Chapitre 1

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Moi, c'est Delphine ! Aujourd'hui, je viens d'obtenir mon diplôme d'infirmière. J'ai travaillé dur pour l'obtenir et garder ma bourse d'étudiante. Mes parents voulaient que je fasse médecine, moi je rêvais d'être danseuse étoile. Je précise que j'avais 6 ans quand j'aspirai à devenir un prodige de la danse. Depuis mes rêves ont changé, j'ai grandi, et je me suis faite à l'idée que je ne serais jamais un petit rat de l'opéra.

Le divorce de mes parents m'a beaucoup affecté, et cela a joué sur mon orientation professionnelle. À l'inverse de mon frère qui voulait les défier, moi, j'essayais au mieux de correspondre à leurs rêves. Chris a tellement de haine envers eux qu'il fait tout pour les provoquer. À sa décharge, nos parents jouent avec notre sensibilité pour avoir notre compassion. Le mot famille n'existe plus pour nous définir.

En ce jour de fête, je rêve de vacances au soleil à dévorer de la pastèque et autres fruits d'été. Je m'imagine sur mon transat à lire les derniers potins du groupe Accro2newromance sur les réseaux sociaux. J'adore l'administratrice, Surya. Elle nous fait rêver avec les hommes qu'elle nous propose. Ils sont caliente.

Malheureusement, j'ai d'autres projets imposés dans l'immédiat : la fête des anciens du lycée.

J'ai horreur de ces rassemblements ! Le seul pointpositif, c'est que je vais revoir Ben. Mais, comme à chaque fois qu'un belhomme croise ma route, il y a un hic ! Cette bête de sexe, sur lequel je bave d'envie depuis des années, n'est autre que lemeilleur ami de mon frère avec qui il vient d'ouvrir un salon de tatouage, etil me voie que comme la petite sœur...

Alors que je me prépare pour la soirée de ce soir, Roxane, mon hurluberlu de colocataire, m'interpelle :

— Regarde ! Je ressemble à Zeubi la mouche !

Mon amie porte une grosse paire de lunettes de soleil. Je ne cherche même pas à savoir pourquoi.

Devant mon manque de réaction, elle poursuit :

— C'est pour notre séjour au camping, je compte faire fuir les moustiques ainsi. Il est hors de question que je rentre avec plus de piqûres de ces sangsues que de coups d'un soir.

Malgré nos différences, le feeling est tout de suite passé entre nous.

— Tu es prête ?

— Oui, la soirée est à nous.

Nous quittons notre appartement pour aller manger dans un fast food avant la séance de cinéma.

Arrivées au restaurant, nous commandons avant de nous installer.

Le serveur arrive rapidement.

— Merde ! s'exclame mon amie, ils ont oublié le ketchup, c'est inadmissible.

— Calme-toi, Rox, respire un grand coup et va lui demander gentiment.

Elle se lève de table pour aller chercher son précieux. Quand elle revient, elle a un sourire jusqu'aux oreilles, qu'a-t-elle fait encore ?

— J'ai son numéro !!!!

Je lui souris et reprends mon repas. Une fois que nous avons terminé, nous nous dirigeons vers le CGR.

Le film est super. Nous décidons de prendre un autre chemin pour rentrer, plus court d'après ma super girl. Quand nous passons devant le cimetière, je me pose des questions sur son sens de l'orientation.

— Euh... je crois qu'on est perdu. On va tous mourir !!!! Je ne reverrais jamais le charmant serveur...

Roxane fait toujours dans le drame. À sa décharge, elle a vécu un traumatisme récemment avec l'un de nos patients.

— C'est un vrai labyrinthe cette ville aussi, comment on s'y retrouve nous ?

Un long silence s'installe après sa tirade. Je sais que mes mots ne sauront pas l'apaiser dans l'immédiat. Je sors mon téléphone afin d'ouvrir l'application de GPS pour retrouver notre chemin. Roxane qui regarde par-dessus mon épaule, voit la photo de Ben et moi prise le week-end dernier. Elle sort de sa transe.

— Je comprends ton obsession pour lui, il est sexy, le bougre.

Je ne prends pas le temps de lui répondre et lance la recherche. Une fois satisfaite, je prends la main de mon amie et la guide dans les rues. Alors que notre périple arrive à sa fin, nous passons devant la maison de notre voisine, celle qui fait les collections des nains de jardins.

— Saperlipopette, regarde elle a rajouté atchoum, la cochonne, elle en rajoute un chaque jour ou quoi ? Cette vieille bique va nous rendre folle.

Je laisse Roxanne à ses divagations et continue notre périple. J'ai mal aux pieds, je veux me coucher et lire en paix le message de Ben.

Je pousse un soupir de soulagement quand je m'allonge sur mon lit. La soirée a été mouvementée. Je crois que Roxane va finir par me rendre folle, côtoyer cette fille c'est comme sortir indemne d'un crash d'avion ou faire un tour dans un tracteur au milieu d'un champ de patates. On en ressort avec des bleus partout, avec le tournis et une envie de solitude exacerbée. Oui, avec ma colocataire, il est facile d'avoir des bleus, elle ne me bat pas, mais elle a toujours des idées farfelues.

Je prends mon téléphone, j'ai hâte de lire le message de Ben que j'ai reçu, il y a quelques heures. Je déchante vite après avoir aperçu les premiers mots.

Il parle d'un voyage en Ukraine, d'une rencontre avec des jumelles.

Je sens une étincelle de rage monter en moi. Pourquoi m'envoie-t-il ce genre de message ? Je lui réponds ne rien comprendre à son message et lui demande de bien vouloir garder pour lui ses rencontres. Je rajoute une photo d'un herpès, histoire de bien le dégoûter. On ne sait pas sur qui on peut tomber.

Je sors de ma chambre en colère. Je vais me chercher un truc à boire, de préférence de l'alcool. C'est bon, pas besoin de me faire la morale sur les méfaits de cette boisson, je suis chez moi, je fais ce que je veux. Après avoir bu un ou plusieurs verres, peu importe au final, je retourne dans ma chambre.

Frustrée, je décide de me soulager seule. Je sors mon meilleur ami de son tiroir et commence mon affaire. Alors que mes gémissements se font plus fort, quelqu'un frappe à ma porte. Ce n'est pas possible ! Je vais tuer l'importun. Rox entrebâille la porte.

— Delphine, pardon de te déranger, mais il y a quelqu'un qui voudrait te voir.

Je cache John et lui fais signe que je suis prête.

Je me demande bien qui peut venir nous voir à cette heure tardive.

Je reconnais immédiatement la silhouette de mon inconnu : c'est Ben !

— Delphine, je pense qu'il y a eu un quiproquo avec nos messages. Le mien était destiné à Sam, je ne voulais pas...

Il s'interrompt en voyant mon abat-jour.

— Pourquoi il y a une culotte sur ton ampoule ?

— C'est la déco made in Roxane. On fait du home staging avec nos vêtements. Quoi, tu n'aimes pas ?

— Si, si, beaucoup.

Je sais que c'est un mensonge, mais ne m'en formalise pas. Mon amie arrive avant que je n'aie le temps de répondre à sa question sur les messages échangés. Elle prétexte un problème d'autolaveuse à son boulot et demande des conseils à Ben. Ce dernier ni connaît rien, mais au moins son attention est détournée. Il suit Roxane dans le salon, elle le congédie ensuite gentiment et il part sans un mot de plus.

Je sors de ma chambre et me jette dans les bras de mon amie.

— Je t'aime, tu viens de me sauver les fesses, merci.

— À charge de revanche. Bonne nuit et n'oublie pas d'embrasser John pour moi.

Nous éclatons de rire et partons chacune dans notrerepère.

amitiés et complicationsWhere stories live. Discover now