Paradoxe (Tome 2)

16. Bonnie

Call it love - Nathan Ball
***

Deux jours plus tard

La photo est sortie, elle est partout sur les réseaux sociaux : Hélène l'a balancé. Visiblement, son téléphone a gardé trace de ce cliché d'Ezra et moi...

Les conséquences ? Laurel et mon père se crient dessus depuis deux bonnes heures tandis que je n'ose même plus sortir de ma chambre. Mon téléphone n'arrête pas de vibrer, les notifications sortent de partout et de nulle part à la fois. Cette information n'est pas nationale mais mondiale, et c'est bien ça le problème.

On toque à la porte, je ne réagis pas et reste accoudée au balcon, les yeux face à l'horizon. Un parfum masculin flotte dans l'air, Ezra est là. Je ne le regarde pas et retiens mes larmes, me mordant la langue jusqu'au sang.

— J'aurais dû m'en douter. Hélène n'allait pas se laisser faire comme ça. Tout est de ma faute, Bonnie.

Je me tourne alors vers lui et secoue la tête en posant ma main au-dessus de la sienne, posée sur le rebord du balcon.

— Arrête de te blâmer, Hélène est la seule fautive. Et puis, nous connaissons la vérité : aucun lien de sang ne nous relie. Alors pourquoi en faire un scandale ?

Ezra hausse les épaules, soupirant bruyamment.

— J'en sais rien, la presse adore créer des dramas qui peuvent détruire des vies voire des personnes.

— On s'en sortira ensemble, n'est-ce pas ? lui demandé-je, les yeux au bord des larmes.

Ezra m'adresse un mince sourire et essuie délicatement ma joue de son pouce. Moi qui pensais que je n'avais pas encore versé de larmes...

— Évidemment qu'on s'en sortira ensemble, Bonnie. S'il faut qu'on fasse une déclaration en public, alors je me porterai garant.

Je me tourne complètement vers lui et pose une main contre son torse, ma paume est au-dessus de son cœur. Ses battements réguliers et lents m'apaisent.

— Tu as un grand cœur, Ezra Miller.

Il me sourit et pose ses deux mains contre mes joues. Leur chaleur m'irradie aussitôt.

— Tu sais quoi ? On emmerde la presse et les préjugés, on vit notre putain de vie !

Je souris face à son enthousiasme.

— Tu es sûr ?

Il hoche la tête et dépose ses lèvres contre mon front, je frissonne.

— Certain.

Il s'écarte et me contemple durant un instant. mon cœur rate un battement tandis que ses iris vertes me détaillent sans ciller.

— Alors par quoi est-ce qu'on commence ? demandé-je, impatiente.

Il attrape ma main et m'entraîne avec lui. Nous sortons de ma chambre et descendons dans le salon où se disputent nos parents respectifs. Ils tournent la tête vers nous, étonnés. J'entrelace mes doigts autour de ceux d'Ezra et déglutis.

— Maman, Erik. Nous sommes ensemble, que ça vous plaise ou non. Il n'y aucun lien de sang qui nous relie, alors pourquoi en faire un scandale ? demande ce dernier d'un calme olympien.

Laurel semble bouillir sur place tandis que mon père nous regarde, muet comme une carpe.

— Vous êtes notre famille, s'indigne Laurel.

Ezra serre davantage ma main et soupire longuement, calmement.

— Bordel, maman arrête ça ! On est plus des gamins ! s'emporte Ezra en serrant les dents.