa ? lui demandé-je doucement en déposant mon casque sur la chaise à l'entrée de la pièce.

Il sourit faiblement, encore entubé de partout.

— Approche, dit-il d'une voix éraillée.

Il tend une main vers moi, que je saisis sans hésitation. L'émotion me submerge, je me mords l'intérieur des joues pour ne pas pleurer à nouveau. Sa paume est chaude, rassurante.

Je ferme les yeux, bercé par la chaleur de son corps.

— Mon petit Ezra, tu as grandi depuis la dernière fois...

Je rouvre les yeux et souris.

— Tu n'en as pas la moindre idée. Comment est-ce que tu te sens, papa ?

Paradoxe (Tome 2)Where stories live. Discover now