N o s e d i v e

Chapitre I - 2

      Plus tard, dans les vestiaires, Sayako venait de finir de se débarbouiller le visage. La scène de plus tôt l'avait écumée de toutes ses forces. Son cerveau n'avait toujours pas procédé le fait qu'elle, Sakunami Sayako, pauvre handicapée du social qu'elle était, avait créé un carnage à la table des Populaires. Les Populaires ! Tout le monde l'avait regardée, l'avait filmée ! Son organe cardiaque battait toujours aussi affolé, en fait, elle venait même de finir de vomir le reste de son déjeuner dans les toilettes. Quel terrible épisode sa vie, pensa-t-elle.

« Mais je ne suis pas morte... » murmura Sayako, encore tremblante.

Nosaka avait disparu juste après le massacre de la cantine, emportant avec lui le semblant d'assurance qu'elle avait eu tout à l'heure. Peu importe. Là, Sayako enfilait son survêt de sport car ses vêtements avaient pris un sacré coup.

« Est-ce que la shooteuse de purée est là ? »

Elle faillit perdre le peu de santé mental qu'il lui restait. Nosaka était apparu par la fenêtre.

« Non mais...tu permets ?!! Je suis en t-t-train de m'habiller !
- Oh, j'ai vu pire sur ton téléphone. »

Ses oreilles prirent feu à ce souvenir, elle lui donna du dos pour finir de glisser son short. Pendant ce temps, le garçon était passé de l'autre côté pour venir s'installer sur le banc près d'elle.

« C'était un très beau début, je t'applaudis. »

Et ses mains l'applaudirent. Sayako émit un long gémissement et s'affala sur le banc.

« Par pitié Nosaka, enfonce-moi un ballon de foot dans la gorge jusqu'à que je meurs d'asphyxie.
- Dédramatises un peu, tu veux. Tu as brisé la contenance de cinq des plus populaires de l'école, y'a de quoi être un peu heureuse non ?
- ...Où est-ce que tu étais passé après la bataille ? »

Pour seule réponse, il leva un grand sac de shopping. Interloquée, la fille s'en empara et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Une expression d'horreur passa sur son visage.

« Est-ce vraiment ce à quoi je pense ? »

Nosaka eut un grand sourire.

« On entame la deuxième étape ! Demain matin, tu sais ce que tu as à faire.
- Hors de question ! Ce...ça n'a aucun sens, Nosaka. Qu'est-ce que tu fais du dress code ?!
- Sayako, on est là pour briser tout ça ! Les codes, les règles, et le balais coincé dans ton c–
- Okay ! L'interrompit-elle, mais je t-t-te préviens, il y'a 80% de chance que je m'effondre de honte avant même d'avoir passé le seuil de l'école avec...ça !
- Tu as pensé la même chose ce matin et pourtant ça ne t'a pas empêché d'éclater la tête de ce misérable Kiyama dans son assiette de spaghettis. »

Sayako étouffa un cri d'agonie en enfouissant son visage dans ses mains, mais le souvenir lui revint et elle ne put s'empêcher de rigoler. Bientôt, Nosaka mêla son rire au sien, et toutes ses craintes à elle se dissipèrent. Ça n'allait peut-être pas être si mal avec lui. Elle allait survivre.

Quelques instants plus tard, ils étaient à l'extérieur du gymnase. Le soleil commençait à se coucher et il se faisait tard.

« Je vais r-rentrer.
- Ok, à demain matin alors. »

La brune eut l'impression d'oublier quelque chose quand Nosaka lui fit un signe de main. Quelque chose d'important. Mais elle avait beau chercher quoi, sa mémoire ne lui revenait pas. Bon, tant pis, ça lui reviendrait sûrement plus tard. Sayako se dirigea donc loin de lui, en direction du portail et quitta l'école pour rentrer chez elle.