Paradoxe (Tome 2)

13. Ezra

Looking Too Closely - Fink
***

Il fallait que j'agisse, sa présence m'est indispensable. J'ai donc pris un billet d'avion pour Bonnie qui sera valable pour ce soir. Bonnie devrait arriver demain après-midi, si mes calculs sont corrects.

Je suis devant mon université avec Alex et nous regardons les tableaux où sont affichés les résultats des examens finaux. Évidemment, nous ne sommes pas seuls, toute la promotion est présente, un brouhaha pas possible se créer.

— Ezra, on l'a eu ! m'annonce mon meilleur ami en me prenant dans ses bras.

Je souris et le serre contre moi, heureux.

— Putain, on l'a vraiment ? m'écrié-je par-dessus le bruit.

Mon meilleur ami s'écarte de moi et m'ébouriffe les cheveux.

— Oui, on l'a bordel !

Nous sautons de joie, célébrons avec nos camarades en buvant des bières. J'aperçois Hélène de loin et soupire, son regard perçant a croisé le mien et ne le lâche plus. Je le vois à son expression qu'elle est énervée de me voir ou simplement de savoir que ma relation avec Bonnie a bel et bien tenu.

Je détourne les yeux et m'amuse avec mes amis tandis que le poids du regard d'Hélène se fait toujours ressentir.

La journée passe, je rentre à la maison pour enfin annoncer à mes proches que j'ai eu mes examens et trouve Erik, ma mère et mon père assis autour de la table dans la salle à manger. Ils me regardent tous, mon père finir par se lève et vient vers moi à l'aide de ses béquilles.

Il me fait signe de le suivre et m'emmène à l'écart.

— Papa, qu'est-ce qu'il se passe ? lui demandé-je aussitôt, chuchotant presque.

Il soupire et s'adosse au mur derrière lui, gardant une certaine équilibre avec ses béquilles.

— Ezra, ta mère et moi avons décidé de divorcer.

Cette annonce ne me fait ni chaud ni froid. À vrai dire, je m'en doutais fortement.

— Mais elle est mariée à Erik maintenant...

Mon père sourit sans grande joie.

— Effectivement, aux yeux de la loi. Mon notaire a affirmé qu'elle n'aurait pas dû se remarier tant que j'étais encore vivant.

J'acquiesce silencieusement tandis que mon père contacte la mâchoire.

— Tout ça à cause de ce foutu accident qui m'a coûté cinq ans de ma vie, se lamente-t-il d'une voix las.

Je n'ose rien dire mais le regarde, désolé.

— Mais regarde-toi maintenant, ajouté-je finalement. Tu es en vie et tu es sorti de ton coma ! La presse était folle à cause de ce miracle !

Il esquisse un petit sourire.

— Tu as raison mais la presse va savoir que nous nous sommes séparés et ça va nous suivre pendant longtemps. Le nom de notre famille sera souillé...

Je m'approche de lui et pose une main sur son épaule.

— Non, papa. Un divorce ce n'est pas un drame, ça veut juste dire que les deux personnes concernées ne sont pas faites pour rester et vieillir ensemble. C'est tout.

Mon père fait une moue triste et hoche la tête.

— Fiston, tu es la voix de la raison.

Nous rions tous les deux, complices.