CHAPITRE 36

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LIV' :





Le retour à la maison est sans doute mon moment préféré de ces six derniers mois.

Je retrouve ma chambre d'ado et mes vieilles habitudes. Ici, le temps est meilleur. Bien qu'il ne fasse pas plus de quinze degrés, au moins, on peut s'estimer heureux qu'il ne neige pas et ne gèle pas. J'échange mon gros pull contre un autre plus fin et abandonne mes bottines pour mes vieilles Converse. J'ai l'impression que ça fait des années que je ne les ai pas portés.

Lorsque je visualise mon portable, réglé à l'heure d'ici, je constate qu'il n'est que onze heures du matin. Pourtant, chaque seconde est comptée.

Je descends les marches de chez moi et contemple les lieux, comme si c'était la première fois que je les découvrais. Mon cœur se réchauffe. Rien n'a changé. Quand je passe devant nos photos de famille, ma mère est là, elle aussi. De mes doigts, j'efface la fine pellicule de poussière qui couvre le cliché que je tiens en main. C'est une photo polaroid de mes parents et moi, lors d'une soirée costumée, chez les Brody, il y a quinze ans. Une minuscule photo qui tient au creux de la main, mais qui me rappelle tellement souvenirs. Je la repose et fait rouler mes yeux dans la pièce principale. La gamelle d'Athéna traîne près de la salle à manger. Bon sang, ce qu'elle a grandi. Qu'est-ce que j'avais dit ! Je savais qu'elle ne serait plus la même lorsque je la reverrai. Bien loin de la boule de poil qu'elle était, à présent, Athéna est grande et élancée. Elle n'en est pas encore à sa taille adulte, mais elle n'a pas encore fini de grandir.

La porte d'entrée s'ouvre tout à coup, coupant court à ma rêverie et mon père émerge. Lorsqu'il m'aperçoit, un sourire naît sur ses lèvres.

- C'est là que tu te caches ! Ça fait une heure que tu es rentrée pour, soi-disant, te changer, je commençais à m'inquiéter.

Je ris et avance vers lui.

- Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas revenue que j'ai finis par me perdre au premier étage, ironisé-je.

Mon père roule des yeux et me prend dans ses bras.

- Bon sang ce que c'est bon de te revoir, chérie, s'exclame-t-il, en maintenant son étreinte plus fort. Je pense que je ne vais pas pouvoir te laisser repartir pour New-York.

Un rire m'échappe, mais au fond, une part de moi aimerait aussi rester ici, à ses côtés.

- Ne dis pas de sottises, papa, je ne pars pas pour l'éternité ! Mais, je regrette qu'on ait à se revoir dans de telles circonstances...

Le regard que mon père me lance en dit long. Il hoche tristement la tête avant de soupirer.

- Malheureusement, ce sont les aléas de la vie, Liv', émet-il dans un souffle. Tu ne sais pas quand ça arrive, mais il faut être prêt à affronter ces épreuves.

Je souris amèrement et acquiesce.

- Que s'est-il passé, papa ? Je veux dire... dans les détails.

Mon père inspire et expire longuement. Ses bras se desserrent. Nous rétablissons une distance entre nous.

- Quand tu es partie, commence-t-il, je savais que tu avais laissé des tas de gens derrière toi. Et Mme O'burn faisait partie du lot... Pour une raison que j'ignore, tu as toujours porté un intérêt à cette vieille dame, qu'elle te rejette ou non. Alors, parfois, j'allais lui apporter quelques paniers repas, histoire de voir si tout allait bien, et si elle s'en sortait. Sa nièce, une fille aux cheveux violets, lui rendait souvent visite les après-midi, ce qui me rassurait. Et puis, un jour, un camion d'ambulance s'est pointé devant chez Mme O'burn, et sa nièce en est sortie, l'air complètement dévastée. Il ne m'a pas fallu une seconde de plus pour comprendre.

Kiss Me Never - Tome 2 Where stories live. Discover now