Chapitre 10: Arum

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Arum: représentation de l'âme

~*~

Jamais Mikasa n'avait senti une odeur aussi nauséabonde.
À mesure qu'elle descendait les escaliers, les relents de la ville souterraine remontaient vers elle, comme pour lui souhaiter une bienvenue macabre dans ce monde crasseux. La sensation agréable qu'elle éprouvait d'habitude lorsqu'elle respirait l'air ambiant à pleins poumons, avait été remplacée par une irrépressible envie de vomir.

Levi, lui, restait silencieux. Il n'avait jamais réussi à oublier les exhalaisons de ces lieux maudits: il était né dans ce taudis, cette déchèterie, et y avait vécu trop longtemps pour que ses effluves, aussi puantes soient-elles, ne le choquent. L'odeur rance de la terre et de la chair pourrie et malade ne le quitterait jamais, il la connaissait déjà lorsqu'il avait mis pour la première fois les pieds sur un champ de bataille et il en sentait l'horrible parfum jusque dans ses pires cauchemars. La mort et lui étaient de vieux compagnons.

- Vous allez bien ? Demanda finalement Mikasa.

- Pourquoi je n'irais pas bien ? Répondit-il agressivement.

- Peut-être parce que cet enfoiré vous a frappé avec un fusil ? Ironisa la jeune femme.

Levi se sentit stupide. Retourner dans les bas-fonds le perturbait tellement...trop d'ailleurs pour qu'il puisse l'admettre.
Sa plus grande crainte était qu'on s'inquiète pour sa personne ou pour son état psychologique, qu'on ait pitié de lui, qu'on le prenne pour un homme fragile qui aurait fait n'importe quoi pour fuir son passé. Lorsque Mikasa lui avait demandé s'il allait bien, il n'avait pas réfléchi et avait immédiatement pensé qu'elle souhaitait s'assurer que retourner dans la ville souterraine n'était pas trop dur pour lui, tout simplement parce que c'était ce dont son inconscient s'inquiétait aussi.
Mais il n'en était rien: Mikasa ne savait même pas qu'il avait vécu ici. Ses nerfs étaient simplement à vif; il devait se calmer. Il souffla et se força à se détendre.

- Oui, ça peut aller, dit-il finalement.

La jeune femme se contenta d'hocher la tête.
Malgré ce qui s'était passé en haut, leur couverture n'avait pas été compromise, et cela la soulageait. Après tout, ce genre de mésaventures devaient arriver à quasiment à tous les humains de seconde zone des bas-fonds. Ils n'étaient sûrement pas les premières victimes de ces hommes: leur poste de douaniers n'était qu'un déguisement derrière lequel ils n'hésitaient pas à brutaliser la population pour leur satisfaction personnelle et malsaine.
Mikasa jeta un coup d'oeil à la petite charrette à bagages qu'elle traînait derrière elle: ces deux incapables n'avaient même pas vérifié si elle comportait un double fond.
Cette ruse était bancale, mais c'était la seule qu'ils avaient pu trouver dans l'urgence pour dissimuler leur équipement tridimensionnel et les véritables médicaments de Levi. En effet, le caporal avait anticipé la façon dont les douaniers pouvaient se comporter: il avait donc conseillé à Mikasa de placer ses médicaments sous le double-fond, et de les remplacer par des fioles remplies d'eau dans la partie « immergée » de la charrette.
L'avenir leur avait montré qu'il avait eu raison.

Mikasa avait l'impression que les escaliers qu'ils descendaient étaient interminables. À combien de mètres sous terre ces gens étaient-ils donc enfermés ? Les marches, innombrables, semblaient d'avantage les conduire vers les profondeurs d'un tombeau que vers une ville.

- Où allons-nous ? Demanda la jeune femme.

- Chez d'anciennes connaissances à moi.

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