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         Quand on était un type athlétique, charismatique, qu'on décrochait des A dans toutes ses classes, on était forcément un type cool et populaire, pas vrai ?

 Il suffisait d'un sourire, d'un mot ou deux qui ne valaient rien pour avoir le monde dans sa poche. Il le savait, il le vivait. Avec les regards d'admiration et d'envie plantés sur lui. Son pas résonnant dans le couloir, les gens qui s'écartent. Il brillait partout où il allait. Il brillait, et on l'aimait.


        15k de followers sur les réseaux sociaux. Un selfie, une story, le compteur de like explosait. Like. Like. Like. Commentaires, compliments, avances, demandes d'ajout. Follow, follow back, follow back, follow back. Another new friend request. Again. Friends. Amis, oui, il en avait tellement des amis que son doigt arrivait à peine à les faire tous défiler. Et la clique de son lycée faisait tous partis des plus adorés de l'école. Mais lui, il restait le roi, pas vrai ?


         Puis, Nosaka Yuuma se leva un jour sur une estrade. Un évènement spécial. Une centaine de personnes lui faisait face dans ce gymnase, vibrant d'excitation de l'entendre parler, de réciter le discours qu'il avait peaufiné durant des semaines pour cet exact jour. Il l'avait répété un milième de fois devant son miroir. Seul dans une classe. A ses amis. Chaque émotion, chaque gestuelle orchestré à la perfection, tous les détails de sa performance était encrés là, dans sa tête. Parfaitement parfait. Parfait comme lui. Comme il le sera toujours, comme tout le monde l'aimait ainsi. Comme il était voulu, non ?


         Nosaka ressentait rarement le trac, mais ses mains ce jour-là étaient solidement serrées sur son papier. La seule chose qu'il voyait entre tous ses visages et ses sourires, les acclamations de ses amis, était le siège vide où aurait pu se trouver sa mère.


Le principal lui donna la parole. Le silence régna. Chaque visage n'était plus que la copie d'un autre. Et il n'y avait plus que les flashs des téléphones brandit à l'air.


Putain, mais qu'est-ce que je fous là en fait ? fut la seule pensée qu'il eut.


Le micro grésilla un instant. Une seconde d'hésitation et Nosaka ouvrit enfin la bouche :


« Allez tous vous faire foutre. »


Cordialement.


Les yeux s'ouvrirent, des hoquets de surprise. Nosaka sourit au public, le salua et s'en alla en déchirant son discours.


         Quand on était un type athlétique, charismatique, qu'on décrochait des A dans toute ses classes, on était forcément un type cool et populaire. Mais tout ça n'avait aucun sens, pas vrai ?

N o s e d i v eWhere stories live. Discover now