Chapitre 16: Trèfle

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Trèfle: doute, incertitude. Puis-je espérer ?

~*~

Rouge.
Ce fut la première chose qui vint à l'esprit de Mikasa alors qu'elle observait le cadavre de Räger.
Devant ce carnage sanglant, Levi s'était rapidement détourné, trouvant la vision du mort «dégueulasse».
Il faut dire que Vance Räger, ou plutôt ce qu'il en restait, n'était même plus reconnaissable tant son exécution avait été violente: son crâne était ouvert jusqu'au milieu de son front, exposant sa cervelle suintante au grand jour, et ses cheveux d'un blond froid étaient à présent enduits de sang poisseux.

L'asiatique, cependant, n'avait pas pu détourner les yeux du corps de sa victime et continuait de le fixer, telle une artiste contemplant son oeuvre achevée.
La chemise autrefois immaculée de son ennemi était tâchée du sang vermeil qui s'écoulait de son abdomen, et un sourire sarcastique fendit les lèvres de la jeune femme alors qu'elle se souvenait des menaces du roi des bas-fonds désormais déchu:

« La vision du sang sur sa chemise blanche, toi le tenant dans tes bras comme une héroïne de tragédie, serait...particulièrement plaisante. »

Elle aurait aimé fixé ses yeux bleus vitreux et y ancrer les siens, sombres comme les abysses. Lui dire à travers un regard de haine que le sort qu'il avait réservé à Levi l'avait finalement frappé lui, et lui seul. Cependant, les globes oculaires pendants du proxénète, qui avaient roulé sur le sol suite à l'impact de la hache, ne lui donnèrent pas cette occasion.

- Mikasa ?

Comme sortie d'une transe, la jeune femme cligna des yeux et se retourna vivement. Son esprit était encore en ébullition, agité par l'adrénaline, mais la voix grave de son amant semblait avoir réussi à la ramener quelque peu à la réalité.
D'une certaine manière, Mikasa se sentait incroyablement plus forte qu'auparavant, et cette sensation l'enivrait. Son lien d'asservissement avait été coupé, et la soldate avait presque l'impression d'être capable de tout maintenant que son destin ne dépendait plus que de sa propre volonté. Maintenant que la corde qui la retenait au poteau avait été sectionnée, un champs infini de possibilités s'étendait devant elle, prêt à être exploré. Elle se sentait légère, comme une plume qu'on aurait extirpée d'un moule de plomb.

- Rentrons à la maison, Levi, murmura-t-elle en lui saisissant la main.

Tous deux savaient qu'ils devaient parler de beaucoup de choses, mais pour l'instant, seule la présence réconfortante de l'autre comptait à leurs yeux. En sentant la peau chaude de Levi contre la sienne, Mikasa eut l'impression qu'il était son véritable foyer, un feu brûlant qui la réchaufferait toujours lorsqu'elle en aurait besoin. Elle détailla ses lèvres légèrement retroussées, ses yeux froids qui ne s'animaient que pour elle, son profil à la fois doux et sévère...

Il était celui qui l'avait libérée du joug d'un chagrin dont elle n'avait même pas conscience en lui partageant le sien. Le noiraud avait ouvert sa cage une première fois, dans cette ruelle, lorsqu'ils avaient tué un homme et il avait été la clef, l'espoir, qui lui avait permis de se défaire de ses liens alors que tout lui semblait perdu.
Levi et elle étaient deux loups solitaires et glacés qui parvenaient pourtant à réchauffer leurs univers si froids et cruels lorsqu'ils étaient ensemble.

Un sentiment de reconnaissance étreignit son coeur alors qu'elle l'observait, et sans réfléchir, elle plaqua ses lèvres sur les siennes. Elle sentit qu'il était étonné, et un sourire amusé prit place sur sa bouche.
Une fois sa surprise passée, le soldat laissa sa main glisser sur la joue de la jeune femme, encadrant son visage. Elle sentait que son baiser était triste, presque désespéré, comme s'il avait peur qu'elle disparaisse entre ses bras.

[ RIVAMIKA ] MirrorsWhere stories live. Discover now