Chapitre VI - 2

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                Tsukiyo détala de sa cachette quand Atsuya bougea de sa place. Elle n'avait pas fait exprès d'épier leurs conversations. Elle comptait profiter de sa permanence pour se promener dans les jardins de l'école lorsqu'elle avait aperçu ses deux cousins derrière la bâtisse. Depuis que le rouquin avait mentionné leur dispute, c'était resté dans un coin de sa tête. Ça sonnait si violent d'après Atsuya la dernière fois, mais là, après ce qu'elle avait pu entendre, elle ne savait plus quoi penser.

Qu'est-ce que pouvait bien avoir Fubuki Shirou ?

A quelques mètres d'elle, un Asuto désemparé collectait des feuilles éparpillées autour de lui. Tsukiyo s'arrêta, hésitante. Elle avait évité de lui adresser la parole depuis hier soir, lui et le reste du club d'informatique qui espérait encore l'avoir avec eux. Trop risqué. Mizukamiya avait réussi à cerner sa situation sans qu'elle ne fasse quoi que ce soit, et Asuto, qui était bien trop curieux, ne saurait tarder à le suivre. Qui plus est, si jamais son père apprenait qu'elle passait son temps à traîner avec des...des "amis", il pourrait décider de l'enfermer.

Asuto s'immobilisa tout d'un coup. De frustration, il jeta tous les papiers qu'il tenait au sol. Les yeux de Tsukiyo s'écarquillèrent doucement : le garçon tremblait et serrait les poings de rage, d'ailleurs pourquoi il était là ? Quelque chose n'allait pas.

Incapable de l'ignorer plus longtemps, la brune s'avança jusqu'à lui.

« Inamori, qu'est-ce que tu fais ? »

Le jeune homme sursauta et fit volte-face vers cette voix soudaine. Il tenta de répondre, mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge. Il ressemblait à une souris prise au piège.

Tsukiyo se rappelait que durant le cours précédent, Asuto s'était fait un peu grondé car il ne possédait aucun livre et cahier avec lui. Même si le professeur l'avait plutôt ménagé, grâce au fait qu'il était nouveau.

Elle jeta un coup d'œil vers les bouquins et les feuilles qui jonchaient le parterre, trempés et abîmés par l'eau boueuse. Elle fronça les sourcils.

« C'est—
- Fubuki ! Je croyais que tu ne me parlais plus... »

Sa mine était triste, mais un petit sourire soulagé adornait ses lèvres. Un élan de culpabilité la percuta, alors elle baissa la tête.

« Désolée, je...je n'étais pas d'humeur.
- Je comprends, on a tous nos jours comme ça. Est-ce que ça va mieux ? »

Ce garçon était beaucoup trop gentil. C'était à elle de lui poser cette question.

« Pourquoi est-ce que toutes tes affaires sont là ? »

Tsukiyo avait une petite idée, mais elle n'osait pas la formuler, ni même y croire. Ça la rendait malade, encore plus quand le noiraud se plaqua un bonheur factice à vomir sur le visage et se mit comme hier, à battre des mains de l'air autour de lui en chantant des excuses absurdes.

« Chui qu'un idiot, je savais bien que le sol était glissant mais j'me suis mis à courir e-et du coup, j'ai trébuché ! C'est tellement bête (son rire portait tant d'anxieté quand il le secoua) haah~ j'espère que je pourrais faire sécher tout ça avant le prochain cours. »

Asuto se faisait peut-être harcelé, et cela, depuis qu'elle l'avait trouvé dans son casier hier matin. Si Tsukiyo avait compris, elle ne dit rien. A la place, elle s'abaissa pour l'aider à tout ramasser.

« Fu-fubuki, tu n'es pas obligée de—
- Ça va aller, Inamori, le coupa-t-elle, je suis là, alors... »

Elle ne trouvait pas les paroles correctes pour le confronter, ou même le soutenir. Asuto semblait préférer tout embouteiller que de partager sa peine. Ça leur faisait un point commun. Avec ça en tête, comment pouvait-elle tenter de le forcer à se confier.

N o s e d i v eOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz