Chapitre 4: Amaryliss

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Amaryliss: fleur de l'orgueil

~*~

Mikasa inspira doucement. Elle se sentait tellement bien, confortablement installée entre les draps ! Elle n'avait aucune envie de s'éveiller pour retourner dans ce monde cruel et quitter celui des songes, cotonneux, léger, et surtout si paisible... Elle huma sa couette, et eut la surprise de ne pas sentir, comme à son habitude, une odeur de rose, mais celle du thé blanc. Intriguée, la conscience de la jeune fille décida de refaire surface afin de percer ce mystère, et Mikasa ouvrit les yeux.

Elle ne se trouvait pas dans sa chambre, mais dans celle du caporal Levi.

La soldate se rappela s'être endormie comme une enfant dans les bras de son supérieur la veille: elle rougit à ce souvenir qui débordait, selon elle, de faiblesse.
Tous devaient la voir comme une source de force inépuisable, et c'est aussi de ce sentiment que venait sa supériorité lors des combats: en impressionnant ses ennemis, elle les affolait et au final, elle gagnait. Cette facette trop humaine d'elle à son goût devait donc rester cachée.

Et pourtant le caporal l'avait vue, il l'avait même observée pleurer. Pourquoi s'était-elle donc dévoilée ainsi ? Était-ce la fatigue de cette nuit là qui avait altéré sa capacité de jugement ? Était-elle tout simplement devenue stupide ?
Mikasa se posait tant de questions, qu'elle était incapable de démêler le vrai du faux. Pourtant, comme une petite lueur dans cette masse sombre d'interrogations, quelque chose lui disait que de toute manière, si elle avait fait cela, c'est parce qu'elle en avait eu envie.
Et cette certitude, loin de calmer la jeune femme, ne faisait que la perturber encore plus.

Mikasa tourna la tête: l'autre côté du lit n'était pas défait, elle avait donc dormi seule. Bien que le contraire eut été affreusement gênant, Mikasa se sentit un peu coupable à l'idée d'un caporal expulsé de son lit. Un sourire apparut sur ses lèvres sans même qu'elle s'en rende compte.
Soudain, la porte s'ouvrit. Les yeux onyx de la jeune femme se posèrent sur son supérieur, qui avançait avec un plateau chargé d'un petit déjeuner entre les mains.

- Ah...t'es réveillée, fit-il.

Bordel de merde, pourquoi avait-il fallu qu'elle se réveille maintenant celle la ? Il ressemblait à quel genre de con avec son plateau de bouffe dans les mains face à elle ?

- Oui, répondit Mikasa.

Ils se fixèrent sans rien dire, et si cela ne paraissait pas gêner l'asiatique, Levi, qui ne savait pas quoi faire, ne se sentait pas à l'aise.

- Comptez-vous poser ce plateau un jour Monsieur ? Demanda Mikasa.

- Assieds toi ici, fit Levi en désignant le bureau d'un geste sec.

- Attendez...cette nourriture...c'est pour moi ?

- Figure toi que oui. Après m'avoir piqué mon lit, tu me forces à monter de la nourriture dans ma chambre...tch, c'est dégueulasse. Enfin bref, mange sur le bureau, ce sera plus facile à nettoyer.

- Rien ne vous obligeait à m'amener dans votre chambre.

- Ah bon? Parce que tu penses que te porter dans mes bras jusqu'à ton dortoir face à toutes tes colocataires avides de potins à la con c'était une bonne idée ?

- Vous n'aviez qu'à me réveiller.

- Impossible. Ton sommeil est plus lourd que toi.

Évidemment, c'était totalement faux: certes la jeune fille pesait son poids de muscles, mais Levi aussi, par conséquent pour lui, elle n'était pas du tout lourde.
La seule raison qui l'avait poussée à ne pas la réveiller n'était pas son soi disant « sommeil profond » non plus.
Il n'avait juste pas eu envie de la rappeler dans ce monde, ni le courage. Ses traits étaient apaisés alors qu'éveillée, ils étaient toujours tendus, comme si la jeune soldate était perpétuellement aux affuts, méfiante, prête à agir. Il ne pouvait se résoudre à faire disparaître cette si rare expression de tranquillité du visage de cette éternelle tourmentée. Et franchement, cette fragilité de poète commençait à lui taper sur les nerfs. Il n'était pas le genre d'homme à écrire des merdes sur le printemps. Son truc, c'était plutôt le meurtre, la torture à la limite. Alors bordel de merde, qu'est-ce qui lui arrivait ?

[ RIVAMIKA ] MirrorsWhere stories live. Discover now