Chapitre 12: Pivoine Rouge

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Pivoine rouge: confusion des sentiments ou amour sincère

~*~

Un individu encapuchonné entra dans le bar.

Comme les gens qui souhaitaient dissimuler leurs visages n'étaient pas rares dans les bas-fonds, personne ne lui accorda une attention particulière, et c'est donc sans encombres que la silhouette, grande et longiligne, s'avança d'un pas ferme sur le parquet humide et grinçant pour finalement glisser comme un fantôme jusqu'au comptoir.

- Qu'est-ce que je vous sers ? Demanda alors le barman.

Il fut étonné d'entendre une voix de femme lui répondre: en général, pour des raisons de sécurité, ces dernières évitaient les lieux publics, et en particulier les pubs qui grouillaient d'ivrognes et d'hommes violents.

- Je suis là pour l'affaire.

Le barman secoua la tête de droite à gauche en signe de désapprobation: si maintenant les femmes aussi trempaient dans la contrebande, ça montrait bien que la situation dans laquelle les gens se trouvaient devenait de plus en plus catastrophique. Il pensa à son épouse et à ses deux filles: il n'aurait pas aimé qu'elles se mettent en danger de la sorte, risquant la prison voir leur vie à chaque instant. La fille sous la capuche ne devait pas avoir de famille pour pouvoir encourir de tels risques.

- Je vois. Suivez moi, lui dit-il avec bienveillance, saisi de pitié face à sa condition, en lui indiquant l'entrée de l'arrière boutique.

Il ouvrit une porte située derrière le comptoir, demanda à un de ses employés de le relayer au bar pendant sa brève absence, et disparut derrière le mur, la femme à sa suite. Une fois arrivés dans une petite pièce, il lui tendit un sac de toile noir qu'elle saisit. Étant donné le poids conséquent du bagage, le tavernier fut impressionné par la facilité déconcertante que l'inconnue avait à le tenir.
Le visage toujours dissimulé, celle-ci jeta un coup d'oeil à l'intérieur: ses yeux rencontrèrent l'éclat métallique des canons et s'accrochèrent aux rayures qui striaient le bois des manches. Les fusils produisirent un cliquetis aigu alors qu'elle refermait le sac, comme s'ils venaient de s'éveiller et criaient leur impatience d'agir.

- Je pense que le compte y est, déclara-t-elle d'une voix froide.

- Pour les munitions, vous pouvez vous fournir au sud de la ville, il suffit d'aller chez Hélène.

- Chez Hélène ?

- C'est un café, mais la propriétaire gère une usine d'armement clandestine. Les balles de ces carabines sont de sa production.

- Merci, fit la femme en inclinant légèrement la tête.

Sur ce, elle disparut par la porte arrière du bar et s'engouffra dans une ruelle tout aussi sale et délabrée que le reste de la ville.

En un mois, elle avait appris à se repérer dans la termitière humaine qu'était la cité souterraine. Elle connaissait maintenant ses raccourcis, ses impasses et les rues qu'il valait mieux éviter, se déplaçant ainsi avec prudence, à la manière d'une initiée dans un labyrinthe truffé de pièges. Tel un chat noir glissant contre les murs, elle se fondait dans les ombres de la nuit.

En quelques minutes, et sans que personne ne lui jette un seul coup d'oeil grâce à sa capuche qui dissimulait ses magnifiques cheveux d'ébène, elle regagna le Q.G. Elle avait appris à cacher sa chevelure pour ne pas attirer l'attention et ainsi effectuer ses missions sans accros.
Dans l'armée, elle était habituée à ce que les femmes soient, en général du moins, respectées au même titre que les hommes, en particulier dans le bataillon. Seulement, en dehors des bases militaires, le monde était affreusement misogyne et dangereux, d'avantage encore dans la cité souterraine où chaque femme, indépendamment de tout autre paramètre que son sexe, était perçue comme une source de profit pour les esclavagistes et les proxénètes. De plus, les motifs tout juste énoncés n'étaient pas les seuls qui poussaient la jeune femme à redoubler de prudence en ces lieux. Car, même si pour rien au monde elle ne pouvait se résoudre à se l'avouer, Mikasa avait peur.

[ RIVAMIKA ] MirrorsWhere stories live. Discover now